Chapitre 4

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Une douleur atroce tambourine contre mes tempes quand j'émerge enfin du sommeil. Le corps allongé à même le sol, je me redresse mais tous mes membres me font souffrir, m'arrachant alors une grimasse. Un son au fond de la pièce attire mon attention.

Assis avec nonchalance sur une chaise, le dos enfoncé dans le dossier, l'homme tatoué m'observe silencieusement. La fumée qu'émane de la cigarette qui est coincée entre ses lèvres me donne un haut-de-coeur. L'odeur de nicotine dès le réveil, c'est trop pour moi. Ma réaction semble l'amuser vu le sourire qui s'installe sur le coin de ses lèvres. 

— C'est pas trop tôt.

Sa voix est toujours aussi grave et autoritaire.

Observant autour de moi, je remarque que je me trouve dans une pièce démunie de toutes fenêtres. La seule lumière qui illumine la pièce est la pauvre ampoule qui pend du plafond. Le sol est en béton froid tandis que les murs qui cadrent la pièce sont humides et poisseux.

— Princesse n'aime pas sa loge?

Un frisson me parcourt la colonne vertébrale quand j'entends ses lèvres prononcées ce surnom. Venant de lui, cela ressemble plus à une insulte.

Pétrifié, je prends enfin conscience de sa question.

— Ma loge? demandé-je, la gorge nouée par l'angoisse.

Son dos se décolle du dossier de la chaise, laissant tomber son mégot sur le sol avant de venir l'écraser avec le bout de sa chaussure. Son dos se courbe lorsqu'il se penche en avant en nouant ses mains sur ses genoux.

— Tu ne sortiras pas d'ici tant que tu feras pas ce que je te demande.

Son regard me cloue sur place.

Il se lève de sa chaise et avance vers moi. Plus ses pas se rapprochent, plus je me traine vers l'arrière jusqu'à ce que mon dos heurte le mur derrière moi. Toujours assise, je replie les jambes contre ma poitrine. Comme si ses dernières pouvaient me servir de bouclier contre cet énergumène. Il se stoppe devant moi et se baisse pour être à ma hauteur. Mes yeux fixent instinctivement le sol pour ne pas à subir le poids de son regard.

— Regarde-moi.

Voyant que je ne coopère pas, ses doigts s'accrochent à mon menton pour venir le redresser violemment. Mes yeux s'écarquillent et mes lèvres se pincent. L'éclairage et notre proximité me laissent enfin la possibilité de découvrir ses tatouages. Une croix retournée est dessinée sous le coin de son oeil droit tandis qu'un lettrage en police gothique orne le haut gauche de son front, à la naissance de ses cheveux noirs. Je n'ai pas le temps de déchiffrer ce qui est écrit sur ce dernier que les doigts de mon ravisseur se plantent plus profondément dans ma peau, m'obligeant à le regarder.

— Ça va être simple. Tu vas enfiler une tenue et tu vas gentillemment aller bouger ton petit cul sur scène, c'est clair?

Comment ça il veut que je « bouge mon petit cul sur scène »?

— Mais... Je suis une ballerine, je ne sais pas danser comme vous le pensez..., tenté-je.

Son rire malsain s'abat sur mon visage. Ce son me fait déglutir.

— Écoute, c'est simple, je dois conclure une affaire importante ce soir. Les mecs en question ont besoin d'être distrait par une petite pute bien foutue pour pouvoir signer sans casser les couilles. Et ce soir, la petite pute en question, c'est toi.

Avant que je n'ai eu le temps de répondre quoi que ce soit, la porte s'ouvre à la volée. Un homme de grande taille aux épaules carrées et aux tatouages colorés dessinés à même son crâne rasé apparaît.

Chasing DemonWhere stories live. Discover now