6.

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Au lycée maintenant je suis seul. Seul, encore ce mot. Avant j'avais des amis, j'en ai eu après aussi. Encore plus. On venait me parler, poser une main sur mon épaule, me donner un gentil coup de coude, me dire des mots qui se voulaient plein de compassion, on essayait de me consoler alors même que je ne pleurais pas. Je ne leur répondais pas, ou très peu. Je n'avais pas envie de voir tous ces gens, il y en avait pleins que je ne connaissais pas. Il y en avait même qui me détestait avant. Même mes amis de d'habitude je ne les reconnaissais pas. Comme s'ils étaient quelqu'un d'autre, comme si nous n'avions jamais été amis. J'avais vraiment apprécié traîner avec des gens qui pensaient que ça ne servait à rien de lire le livre si on avait vu le film ? Je n'en étais pas sûr.

Plus rien n'avait de sens. Alors je me taisais, je baissais la tête, j'essayais de fuir. Et petit à petit les gens se sont lassés. « Tu ne fais aucun effort ». « Je sais que c'est dur mais si tu ne parles pas on ne peut pas t'aider ».

Ils ne savaient rien, rien, rien. Rien. Je ne voulais pas faire d'effort, Je voulais simplement que le monde arrête de tourner, ne plus avoir besoin de me lever le matin, de me coucher le soir, ou même de manger, pisser, respirer ! Je ne voulais plus rien sentir.

Je voulais que mon cœur soit de pierre, ou ne plus avoir de cœur du tout.

Et parfois j'avais l'impression que c'était le cas.

Je n'étais plus capable de pleurer après tout. 

Le goût amer du chocolatWhere stories live. Discover now