(17) - Les survivants d'Auschwitz

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Juillet 1945, France

Assis avec inconfort sur la banquette du train, il observait avec une certaine nostalgie le paysage défilant devant ses yeux.

Il y a quelques années de cela, lorsqu'il était parti, il aurait juré être euphorique à l'idée de revenir ici, de retrouver les paysage ruraux, la vie, la France, la liberté.
Sans doute aurait il été le premier à se jeter, dans un champ de fleur, pour en humer les odeurs, celle de sa campagne bien aimée et du bonheur, là où il avait toujours vécu, grandi et été reconnu en tant qu'individu à part entière.

Et le voilà aujourd'hui, trois ans plus tard, comme tout droit ressorti des enfers.
Le paradis le laissait sans émotions, et au lieu de la joie escomptée, il n'y avait que l'angoisse et la tristesse.
C'était comme revenir en inconnu, sans plus avoir aucune identité, ni aucune idée de comment faire pour vivre à nouveau.

Y avait il seulement un livre pour vous apprendre à vivre après tout ce qu'il avait subi, lui, et les gens de son peuple ?

Mike en doutait.
La folie nazie avait tout brûlée. Il ignorait même par où commencer, tant il y avait de choses à reconstruire.

Retaper la maison de ses parents, peut être ? S'en tenir au plan de vie qu'il avait avant tout ça, d'épouser son amie d'enfance pour faire ensuite quelques gosses ?
Reprendre du poids lui semblait être plus prioritaire tout compte fait... Quoique... Se dégourdir les jambes et sortir enfin de ce foutu train lui semblait etre encore plus important.
Planifier les choses sur du long terme, lui semblait encore trop effrayant.

Le voyage était long depuis la Pologne où il avait séjourné.
Mais malgré son fessier engourdi par les cahus cahus du train, tremblant sur les rails à grande vitesse, Mike n'avait pas vraiment de quoi se plaindre.
Le retour était déjà plus plaisant que le départ.
Non... Loin de lui l'idée de repenser à cette foule compacte autour de lui, privée de lumière et d'un quelconque confort, sa mère en sanglots, plus qu'épuisée entre ses bras, en train de patauger au milieu de la merde et des cadavres..

Avec un peu plus de détachement intellectuel, Mike regardait le paysage défiler, sans pour autant y faire attention.
Des enfants... Cela faisait bien longtemps que cette idée ne lui était pas venue à l'esprit.
Dans les camps, les seuls qu'il voyait étaient ceux qui mourrait.
Dans les fosses, fusillés nus, dévetus de leur humanité, comme des animaux, par les allemands, se croyant supérieur simplement par leur putain de position géographique.
Juste parce qu'ils se situaient quelques mètres au dessus d'eux... Rien de plus.
Trop jeunes... Ils étaient tous bien trop jeune ! Qu'importe qu'ils soient homme, femme, enfant ou vieillard ! Ils étaient tous trop jeune...
Décidément jeunes, tous simplement rabaissé à un statut injustifié de juifs.
Pour une religion ?
Quelle blague.
Aucun ne méritait le sort qu'ils ont subit.

Même à Ackerman il ne le souhaitait pas !
Et pourtant dieu savait qu'il se rapprochait de ce qui pouvait être son pire ennemi, puisque c'était plus ou moins lui et sa bande qui l'avait conduit jusqu'à Auschwitz.
Les tortionnaires du camp, n'étaient pas trop mal placés non plus en réalité.
Bien qu'il aurait aimé leur foutre le nez dans la merde, pour qu'ils comprennent leurs foutaises, ou seulement à quel point ce qu'ils avaient fait était absolument abominable, Mike n'aurait jamais fait cela, même si on lui en laissait l'opportunité.

Le savait il seulement, cet imbécile de capitaine, où il les menait ?!
Ah ! Un bel enculé si il était au courant !
Cette crevure avait bien intérêt à ne pas avoir fait de mal à qui que ce soit pendant son absence, encore moins à son amie !

Livaï X Reader | L'absurdité de ce monde Όπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα