Tomber pour mieux se relever

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J'ai pu sortir de la clinique durant plus longtemps qu'un week-endpour la première fois le 19 février. Soit environ trois mois aprèsmon hospitalisation. Avec tout le recul que je possède aujourd'hui,je me dis de manière simultanée "qu'est-ce que c'est long";et puis "qu'est-ce que c'est court !" Parce que quand vousfinissez par être hospitalisée pendant plus de cinq mois, je peuxvous assurez que trois mois, ce n'est finalement plus grand chose.Oui oui, vous avez bien lu, j'ai passé cinq mois de ma vie dans uneclinique, à réparer les dégats causés par des critères quevoulait la société. Bien sûr, tout n'est pas de sa faute, à lasociété, c'est moi qui avait le contrôle de mon corps et de mespensées. Mais quand même.                                                                      Si vous pensez que ma petite sortie s'est mal passée, chapeau,vous avez raison. En même temps, qui pourrait croire le contrairesachant que j'ai du de nouveau rester hospitalisée presque autant demois après celle ci ? Alors je suis sortie, toute fière de moi, dema "victoire"et du chemin que j'avais accompli, non sanssavoir que j'étais dans un profond déni. Mais je l'ai quand mêmefait ; deux semaines dehors, dans le monde réel, pour me tester, etvoir si mes fausses idées tenaient la route dans la vraie vie. Pourêtre honnête, je ne sais pas si j'ai actuellement envie de riretant ce qui va suivre est minable, ou de pleurer. La dernière optionayant déjà été beaucoup trop utilisée à mon goût, je décideenfin de mettre un peu de positif de partout. Imaginez moi donc entrain de rigoler. Je vous autorise vous aussi à rigoler, si celavous tente. Je veux juste que vous soyez sincères, et que vouslaissiez vos émotions sortir comme bon leur semble.                                                                                                                                                                     Tout s'est senti le premier jour : j'étais chez ma Maman, et jesuis tout simplement retombé dans les débuts de la pathologie, àangoisser en passant à table, et sans rien manger. Je n'avais quedeux jours à tenir sous le regard de ma Maman, car je partais envacances avec mon frère et mon père le surlendemain. Et là, ce futencore pire. Je me remettais à pleurer devant chacune des assiettesque pouvait me préparer mon père, impossible d'agir différemment.Mais, tenez vous bien, car le pire n'est pas là. Qui dit vacancesdit voyages, dit en l'occurence pour celles-cis, Barcelonaaa! J'étais si heureuse, comme à mon habitude, de voyager. J'avaissûrement omis les conditions dans lesquelles s'effectuait ce voyage.C'est vrai : faire près de vingts kilomètres à pied par jour,c'est tout à fait normal lorsqu'on visite un pays, c'est mêmelargement surmontable. Ne pas manger avec autant d'efforts l'estbeaucoup moins. En y repensant, je ne sais pas comment j'ai pu faire,pour ne pas tomber, ne pas m'évanouir, mais au contraire garder lerythme. Comme quoi le corps humain peut surmonter beaucoup de choses.Cela m'attriste énormément, ce voyage, qui aurait du être sourcede bonheur, de partage et de bonne humeur, a contre tout été de ladouleur, du stress et de la déception. Je ne sais pas si vous avezdéjà mangé des tapas, LA nourriture typique de l'Espagne. Pour mapart, la réponse est négative ; mais aurais pu et dû êtrepositive si une nouvelle crise ne s'était pas déclenchée dans cerestaurant. C'est dingue ce qu'une maladie peut nous faire faire. Moiqui ai comme passion de voyager, la culture culinaire a une placepré-pondérante dans les voyages. Et me dire que je n'ai pas pu yprendre part, me rend très triste et nostalgique. Bien sûr qu'il ya des bars et restaurants à tapas en France, mais quel intérêt ?C'est vrai, surtout quand on revient d'un voyage en Espagne. Doncautant vous dire que mon état était plus que déplorable à notreretour ; moins trois kilos dans mon état de dénutrition. Mesparents m'ont donc fait ré-hospitalisée avant la fin des deuxsemaines, et c'est comme ça que je suis retournée à la clinique,avec le poids le plus bas que je n'ai jamais atteint. J'avais toutgagné ; autant de manière imagée que réelle. Pour la voix de lamaladie, j'avais gagné car j'avais réussi à ne pas grossir, voiremême dans mon cas extrême, à maigrir. Mais à côté de cela, finiles sorties le week-end, fini les visites.                                                    Ca a été long, mais il le fallait. Je suis sortie alors que jen'étais pas guérie, mais j'étais sûre de ne plus être malade.Alors, voyons le bon côté des choses, cela m'a remise sur Terre, etj'ai pris conscience de ce qu'il m'arrivait. Toute l'équipe soignante et quelques patients m'ont dit que celafaisait partie de la maladie. Qu'il fallait une rechute, pour mieuxrebondir, mieux se relever et y arriver. J'ai mis assez longtemps àl'accepter, à le voir comme une aide plutôt qu'un échec.

Mais quatres mois plus tard, je réalise que c'était peut-êtrece qu'il me fallait pour remettre certaines choses en place.

Elle, PapillonWhere stories live. Discover now