Chapitre 10

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Dring. Dring.

Il était huit heures.

Putain. Ça faisait à peine vingt-quatre heures. Moi qui avais l'impression d'être dans ce monde depuis une éternité... Bah non, Liny : juste depuis une journée.

Je me levai de mon lit, chancelante, et baillai. Je n'avais pas dormi de la nuit, je n'avais tout simplement pas pu : trop de choses à mettre en ordre, trop de choses à penser et trop de choses sur lesquelles j'avais dû réfléchir.

J'avais pensé à aller au rêvoir et parler avec ma MC, mais il était fermé alors... Je n'avais pas pu avoir de contact avec mes illusions depuis mon réveil. Ouais : « mes illusions ». J'avais décidé d'appeler « mes amis » et « ma famille » comme ça pour bien me rappeler que ce que je vivais était faux. C'était juste un rêve, et maintenant que je le savais, il ne fallait pas que je commence à y croire. Déjà que tout ça, à la base, c'était dans ma tête, si en plus je devenais certaine que mes inventions n'en étaient pas, alors là, ça signalait que j'étais vraiment tarée. Et, je voulais garder le peu de raison qui me restait pour survivre à cette folie, parce que sinon j'allais littéralement crever sur place.

J'enfilai un débardeur blanc, un jean blanc et des bottines blanches – à savoir que tout ce qu'y avait dans ma penderie était blanc. Je ne savais pas ce que les gérants avaient exactement avec cette couleur, mais voir tout le monde se trimbaler avec était perturbant... Et voir Maddison, le Diable incarné, se trimbaler aussi avec du blanc, couleur de pureté, couleur d'innocence, l'était encore plus.

« En parlant de Maddison... Elle est où ? » pensai-je tout de suite car je ne l'avais pas vue de la nuit et, même si ça m'arrangeait, j'me posais forcément des questions.

Je me fis un chignon vite fait et quittai ma chambre avant de la fermer à clé. Si Maddison n'avait pas de double, c'était tant-pis, pas mon problème. J'étais peut-être une connasse, mais la fausse vie que j'avais eu m'avait appris que les connasses s'en sortaient généralement toujours mieux que les gentilles alors... en être une certaines fois ne me posait pas tant de problèmes que ça.

Pour me rendre au réfectoire, en passant devant le dortoir des garçons, une chambre s'ouvrit soudainement, et Maddison en sortit, toute souriante.

« Ah. OK. J'en connais une qui a passé la nuit avec Gavin », compris-je intérieurement.

Ça me répugnait tellement.

Le sourire de la brune s'effaça aussitôt en me voyant. Elle me toisa du regard et passa son chemin tandis que je soupirais et continuais ma route.

Pour le petit-déjeuner, les cantinières avaient préparé une sorte de buffet – ce qui, même si je détestais cet endroit, était plutôt pratique. Alors je pris sur mon plateau des céréales au chocolat, et... et ce fut tout.

Christie était en train de boire un thé aux fruits rouges, accompagné d'un morceau de pain recouvert de confiture, et en face d'elle, MC se gavait de pains au chocolat et de croissants qu'elle faisait tremper dans du lait. A cette vue, je n'pus m'empêcher d'esquisser un sourire car le contraste était assez drôle. Je m'assis, sans réfléchir, instinctivement, à côté de celle qui, dans mon rêve, était ma meilleure amie. D'ailleurs, cette couleur de cheveux violet pastel lui allait terriblement bien.

« Bonjour, Liny ! me salua joyeusement Christie.

Salut, dis-je à mon tour en lui adressant un léger et pauvre sourire en raison de la nuit que j'avais passée.

Fais gaffe, Christie, Liny ressemble à un zombie et je voudrais pas qu'elle te morde... dit MC, toujours aussi rieuse, sa finesse n'ayant apparemment pas changé.

Le RêveWhere stories live. Discover now