Cher corps

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A toi, petit bout de vie.

Mon petit bout de vie composé du haut de ces 1m51, que j'ai si longtemps trouvé trop petits ; de ces magnifiques bonnes petites joues, qui faisaient craquer chaque membre de mon entourage ; et de tout plein d'autres petites choses, que j'aime appeler mes marques de fabrique. Parce que c'est bien ce que c'est : ces petits riens, qui font que je suis moi, qu'on me reconnais. Et qui font malheureusement aussi que je me sente complexée, que je me sente trop ceci ou trop cela. Mais finalement,est-ce de leur faute si je t'ai et continue encore aujourd'hui detant te maltraiter? Je n'ai vraiment, mais vraiment rien à dire pour ma défense. Parce que tu ne méritais tout simplement pas cela. Tu n'avais pas à être tant modifié, à un tel point que j'aurais pu y laisser ma vie. Je n'avais pas le droit de te soumettre à ces innombrables photos qui semblaient si parfaites, à tous ces corps faussement parfait, tous plus retouchés les uns que les autres. Mais je t'y ai fait croire. Peut-être parce que je pensaisque c'était plus facile d'être émerveillée par les qualités desautres que par les siennes. Je suis désolée de t'avoir si lâchement dénigré, et de m'être certaines fois même sentie dégoûtée par ta propre image. Ma propre image. J'ai souffert, oui ; mais comme toi tu as souffert. Ce n'aurais pas été juste sinon. Alors, ce que j'ai fait est mal, je le sais. Je me suis mise en danger, et ai causé énormément de peine autour de moi, je le sais. Mais j'ai au moins compris une chose : j'ai réalisé que lorsque j'avais perdu ces joues et qu'elles étaient très maigres (sans volume, aucun), quand j'avais cet écart entre les cuisses, et que j'avais ce ventre plus que plat, je n'étais pas du tout plus heureuse. Je m'excuse de plus belle pour avoir eut besoin d'en faire l'expérience, et que tu en fasses les frais pour que je puisse le comprendre et l'assimiler.    Dorénavant, j'aimerais que l'on soitmeilleurs potes toi et moi, que nous soyons une harmonie. Je pense qu'on n'a pas le choix, parce que je vais passer tout le reste de mavie dans ce corps, mon corps. Toi. En y repensant bien, il s'agitquand même d'un choix pour moi ; c'est vrai, je pourrais très biencontinuer à te détester, et ne jamais t'accepter ; faisable. Maisest-ce réellement vivable ? Nan, pas de mon point de vue, je n'en aipas envie. Parce qu'en te blâmant de telle façon, j'ai contribuéégalement à la dégradation de ma santé mentale. C'est allée bienau-delà de l'apparence. Alors sache une chose, cher corps; même sion va garder encore des séquelles pendant un petit moment, et mêmesi ça vient à être plus long, on sera ensemble, et on va se battreensemble. N'aie plus aucun doute là dessus. Même si c'est dur, et que ça paraît carrément insurmontable parfois, on va le faire. Je te promets que je vais t'écouter, et que je ne te laisserai plus jamais avec une sensation de faim.



Elle, PapillonOnde as histórias ganham vida. Descobre agora