Chapitre 4

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Le soleil vaillant brille fort dans la chambre, il est plus que l'heure de se lever. J'ouvre les yeux, pensant me trouver face à un sourire magnifique ou un bel endormi. Rien, l'autre côté du lit est vide. Je tends les doigts, je ne rêve pas. C'est frais, trop, la chaleur de son corps s'est déjà dissipée.

Je ne sais pas jusqu'à quelle heure tardive de la nuit nous avons parlé. De moi, de lui, de sa curiosité, de ses études de psychologie, de son travail de policier qui n'était pas ce qu'il attendait, mais qu'il aime malgré tout. Cette nuit n'avait pas été celle que j'espérais, mais bien plus encore. Pas de sexe, juste une belle preuve... d'amour.

Être seul me fout le cafard dans ma chambre. J'aurais aimé prolonger mon état de bien-être par un câlin. Je saute hors du lit, je file. Je veux Thomas, c'est viscéral ! J'espère qu'il n'est pas déjà parti. J'ai un beau projet pour nous deux. Je lui ai confié mon cœur, je dois lui offrir mon corps pour compléter ce don que je lui ai fait il y a quelques heures.

Je suis soulagé à la vision qui s'offre à moi. Dans ma petite cuisine, un homme brun presque nu prépare le repas, fier comme un paon avec son tablier blanc révélant ses fesses trop claires.

J'apprécie le charmant spectacle de ce petit cul qui se meut en cuisinant pour nous deux. Je souris en l'entendant en reprenant la chanson de Mika que diffuse son téléphone timidement. LoveToday est un peu massacré, mais le cœur y est. J'en salive d'avance de l'aimer aujourd'hui. Je n'ai qu'une hâte : retourner sous la couette avec Thomas. Mais mon ventre gronde violemment d'impatience. Résultat fin du spectacle côté dos, début de la version de face. C'est encore mieux. Le haut du tablier moule ses pectoraux... Comment est-ce possible d'être aussi sexy avec ça sur le dos ? J'ai l'impression d'être comme le loup de Tex Avery. Les yeux exorbités, la langue pendant devant le beau petit lot qu'est mon policier au grand cœur.

— Bonjour, prêt pour bien commencer la journée ?

Oh que oui ! Ses yeux verts parcourent mon corps, descend de mon visage vers... Je suis plus que prêt ! Mon sexe affiche haut mon désir.

— J'ai faim... de toi ! dis-je franchement

Plus de mots, c'est le moment des actes ! Un pas, puis deux l'un vers lui. Je me jette sur lui. Tout le reste peut attendre. Un baiser, plein d'autres... des caresses, des dizaines, des êtres se frôlent et s'affolent. Voilà on y est à ce moment qu'on réclamait à corps à cris.

Chute maîtrisée sur le canapé, le lit est trop loin pour cet appel urgent. C'est vital et fatal. La fusion est pour maintenant pas le temps d'attendre. Le tablier se déchire sous mes assauts, je dois sentir sa peau, sa musculature contre moi sans barrière. Tout se précipite avec la montée de la fièvre, nos gestes, nos échanges, nos sons. Oh ! J'aime cette musique sensuelle qui gomme les bruits atones de qui nous entoure. Adieux la playlist en sourdine ! Bye-bye lointains klaxons des voitures, moteurs rugissants des motos ! Vive ces halètements obscènes, ces gémissements, ces cris retenus !

Elle s'affiche devant moi, pleine et victorieuse, magnifique et tentatrice. Thomas m'avait prévenu, mais c'est... comment dire ? Tellement plus et mieux. Rien à faire, j'ai besoin de la goûter de la savourer, avec d'être consommé à mon tour. Je crie grâce, je bafouille mon envie... « Je veux » ne sortent pas. Les mots ne m'échappent plus, ils m'évitent.

Heureusement pour moi, mon amant comprend et continue. Je prends tout. Je couine sur le moment, mais je l'accepte, je m'adapte. 20 cm de pur bonheur. C'est trop bon, j'approuve. J'en réclame toujours plus, car c'est mon homme, qui me fait basculer vers ce précipice de plaisir.

