Étage : psychiatrie

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Ce titre n'est pas complètement vrai, je dois l'admettre. Parce qu'en réalité, le service où j'étais hospitalisée était au rez-de-chaussée. Logique, quand on y pense. Escaliers = possibilité de brûler encore plus de calories. Mais peu importe. Puisque l'entière clinique où je me trouvais était une clinique psychiatrique.  Je dois vous avouer que j'en ai eut très longtemps honte (encore même un petit peu aujourd'hui). Pourquoi ? Raison très simple; dans la tête d'un humain, ce groupe nominal a tout bêtement la connotation de "fous". Et d'un côté, ils n'ont pas tort. Pendant un moment j'avais moi-même cette impression là. Tu te demandes pourquoi ? Essayes, mon cher petit lecteur, de t'imaginer. Seul, car entouré de malades que tu ne connais ni d'Eve, ni d'Adam, dans un tout petit village assez éloigné de ton chez-toi. Rajoute à cela un service d'hospitalisation clos, d'où tu ne sors qu'une seule fois par jour. Et, encore faut-il que les soignants en aient le temps. Je laisse libre court à ton imagination, mon cher petit lecteur, pour l'aménagement du service. Mais laisse moi tout de même te guider jusqu'au jardin. Carré d'herbe serait sûrement plus propice, tant c'était petit : juste quelques bancs installés autour de trois palettes superposées, essayant tant bien que mal de jouer un rôle de table. J'ai bien dit "essayant". Le pire ? Tiens toi bien; c'était cette horrible impression d'être enfermé, d'être en cage, fous à lier, dangereux. Et ce n'est en aucun cas façon de parler. Prêt ? Notre petit carré extérieur était délimité par des grilles. Un grillage très haut, auquel cela ne m'aurait même pas étonné qu'il y eut un filet de rabattu. Tu sais, comme dans les volières ? C'est horrible cette sensation d'être privée de liberté. Voir les autres patients se promener, aller là où bon leur semble, pendant que toi, tu es seul, sans véritable espace où t'aérer, où respirer.                                  Et c'est exactement à ce moment là que j'ai bel et bien compris que Stella était une clinique psychiatrique. Et que psychiatrique voulait simplement dire "malade de l'esprit". Ou "esprit contaminé", à toi de voir. Et même si dans mon cas mon esprit est uniquement malade vis à vis de l'alimentation, ils ne souhaitent prendre aucun risque. Personne. Parce que si mon esprit était tombé malade sur ce point qu'est l'alimentation, rien ne garantissait qu'il n'allait pas tomber malade d'autre chose. Honnêtement, je ne sais pas, c'est la raison et l'explication que je me suis faite. Mais tu veux savoir mon cher petit lecteur ? Je ne suis pas folle. Je me suis juste rendue malade avec la nourriture en essayant de la contrôler. Parce que c'était presque l'une des dernières choses que je pouvais encore contrôler dans ma vie.

Elle, PapillonWhere stories live. Discover now