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            Avant, les repas étaient souvent joyeux, on parlait tous en même temps, on se régalait. Maman nous disputait parce qu'on parlait tous la bouche pleine, mais c'était plus pour la forme que pour autre chose. Il y avait de l'amour entre nous tous, on était solides, invincibles. On se moquait des familles qui ne tenaient pas.

Des fois Sym se lançait dans des discours passionnés sur un truc qui lui avait plu, et tout à coup on se taisait tous, on l'écoutait. Et moi ça m'éclatait d'applaudir à la fin.

- Vraiment quel orateur, tu devrais devenir Président !

- Non moi, je vais devenir poète !

- Un président poète, tu ferais frémir le peuple Sym.

- Juste un poète Chocky. Un poète qui mettra à terre les présidents avec ses mots.

Ça me faisait marrer. Mais en fait je le voyais bien poète.

Poète, musicien, écrivain, artiste. Un truc cool et qui sonnait comme un rêve.

Maintenant ? On est le genre de famille qui ne tient pas, il n'y a plus d'amour, il n'y a plus que des morceaux de souffrance qui s'entrechoquent.

Et Sym, il est dans les nuages et j'espère bien qu'il saoule les anges avec ses poèmes, qu'il les saoule tellement qu'ils vont nous le renvoyer à coup de pieds au derrière.

Qu'il va rentrer à la maison et nous déclamer « là haut c'était nul, me voilà de retour ».

Alors je serai content d'avoir continué à vivre. 

Le goût amer du chocolatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant