Chapitre 13

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La Dame Lune et ses chansons me reviennent en mémoire par flash. Des airs fredonnés entre rires et sourires entre elles deux, ma tante et ma maman, moi dansant faisant le « spect'cle » comme je le disais alors. Comment avais-je peu oublié ces moments joyeux, car purs et enfantins ? Je suis soufflé, silencieux. Chose rare chez moi. Je suis sous le choc, je pensais n'en avoir jamais de complicité avec ma famille dans mon enfance. Et pourtant ? Je frotte mes yeux, mes larmes ne sont pas pour maintenant.

— Ma Dame Lune, soufflé-je une nouvelle fois ému.

— Oui et tu seras toujours mon PEM ! bafouille-t-elle sous le même coup l'émotion.

Comment ma tante connaissait-elle mon surnom ? Maman lui avait dit ? Katy m'avait-elle donné celui ? Ce n'était pas mon esprit qu'il l'avait créée ? J'avais un doute. Pas de mots, mais un simple regard interrogateur vers elle, et j'obtiens ma réponse sans la demander.

— Je t'appelais comme ça, car franchement j'avais du mal à dire ton prénom... Pierre, ça va. Emma-nuel aussi... Enfin à peu près, ajouta-t-elle en me souriant pour s'excuser de sa légère hésitation. Mais les deux non quoi... Im... Impo... Impossible à dire pour moi. Je butais dessus tout le temps. Et... Et puis c'était si loin de toi. Trop long... Trop sérieux pour un petit ange comme toi. Alors je t'ai appelé PEM, tes initiales tous simplement ! J'étais heureuse quand j'ai vu que l'avait adopté à ton arrivée à Paris et pour signer ton art.

Comment sait-elle des choses de ma vie actuelle ? Maman encore une fois ? Une question de plus sur la longue liste de celles que j'avais à lui poser quand je la reverrais.

— Comment ? l'interrogé-je.

— Bien avant que tu quittes ta maison... J'avais régulièrement des photos, des vidéos quand Clo venait. On a toujours parlé d'elle, mais surtout sa famille à chacune de ses visites, de ces coups de fil. Après qu'il...

Elle s'arrête brusquement, enserre ses doigts sur ses cuisses froissant l'impeccable tissu de son pantalon noir. Je comprends qu'elle tente de réguler sa colère qui monte en elle. Mon père est un de nos points faibles communs, il semble. On ne l'apprécie pas et il suffit de penser à lui et ses exactions pour être sur les nerfs. J'attends qu'elle se calme, la soutiens en lui souriant tout en sirotant mon café. Nous avons le temps.

— Après...

— Après mon éviction... proposé-je timidement.

Katy hoche la tête et se reprend.

— Clo a toujours réussi à te suivre à distance. Elle a continué à me parler de toi, à me montrer des photos de toi. Parfois, on t'observait de loin... mais on a arrêté, car ça lui brisait le cœur. Alors elle s'est contentée de ce que tu publiais sur les réseaux sociaux, comme tes dessins. Je n'y comprenais pas grand-chose à « Fraisebook » et « Stingram ». Alors, j'ai suivi des cours. Et je le fais toute seule maintenant. Je sais plein de choses, tu sais. Tes études, ton travail, où tu vis. Tu habites dans le même immeuble qu'Anna par exemple.

Le sourire procuré par les mots écorchés disparaît quand après une seconde je réalise qu'elle parle de la fille de ma voisine. Encore et toujours des questions pour Maman, la liste s'allonge de minute en minute. A-t-elle influencé ma vie, en restant dans les coulisses ? J'en suis presque sûr et certain maintenant.

— Tu connais Anna, alors ? l'interrogé-je.

— Oui, on participe à des ateliers de tricot que donne sa maman.

Je suis surpris, mais ne reste rien paraître.

— Je pourrais te faire une écharpe si tu veux. Tu veux quelle couleur ? Pas de gris ni de noir, c'est trop triste. Du bleu, ou du vert. J'en ai fait une Arc-en-ciel... Ça te plairait ?

En toute franchise [MxM]Where stories live. Discover now