Chapitre 6

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Recroquevillé dans un coin de la pièce, je laisse l'obscurité m'envelopper. Mon dos est collé à un mur de béton froid alors que mon esprit vagabonde à travers le silence de la pièce. Les seuls bruits qui se font entendre proviennent de mon estomac qui crie famine. Tant bien que mal, j'essaie de ne pas me laisser guider par la faim qui me m'envahie. Je lutte contre le sommeil pour ne pas sombrer par peur qu'il m'arrive quelque chose durant mon sommeil et que je ne puisse anticiper une défense.

J'ignore depuis combien de temps je suis dans cette pièce. Entre la faim et le sommeil, j'ai rapidement perdu le fil.

Mon regard est fixé sur un halo de lumière qui passe sous la porte, traversant la pièce pour venir s'écraser sur le mur qui se trouve en face de cette dernière.

Des bruits lourds et réguliers de pas se font entendre dans le couloir avant que ces bruits soient remplacés par le bruit d'une clef qui tourne dans la serrure. Le rouage de la porte se met à grincer avant que celle-ci ne s'ouvre subitement et ne vienne s'écraser sur le mur adjacent. Avant que je n'ai eu le temps de me remettre sur mes jambes, la lumière de la pièce se met à rayonner, m'aveuglant par la même occasion. Clignant plusieurs fois des yeux, mes rétines tentent de s'habituer à ce nouvel environnement après avoir passé plusieurs heures dans le noir.

Les bruits de pas se rapprochent. Rapidement, de puissantes mains m'enveloppent les bras, tirant dessus pour m'obliger à me lever. Leurs emprises sont si serrée qu'une douleur saillante commence à s'emparer de mes membres et ma peau se colore peu à peu d'une couleur rouge. Mes rétines s'étant habitué à la luminosité de la pièce, je peux enfin ouvrir les yeux pour voir qui m'entoure. Tournant la tête, mon regard rencontre celui de l'homme au crâne tatoué tandis que de l'autre côté, un homme aux cheveux blonds et aux épaules puissantes me maintient en place alors que j'essaie de me dégager de leur emprise. Voyant qu'ils ne lâchent pas prise, j'expire à bout de souffle.

Un raclement de gorge me fat brusquement relever la tête. Les bras croisés et serrés contre son buste, Ash me détaille de bas en haut avant de venir fixer son regard sur mon visage. Son regard est si sombre que j'ai l'impression qu'il traverse chaque pore de ma peau pour venir installer une peur atroce en moi.

Laissant ses bras retomber le long de son corps, il tourne les talons et s'engage dans le couloir. Les deux hommes ne perdent pas de temps et lui emboite le pas. Leurs forces sonttelle que mes pieds ne touchent même pas le sol. Capitulant, je les laisse me trainer. Qu'est-ce que je peux faire contre deux colosses de leur envergure de toute façon? Je ne vais pas aller loin avec mes bras aussi fins que des brindilles.

Mon regard vagabonde à travers le couloir. De massives portes en béton longent les murs tandis que de puissants spots illuminent les lieux. Mes yeux se reposent sur Ash. Dos à nous, il porte un tee-shirt noir qui laisse apparaître l'encre noire sur ses bras. Les muscles de son dos se contactent et se décontractent, mouvants au rythme de ses pas.

Sans prévenir, Ash s'arrête au milieu du couloir. Les hommes qui me maintiennent l'imitent sans poser de questions. Venant volt face, il me fait face et parcourt les quelques mètres qui nous séparent. Penchant la tête sur le côté, sa pulpe de son pouce vient caresser ma joue. Je tressaillis à ce toucher, sa peau est si froide sur la mienne. Le rouge que je sens me monter aux joues ne doit pas passer inaperçu voir le sourire narquois qui vient se loger aux coins de ses lèvres.

Sa langue vient lentement passer ses lèvres alors qu'il ne me quitte pas des yeux.

— Quel dommage de devoir cacher un aussi beau visage.

Lorsque ses mots me parviennent aux oreilles, il est déjà trop tard. Son doigt a quitté ma peau et l'image de son visage à céder place à l'obscurité. Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, un tissu foncé me recouvre le crâne. Rassemblant toutes mes forces, je tente de me débattre et de hurler dans l'espoir que quiconque pourrait me venir en aide. Mais rien. Il ne se passe rien. Si ce n'est que des doigts viennent m'encercler la mâchoire. Les doigts s'enfoncent dans ma peau, m'obligeant à me calmer. Le souffle court, je tente de garder mon calme. Mon souffle chaud ricoche sur le tissu pour revenir s'abattre sur mon visage. L'adrénaline laisse place à la peur et à la chaleur qui se disperse à travers mon corps.

Chasing DemonWhere stories live. Discover now