CHAPITRE 12 - Armés de patience

Începe de la început
                                    

Mes joues devinrent littéralement pivoines, et je craignis pendant une seconde qu'elle ne commence à me poser des questions. Impossible qu'elle n'ait pas senti mon cœur tripler de cadence... Mais, contre toute attente, elle ne dit rien, me faisant mesurer davantage à quel point ma Xemehys était mal. Mon cœur s'alourdit un peu plus, et je préférai soudain répondre à mille interrogations embarrassantes plutôt que de continuer de croiser ses petits yeux tristes.

Un battement d'ailes se fit entendre au-dessus de nous, et l'on releva à l'unisson la tête. Qui aurait cru que le sujet même de notre conversation se manifesterait à ce moment précis ? Le hasard fait bien — ou mal, en l'occurrence — les choses. À peine son regard rencontra le mien que je me sentis frémir, mon estomac se tordant d'appréhension et mes joues devenant rouge écarlate. Qu'est-ce qui m'arrivait ? Je n'étais pas en train de tomber amoureuse, quand même ? Non, c'était impossible. Je ne connaissais pas assez bien Elyon, et il ne me connaissait pas non plus. Quand il me voyait, il semblait sur le point de s'en aller une fois sur deux ; c'était tout bonnement impensable.

Elyon, avec une allure angélique pleine d'assurance accentuée par son armure et ses ailes, posa pieds à terre. S'il avait ressenti une quelconque peur la veille, elle n'était plus qu'un mauvais souvenir. Son visage était fermé, mais je sentis sans réellement savoir comment qu'une certaine tristesse habitait le fond de ses prunelles.

— Nous sommes dans le Royaume de Frondor, à une soixantaine de kilomètres d'un petit village nommé Tevil.

— En plein Bois d'Émeraude... Sur le territoire des Elfes, soupira Xerys. Super.

— Se rendre à Tevil est trop risqué, d'autant plus qu'Archaos ou ses sbires doivent encore traîner dans les environs... Même si cela me fait mal de l'admettre, Archaos est loin d'être bête et il se doute bien que nous rejoindrons le village le plus proche dès que possible.

Un silence s'installa, chacun réfléchissant à nos options. Je fus la première à reprendre la parole.

— Ta reine a répondu ?

Elyon releva vivement la tête, et cette fois il n'eut pas le choix : son regard percuta le mien. Mon cœur fit un bond, mais lui resta stoïque. Une petite déception naquit en moi, et je me sentis soudainement totalement ridicule. Qu'est-ce que j'espérais ? Que nos yeux allaient se croiser et que le temps allait se figer, comme dans ces contes de fées absurdes ? Et pourtant, il m'avait tenu dans ses bras toute la nuit, et j'avoue avoir souhaité très fort que ce ne soit pas que pour me réchauffer. Et si je m'étais trompée ? Je m'appliquai à rendre mon visage neutre. Cela suffisait, il fallait que j'arrête, toute cette histoire commençait à devenir du n'importe quoi.

— La Reine Kalyra ne répond jamais.

Sa réplique me laissa perplexe. Je m'apprêtai à protester, quand il ajouta :

— Elle agit.

Cela ne répondait en rien à notre principale question : qu'est-ce qu'on fait ?

— On est censées prendre racine tranquillement ici, à attendre les renforts ?

Xerys venait de formuler tout haut ma pensée.

— C'est ça le plan. S'exposer serait prendre trop de risques et je ne veux pas qu'il vous arrive quelque chose. La forêt est dangereuse, mais au moins, il sera difficile de nous trouver.

Notre discussion de la veille me revint en mémoire.

— J'aimerais que tu arrêtes de faire comme si je n'avais jamais touché à une épée de ma vie, Elyon, s'exaspéra Xerys. Je sais me battre.

La Gardienne des Légendes ✷ Tome I. La Relève [REPENSÉ & RÉÉCRIT]Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum