The Old Manor (L.S)

INTERLUDE 2 - L'OMBRE DU DESTIN

Plus claire la lumière, plus sombre l'obscurité... Il est impossible d'apprécier correctement la lumière sans connaître les ténèbres.

Jean-Paul Sartre

Brentwood manor – Janvier 1817

Bureau de Henry Style

Harry installé devant le bureau de son père regarde avec nostalgie le portrait de lui et de sa sœur trônant au-dessus de l'âtre dans lequel une buche se consume, diffusant une douce chaleur, nécessaire en cet hiver rigoureux.

Malgré tout, son cœur et froid et il se sent vide.

Il n'arrive toujours pas à réaliser qu'il ne les reverra plus.

Comment accepter d'être seul au monde ?

Comment réussir à avancer dans la vie sans la douceur et l'écoute attentive et chaleureuse de sa mère ?

Comment garder la joie de vivre sans les chamailleries et les moqueries incessantes d'une sœur qui lui a néanmoins toujours apporté un soutien sans faille ?

Comment faire pour gérer le patrimoine des Style sans les judicieux conseils de son père ?

Il est sorti de sa contemplation par des coups frappés à sa porte.

- Oui ? répond-il .

- Je vous prie de m'excuser monsieur mais il est ici dit Léonard, le vieux majordome.

- Bien, conduisez-le à moi dit Harry.

Quelques instants après, un homme au visage buriné, d'une carrure impressionnante malgré une bonne cinquantaine d'année, drapée d'une tunique en laine épaisse, pénètre dans la pièce.

- Bonjour mon garçon, j'ai fait aussi vite que j'ai pu dès que j'ai appris la nouvelle dit l'homme en prenant Harry dans ses bras.

- Bonjour maître répond-il en baissant la tête en signe de respect.

- Pas de ça ici, nous ne sommes pas à la loge. Je suis venu en tant qu'Efe, grand ami de ton père et Arslan m'a accompagné lui précise l'homme.

- Merci pour votre présence, cela me touche beaucoup, d'autant que le trajet n'a pas dû être facile par les temps qu'il fait soupire Harry.

- Dison que la mer était légèrement démontée ce qui a retardé notre arrivée, mais ne te préoccupe pas de cela mon garçon dit Efe.

- Dis-moi, t'en sorts-tu avec la multitude de charges qui t'incombent ? s'inquiète-t-il.

- Je suppose que ton père avait laissé ses papiers en ordre...reprend-il tristement le dos soudain légèrement vouté à l'évocation de son ami de toujours.

- Oui, cela faisait déjà quelques temps que j'assurai la gestion du manoir et de nos activités, il ne se consacrait plus qu'à l'Ordre confirme le jeune homme.

- Et puis la famille Norton m'est d'un grand soutient rajoute-t-il.

- Bien approuve-t-il en hochant la tête.

- A-t-on plus de détails au sujet de l'accident ? s'enquière-t-il.

- Pas vraiment mais c'est étrange... dit Harry hésitant.

- Que veux-tu dire par là ? demande Efe.

- Eh bien, la route empruntée par la calèche n'était pas des plus dangereuse et le temps était clair, on n'explique pas non plus comment les chevaux ont pu s'emballer comme cela et surtout s'élancer vers le ravin qui n'était d'ailleurs pas tout prêt. Ensuite...