...

11 0 0
                                    

Un. Deux. Trois. Quatre.


Le trouble.

Le rien.

Le vide.

Le flou.

Voilà ce qu'était ma prétendue «réalité»: une immense fumée, 

un piège tremblant simultanément en quatre temps, sans savoir pourquoi ou comment, 

un piège désespérant tandis que j'attendais, incessamment, en permanence, de pouvoir avoir une emprise sur mon existence.

J'étais coincée dans ce trou de verre, qui me montrait la sortie, qui me montrait « ma vie » et toutes ses possibilités, sans jamais me laisser traverser, sans jamais me laisser connaître.

J'étais le spectateur de la vision d'une vie non choisie qu'on me forçait à observer et à accepter.

J'étais comme un fantôme qui glissait, errait, volait, sur Terre. Sauf que cette Terre n'était pas la mienne. Elle m'était inconnue, comme toutes ces choses que j'avais vues, entendues, touchées, pleurées, détestées ou aimées. Elle m'était éloignée, à une distance invisible, impalpable, mais implacable, inatteignable, comme si j'étais condamnée à observer mes jours à travers une serrure dont je n'avais pas la clé ... dont je ne l'aurais jamais .

J'étais prisonnière, contrainte de moins exister, vivre ou non vivre en repli, en retrait, avec ce sentiment continuel et permanent d'être à la fois: loin mais proche. Présente mais absente. Familière mais étrangère. Morte mais vivante. Inerte mais animée.

Toutes mes pensées, toutes mes impressions, tous mes états d'âme, je les avais sans les avoir, les sentais sans les sentir. Même mes souffrances étaient finalement pas miennes.

Tout était extérieur, flou, loin, inexistant.

Même moi.

Surtout moi.

Le RêveWhere stories live. Discover now