Chasing Demon

Chapitre 7

Yeux dans les yeux, chacun observe l'autre. Un silence presque pesant nous enveloppe alors aucun de nous ne baisse le regard. Je ne sais pas si la fatigue accumulée ou la faim qui me fait prendre confiance en moi de cette façon. Mais tout ce que je sais, c'est qu'en cet instant, il m'est impensable de me laisser faire de cette façon.

Puérilement, j'hésite même à cligner des yeux. Après un visionnage cinématographique intensif, si j'en ai bien appris quelque chose, c'est que durant une bataille de regard, le premier qui cligne des yeux a perdu.

Aujourd'hui, ce ne sera pas moi.

Malheureusement, mon adversaire a l'air beaucoup plus maître en la matière que moi. Avachi sur sa chaise, la tête penchée sur le côté, il m'observe toujours attentivement. Après quelques minutes, aucun de nous n'a changé de position ou n'a prononcé un seul mot. À l'origine pesante, le silence devient rassurant. Je me dis que tant qu'aucun mot ne sort de sa bouche, je suis encore en sécurité. Je ne sais absolument pas ce qu'il attend de moi. Et par-dessus tout, je ne sais absolument pas si je serais en mesure d'accomplir ce qu'il me demande.

Mais que m'arrivera-t-il si je ne rembourse pas ma dette?

Perdu dans le fil de mes pensées, je n'ai même pas remarqué qu'Ash s'est levé de sa place. Posté devant moi, il me domine de toute sa hauteur tandis qu'assise sur le sol, je me sens vulnérable.

Glissant sa main dans sa poche, il ne tarde pas à en faire sortir un trousseau de clés. D'un mouvement précis, il trouve sa clé correspondante et l'enfonce dans la serrure des menottes. En quelques secondes, je suis libéré. Une sensation de froid fouette la peau de mon poignet avant que ma seconde main vienne s'envelopper autour de celui-ci. Une chaleur réconfortante soulage ma peau meurtrie.

D'un mouvement de tête, Ash m'indique de me lever. Mes mains collés contre ma poitrine, je secoue négativement la tête pour lui faire comprendre que je ne bougerais pas de ma place.

— Comment ça « non » ?, demande-t-il d'un air faussement outré avant de reprendre : Comme si tu avais le moindre choix. Bouge ton cul de ta place et dépêches-toi avant que je m'énerve.

D'abord réticente, je finis finalement par me lever après avoir pensé à tous les sens cachés derrière sa dernière phrase.

Arquant un sourcil, ses lèvres se pincent entre elles alors qu'il hoche légèrement la tête en s'avançant d'un pas vers moi.

— Tu vois quand tu veux, princesse.

Son corps est si près du mien que son souffle vient s'abattre contre mon visage. Je sens le rouge me monter aux joues, mal à l'aise par cette soudaine proximité entre nous. Ses doigts glissent le long de mon visage, dessinant le contour de ma mâchoire crispée par l'anxiété. Attrapant délicatement une mèche qui s'est échappé de mon chignon, ses doigts viennent la ramener derrière mon oreille. Son soudain contact me fait déglutir.

— C'est mieux comme ça.

La noirceur de ses yeux contraste avec la douceur encore inconnue de sa voix prononçant ses mots.

Fronçant soudainement les sourcils, il s'empresse de faire un pas en arrière pour remettre de la distance entre nous. Tournant les talons, il s'éloigne jusqu'à atteindre une cuisine. Le dos toujours collé contre le mur, je me contente d'observer la pièce.

Dorénavant debout, je découvre la pièce dans son intégralité, ce que je ne pouvais pas faire assise car rapidement ma vue était fossé par un meuble se trouvant sur mon axe de vision. Un grand canapé est placé devant les baies vitrées, donnant une vue imprenable sur l'extérieur. À côté de celui-ci setrouve un fauteuil en cuir brun sur lequel les marques d'usures striées le cuir de part et d'autres. De l'autre côté se trouve une longue table à manger bordé d'une dizaine de chaises. Au fond de la pièce se trouve une cuisine ouverte. Ses meubles modernes noirs contrastent avec le blanc immaculé des murs.