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            Elvis, lui, me demande si ça va. Mes parents ne l'ont pas mis au courant, mes parents ne savent même pas que je vais voir Elvis. Alors moi je lui dis.

- J'ai tenté de me suicider. Je me suis ouvert les veines. Mon père m'a sauvé la vie. Ma mère pense que j'ai fais ça à cause d'elle.

Il reste silencieux quelques secondes.

- Comment tu te sens maintenant ?

- Comment on doit se sentir après ça ?

- Ça dépend des gens, et toi ?

Je hausse les épaules.

- Bien, j'imagine, je suis vivant.

Et c'est exactement le problème.

- Est-ce que tu as envie de recommencer ?

Oui.

- Non. Je ne pense pas. J'ai parlé à mon père. Et à ma mère bien sûr. Elle m'a bien fait comprendre que je ne devais pas recommencer.

Je m'écoute parler, je sens l'ironie dans ma voix, je me sens grincer. Je me déteste. Ma mère est une bonne personne.

- Enfin... Je pense que je ne recommencerai pas.

Il hoche la tête, puis prends un fascicule sur son bureau et me le tends.

- Tiens, ça peut t'aider.

C'est un de ces fascicules qui expliquent quoi faire si on veut se suicider, qui appeler, ce genre de trucs.

- Merci.

- Tu peux aussi venir me voir quand tu veux.

- Merci.

- Tu peux aussi parler à ton ami.

- Cookie ?

- Oui.

- Il est au courant, il m'a engueulé, secoué, puis serré dans ses bras en pleurnichant. Il a dit que le monde serait nul sans chocolat.

Moi je crois que les gens pourront très bien vivre sans chocolat. En tout cas qu'ils s'en remettront. Sauf mon père. Peut-être.

- Il a raison.

Elvis me sourit. Je lui rends son sourire. Sourire est facile. Mentir aussi.

Le reste de la séance se passe bien. Quand je sors du bureau je déchire son fascicule et je le jette à la poubelle. 

Le goût amer du chocolatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant