Le déclic

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Aujourd'hui, j'ai l'impression que quelque chose a changé. Je ne saurais pas vous dire quoi, mais je le ressens. Je me sens fière. Parce que aujourd'hui, j'ai passé un examen. Une épreuve du bac. Je suis sortie, ai fait une pause dans mon hospitalisation pour aller la passer. Et vous savez quoi? Je l'ai réussi. Du moins, tout s'est bien déroulé. Et c'est pour moi une sorte de victoire, petite,certainement, mais belle, et bien présente. Et je pense que cette mini victoire, cette première victoire, est la clé. Celle qui ouvrira les portes de mon inconscient, et qui permettra de délivrer tout ce qui s'y est enfoui, de plus ou moins longue date. Peut-être que cette clé mettra du temps avant de réussir à trouver le mouvement dans la serrure, mais je sais déjà que cette clé existe,qu'elle est là, tout près. Et qu'elle attend seulement que je la regarde, que je la trouve et surtout, que je comprenne comment l'utiliser. Cette impression de victoire, je m'en suis rendue compte le soir même de mon examen, parce que j'ai réussi à manger un peu plus. Pas grand-chose certes. Cela reste insuffisant pour ma santé et ma vie, certes. Mais j'ai réussi, et j'ai espoir, que cette réussite grandisse et s'impose. Jusqu'à ce que je me rende compte que je ne suis plus dans une bataille, plus dans cette bataille qui m'oppose à moi-même. Mais que je serais dans la vraie vie, enfin de retour dans l'existence. Alors oui, je suis fière, parce que bientôt, cette maladie n'aura plus aucune place dans mon esprit,elle disparaîtra de mon monde.                                              Prends du recul, cher petit lecteur, quitte à relire ce dernier paragraphe. C'est ce que j'ai moi même fait. Car cette mini victoire, qui m'avait rendue si fière, m'avait tant motivé,est partie presque aussitôt qu'elle est arrivée. Je ne saurais donner d'explications, mais cela s'est bel et bien produit. Je pensais pourtant que tout était réalisable, du moment que la volonté était présente. Ce n'est malheureusement parfois pas suffisant. Peut-être qu'il s'agit seulement d'une question de mental, de subconscient, et de toutes ces autres parties qui constituent notre cerveau, encore une fois, je ne saurais le dire.J'ai cette volonté de me battre, de guérir, tu vois ? Mais ça ne marche pas pour autant. La preuve en est que j'ai rechuté, et je n'ai pas fais semblant. Je suis bien consciente d'être au cœur de la maladie. Mais je m'en sens si loin en même temps. D'un côté,je me rends bien compte que toutes les complications reviennent ; l'épuisement, les articulations extrêmement douloureuses, la dépression avec l'absence de volonté et de motivation. Mais de l'autre, quand on prend le temps de parler avec certaines, je ne me reconnais pas du tout. Par exemple, cette fille, qui se plaît dans le rachitisme ; qui à 25 ans porte des jeans en 16 ans. Et à qui le temps où elle ne tenait plus debout tant elle était maigre lui manque...J'en suis bien loin. Tout cela me fait même peur. Car même si je n'arrive pas à reprendre du poids, ni à remanger, mes «formes» me manquent. Je ne me plais absolument pas à l'heure qu'il est.  

Alors où es-tu putain de déclic ?

Elle, PapillonWhere stories live. Discover now