Le moment des présentations est arrivé

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Je vais essayer de vous expliquer une partie de ma maladie. Vous vous dites qu'il serait peut-être temps, au bout du onzième chapitre. Mais, mieux vaut tard que jamais. Ne vous attendez pas à ce que je vous tienne des propos sur l'alimentation, le poids, les calories, et toutes ces autres choses si banales de notre vie, qui bien sûr en occupe une place bien importante. Non. Ce que je vais vous dire est bien plus profond que ces absurdités pour lesquelles nous nous rendons si mal. Alors voilà, je me lance. Cette maladie rend aveugle. Rassurez vous, ceci est une métaphore, bien qu'en voyant toutes les complications qu'elle entraîne, l'aveuglement aurait parfaitement pu en faire partie. Sur beaucoup, beaucoup de choses. Soyons logiques, et restons dans le domaine de l'optique ; je suis sûre que vous avez déjà entendu parler de la dysmorphophobie, cette espèce de trouble, qui fait comme si vous portiez des lunettes, ou un masque, enfin ce que vous voulez, mais que sur cet objet soit placé un filtre. Un voile qui déforme la réalité, qui ne vous montre rien de cela, qui vous ment. Mais comme je le disais, elle rend aveugle, alors inutile de vous préciser que ce filtre devient pour vous la réalité, qu'il devient parfois même votre meilleur ami. Il vous apaise, vous rassure certainement même. Et là encore, cet aveuglement vous empêche de distinguer que ce voile était en fait un « faux-amis ». Parce que nous savons tous, qu'un ami en or, ne cherchera jamais à vous faire atteindre une certaine silhouette, taille, ou un certain poids sauf si bien sûr votre vie en dépend. Il vous acceptera comme vous êtes, et surtout, surtout, il ne vous cachera jamais la réalité. Dans cette perte de vue, j'ajouterai une certaine perte de conscience, Elle est joueuse, et nous pousse à devenir inconscient. A toujours aller plus loin, coûte que coûte, en se gardant bien de nous préciser les nombreux et parfois irréversibles enjeux. Vous savez, je suis bien consciente de mon état, enfin c'est ce que je croyais, jusqu'à pas plus tard qu'hier soir, lorsque j'ai eut mon Papa puis ma Maman au téléphone. Et oui, ça a fait mal. Comme si j'étais montée sur le ring complètement vide, sans protège-dents, ni gants, et que mon adversaire m'avait envoyé un direct. Tombée net, blessée, désemparée. Honnêtement, je ne crois pas que ce soit leurs propos qui m'aient frappé à ce point,mais plutôt leur état à tous les deux. Les entendre, complètement démunis, découragés, comme s'ils ne pouvaient en quelque sorte ne plus rien faire pour moi. Ce qui d'un côté est vrai. Alors oui, leurs paroles ont été tranchantes, oui ils m'ont bousculé, sont allés dans l'extrême. Mais n'ont t-ils pas eut raison ? Je veux dire, s'ils avaient continué de retrousser leurs manches avant d'essayer de me motiver, je ne serais sûrement pas là en train de vous raconter ceci, et rien n'aurait changé. Je n'aurais pas eut à me procurer un nouveau paquet de mouchoir le week-end, certes. Mais n'y a t-il pas plus grave dans la vie ? Enfin, ce soir là, entendre mes parents aussi tristes, aussi émotifs tout simplement, m'a donné trois claques. Et leur discours aussi. Se rendre compte, que l'on donne l'impression à ses propres parent de se laisser mourir, ça fait extrêmement mal. Mais cela fait peut-être aussi réagir. Ni mon père, ni ma mère ne peut ressentir ça, je n'ai pas le droit de leur laisser croire cela. Plus que tout, je leur dois la vie.

On dit que pour guérir, il faut forcément passer par des stades douloureux, qu'il faut passer par de la souffrance. Que ça fait mal. L'épisode avec mes parents que je viens de vous conter, rentre sûrement dans cette souffrance. J'ai compris le traitement d'Elle récemment, qui m'amène souvent en réflexion. Pour guérir d'une maladie, disons comme le cancer, il faut une chimiothérapie. C'est comme ça et pas autrement. Mais Elle, n'a pas de chimio, d'antibiotiques ni de vaccins qui puissent la combattre. Non, son traitement à Elle, c'est la culpabilité, beaucoup de culpabilité. Des maux d'estomac aussi, accompagnés bien évidemment de ses fidèles ballonnements. Mais la cure ne s'arrête pas là, il y a également des pleurs, de la colère et des peurs. Et tout cela, et bien il m'a fallu du temps pour comprendre que c'était normal, que cela en fait partie, mais j'ai même envie de dire que c'est tout simplement ça le remède. Un combo peu attirant, je vous l'accorde, mais pourtant magique, j'en suis sûre. Encore est-il bien de savoir tout ça, mais le tout est quand même de l'appliquer. Et c'est maintenant, et pas à un autre moment qu'il faut agir. Parce que mon temps m'est compté ces derniers jours, et sur cela aussi, elle m'a fait fermer les yeux.

Elle, Papillonحيث تعيش القصص. اكتشف الآن