Là, j'y suis presque. Montée de cadence, Thomas me rend fou... Je suis au bord. J'étoffe son prénom contre sa bouche. Plongeon dans l'extase, entraîné dans ma chute par un coup de reins fatidique.

Mon ventre qui gargouille, me tire de mon état somnolant post-béatitude. Rappel à l'ordre de la nature. Aucune discrétion ! Je regarde mon ventre, il est propre. Honte à moi ! J'ai laissé Thomas tout gérer quand je planais après le meilleur orgasme de ma vie. Là, mon côté maniaque pourrait ressortir. J'ai presque envie de râler à la vue des mouchoirs froissés jetés par terre au milieu du salon. Finalement, j'y renonce, je suis trop heureux.

— C'est bon les hommes de Morteau. Y a comme un goût de revient, dis-je en me pelotonnant contre lui tel un chaton contre sa mère.

Ce coup-ci, c'est son estomac qui se révolte. On s'interroge d'un regard, on se motive silencieuse.

— Le dernier à la table fait la vaisselle !

Je file vers la cuisine tout en riant de ma blague.

Il me rattrape au passage du coin-bar, m'attrape, m'assoit dessus en s'éclaffant avant de s'installer sur la chaise.

— Une règle pour bien vivre avec moi question cuisine à l'avenir ! Je prépare, on mange, tu nettoies.

Il se projette, j'aime !

La lumière décline, la nuit arrive et je n'en reviens pas. J'ai vécu une journée idéale de couple. Pas ces rêves bleus que nous vantent Disney ou les livres. Pas de prince charmant milliardaire, de jardinier sexy comme nous les vendent dans certains films ou séries télévisées. Non, juste ce bonheur ordinaire plein de petites choses futiles et utiles, fait de quotidien, de gestes tendres, de moment de complicités, de rire et sourire partagés. Je savais que ça existait pour l'avoir vu chez les autres, mais je ne l'avais jamais expérimenté. Et je dois dire c'est bon. La passion c'est super ! Faut l'avouer aussi, mais ça m'a toujours laissé un goût d'éphémère. C'est comme les bijoux en toc, ça brille, c'est rutilant, mais finalement ça s'use et on s'en lasse vite. Là, j'ai l'impression de démarrer quelque chose de solide ! Peut-être les bases d'une vraie histoire, de celle qui rime avec toujours ?

Oh PEM ! Qu'est-ce qui t'arrive ? Je le connais depuis à peine un mois ? C'est suffisant pour espérer plus ?

Et si lui ne désirait pas la même chose ? La musique classique qui sort de l'ampli ne m'apaise pas, elle accentue juste ma mélancolie. Elle m'évoque les longs débuts de soirée familiale du dimanche, près du feu, pourtant si froides. Revoir mon frère m'a plus bousculé que je ne le croyais, je doute à nouveau, mon passé me revient en pleine face.

Les si se bousculent en moi alors que Thomas termine de ranger des papiers qui traînent sur la table basse, impassible, il ne réalise pas mon mal-être. Je ferme les yeux quelques instants pour ne pas être submergé. Le pire s'impose à moi. Je me prends une claque de doute derrière la tête. Putain de rappel à l'ordre à mes fantasmes. Respire PEM ! Calme-toi ! Quel beau bordel dans mon cerveau maintenant ! Un monstrueux mélange hétéroclite de belles petites choses, d'une grande aventure amoureuse, de poussières de peur, de toiles d'angoisse, une trace d'un parfum bonheur, des fenêtres sur des peut-être, et un tas branlant de futurs radieux. Je n'aimerais ne pas y voir le vieux grenier chaotique de ma maison d'enfance qui m'effrayant tant. Je rêvais de le ranger mes méninges en un ensemble structuré et apaisant comme mon appartement avec ses lignes épurées. Je veux y voir clair !

Nouvelle exhortation au calme, je ne peux pas réfléchir ainsi. Inspirations après expirations, le stress s'efface doucement. Ça me démange dans les doigts, je sais ce qu'il faut faire, des crayons, mes feuilles blanches pour évacuer le problème sur le papier. La dernière fois, cela avait marché. Je souris avant d'ouvrir les yeux.

En toute franchise [MxM]Where stories live. Discover now