Chapitre 8

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J'ouvris les yeux brutalement, haletante. Je regardai de droite à gauche. Impossible de voir où j'étais. Une vitre de verre me recouvrant de tout mon long me barrait la vue. J'étais piégée dans une sorte de caisson. Je ne savais pas ce que c'était exactement, et, je n'avais pas envie de le savoir.

Bizarrement, je n'sentais plus aucun morceau de verre dans mon poing, et plus aucune larme sur mes joues. C'était comme si tout ce que je venais de vivre était en réalité un rêve...

Si seulement...

Mes mains n'étaient pas attachées. A quoi bon m'enfermer si je pouvais sortir quand je le voulais ? Admettons qu'un bouton n'existait pas, ça n'aurait même pas été grave, y avait qu'une simple paroi en verre... ça aurait fait mal de la briser, c'est vrai... Mais c'est vrai aussi que ça aurait été tellement facile de le faire.

Mes mouvements n'étaient pas contenus par quoi que ce soit, et un bouton était en évidence. Que demander de plus ? J'appuyai sur l'interrupteur de couleur rouge, qui retira automatiquement la paroi de verre, et enlevai différents câbles et fils auxquels j'étais reliée.

Je me redressai et sortis du « caisson ». Tout autour de moi était blanc et la pièce était remplie d'autres « caissons ». Je ne m'étais jamais trouvée très perspicace, mais là, à mon avis, même si je l'avais été, ça n'aurait rien changé au fait que tout ça était incompréhensible.

Dans tous ces caissons étaient piégés des jeunes : des bambins, des enfants, des adolescents... Ils étaient tous vêtus d'une même combinaison blanche et tous reliés aux mêmes machines étranges. Ils étaient tous en train de dormir, et les expressions se lisant sur leur visage montraient qu'ils étaient tous en train de rêver.

Je ne le sentais pas. Cet endroit était étrange... Je devais sortir d'ici.

Je m'évadai de cette pièce malsaine en galopant aussi vite que je le pouvais. Ouais, « galopant » est le terme parfait. Je devais avoir l'air d'un cheval complètement détraqué... Mais j'espérais vraiment être le cheval qui retrouvait toujours le chemin de la maison.

J'avais la respiration toujours aussi saccadée tant j'angoissais, j'avais les paupières qui certaines fois se fermaient toutes seules tant j'étais prise de vertiges et de fatigue, j'avais probablement de la fièvre aussi... J'avais les jambes qui me faisaient mal tant j'étais engourdie, comme si je n'avais jamais réellement couru avant, comme si je courais pour la toute première fois.

Je ne savais pas où j'allais, je ne regardais même pas les décors qui m'entouraient ni les couloirs que j'empruntais... Non, ça avait aucune importance tout ça... La seule chose qui en avait à mes yeux à ce moment-là, c'était de courir.

Mes yeux se fermèrent une énième fois, et lorsque je les forçai à se rouvrir... Je sus que j'étais vraiment devenue complètement tarée.

Je la voyais à présent, là, devant moi, si près que je pouvais la toucher, si près que j'avais pu la sentir lorsqu'elle m'avait percutée. Ouais, c'était elle. Mais c'était impossible parce qu'elle était morte. Tout me revint aussitôt dans un flash : Christie, la piscine, et son corps flottant à la surface de l'eau. Elle était morte, et j'avais vu son cadavre... et j'avais vu ses funérailles... et j'avais vu ses parents pleurer... et je m'étais vue pleurer ! J'avais vu tout ça, je ne l'avais pas imaginé ! Et pourtant, pourtant, je la voyais maintenant, comme si ce que mes yeux avaient capturé auparavant n'avait plus aucune importance. Je la voyais maintenant, je voyais le marron de ses yeux et je voyais ce visage qui était pour moi devenu le masque de la souffrance. Je voyais, mais... ce que je voyais... c'était forcément faux. C'était forcément un cauchemar. Et si c'en était pas un, alors j'avais perdu la seule chose qui me restait : la Raison.

Le RêveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant