Chapitre 3

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Un bruit de coup de feu retentit, me sortant brusquement de mon sommeil. Puis, un second s'ensuit ce qui me fait me redresser dans un sursaut. Ce genre de nuisance sonore est récurrent dans cette partie de la ville. Mais même avec les mois qui passent, je ne m'y habitue toujours pas.

Mes bras tendus vers le ciel, je m'étire en baillant avant d'attraper mon téléphone qui trône sur ma table de nuit. En allumant l'écran, je constate que mon réveil devait sonner dans une quinzaine de minutes. Aucun intérêt de me rendormir maintenant alors je décide de me lever. Je devrais déjà m'estimer heureuse d'avoir réussi à dormir après les évènements de la veille.

Après être filé à la douche, j'enfile un jean accompagné d'un gros pull et d'une paire de bottines doublées pour garder mes chevilles au chaud, ainsi éviter que mes muscles se refroidissent trop et que je me blesse durant mes entraînements de la journée. Je tire mes cheveux pour les coiffer en un chignon très serré. En voyant les minutes qui défilent à une vitesse folle, je m'empresse d'attraper mon sac et de me mettre en route pour l'école.

Immédiatement soulagée de ne pas être arrivée en retard, je traverse le majestueux hall de la Noureev School en prenant la direction des vestiaires. En passant les portes du vestiaire, je vois Naomie se battre pour faire rentrer toutes ses affaires dans son casier. Je ris à la vue de cette scène en ouvrant mon casier.

— Mais tu vas rentrer putain !

Son énervement ne fait qu'accentuer mon éclat de rire.

Elle pousse de toutes ses forces et dès que tout le contenu est bien à l'intérieur, elle ferme brusquement la porte de son casier avant que quelque chose ne s'échappe. Elle appuie son dos contre cette dernière en soufflant.

— Les casiers ne sont vraiment plus ce qu'ils étaient, me moqué-je.

Son rire se mêle au mien. Après avoir troqué mes vêtements pour un académique noir, je m'installe sur un des bancs pour venir nouer mes chaussons plus facilement.

Tout au long de la journée, ce poids qui me martèle les épaules ne s'estompe pas. Les cours s'enchainent, m'empêchant par moments de trop penser. J'essaye de repousser des brides des évènements de la veille qui me reviennent parfois en tête.

Durant le cours de technique, Madame Garcia une série en ballotté se finissant en sissonne. Pour faire court, le ballotté est un saut sur place d'un pied sur l'autre allant d'avant en arrière tandis que la sissonne est un saut propulsé par deux pieds et un seul pied permet de se réceptionner. Ce sont des pas simples que j'ai effectué des centaines de fois.

Positionnant mes pieds en cinquième position, le talon avant contre la pointe du pied arrière et mes bras bien arrondis, formant un demi-cercle devant moi.

— Premier groupe en place, lança ma professeure en se dirigeant vers les enceintes.

Elle appuie sur un bouton et la musique ne prit pas longtemps avant de se diffuser la pièce. Nous attendons patiemment le signal de Madame Garcia avant de se lancer.

Tout en synchronisation, nous entamons les enchainements. Restant concentré sur ma posture, j'essaye au mieux de m'appliquer sur mes battements de jambes durant le ballotté.

Au bout de la deuxième série, mon esprit ne semble pas d'humeur à vouloir coopérer. Rapidement, des images d'hier soir défilent sous mes yeux. Des bruits de pas, des yeux sombres, un flingue sur la tempe. Je suffoque. Je n'arrive plus à respirer. À la réception la sissonne, mon chausson glisse sur le parquet ciré de la salle de danse et mon corps heurte brutalement le sol.

Les autres filles ainsi que ma professeure accourent vers moi pour voir si tout va bien. Aucun son de sort de ma bouche, trop honteuse d'avoir raté un enchainement aussi simple et de mettre laisser distraites par mes sombres pensées.

Chasing DemonWo Geschichten leben. Entdecke jetzt