Quelques minutes plus tard, un bruit de pierre de briquet me fait sortir de ma transe. Rouvrant les yeux, je vois que l'homme se tient à quelques mètres de moi. Une cigarette coincée entre les lèvres, il m'observe silencieusement.

En appuyant la paume de mes mains contre le mur, je me relève lentement en essayant d'ignorer les vertiges qui menacent de me faire retomber. Le dos toujours appuyé contre le mur, je prends une grande inspiration et me mets droite avant de poser mon regard sur l'homme. La lumière du lampadaire qui jauge la ruelle illumine son visage, me permettant enfin de le découvrir. Une capuche noire lui retombe sur la tête cachant son crâne. Uniquement quelques mèches de cheveux d'un noir profond retombent légèrement sur son front. Un tatouage orne le haut du côté de son front et le coin de son oeil droit. Quand mon regard croise le sien, je me retiens de continuer mon examination visuel. Ses yeux se plissent tandis que de la fumée blanche s'échappe d'entre ses lèvres.

En sentant l'intensité de son regard plongé dans les miens, je sais, au fond de moi, que je devrais détourner le regard mais quelque chose m'en empêche. Sa langue passe lentement sur ses lèvres avant qu'il ne jette son mégot. Je détourne enfin le regard et suis la trajectoire de celui-ci jusqu'au sol. Quand mes yeux se relèvent, l'homme s'est dangereusement rapproché de moi.

Paralysé, je n'arrive plus à bouger.

En une soirée, je vais me faire agresser deux fois. C'est cadeau Blue, pour t'apprendre à vouloir rentrer seule à cette heure-là.

Son corps s'arrête à quelques centimètres du mien. Il est si proche que je sens son souffle aromatisé à la nicotine s'abattre sur mon visage. Je tente de nouveau de calmer ma respiration pour avoir l'air l'a moins apeuré possible. Son visage se penche sur le côté tandis que je vois ses yeux examiner chaque partie de mon visage. Je déglutis en ne le quittant pas des yeux. À cette distance, je peux voir que ses yeux sont d'un noir profond. La différence entre ses pupilles et la couleur de ses iris est si minime que l'on pourrait croire qu'elles ne forment qu'un. Les traits de son visage sont parfaitement dessinés. Sa mâchoire puissante se contracte par moments. Le bout de son nez touche le mien et j'essaye de ne pas perdre pied. Une sorte d'autorité et de puissance émane de son corps. Il semble à la fois dangereux et terriblement séduisant.

Sentant ma gêne, un sourire prend place dans le coin de ses lèvres. Il fait quelques pas en arrière en ne ravalant pas son sourire en coin.

Je reprends mon souffle avant de me décider à parler :

— Merci, lâché-je d'une voix pratiquement inaudible.

Son rire fait écho dans toute la ruelle, rendant ce moment encore plus gênant.

— Ne me remercie pas trop vite, dit-il en glissant de nouveau une cigarette entre ses lèvres.

Sans prendre en compte sa dernière remarque, je prends mon courage à deux mains et me dirige silencieusement vers mon sac. Je me baisse pour l'attraper et repasse la lanière par-dessus mon épaule. En me relevant, ma vue est brouillée par des pleures qui menacent de s'échapper. Avant que je puisse les retenir, je sens des larmes ruisseler le long de mes joues. À l'aide du revers de ma main, je les essuie rapidement.

— Arrête de chialer, il t'a à peine effleuré.

Mes lèvres se pincent l'une contre l'autre en entendant ses dires. Je n'ai même plus la force de me battre, que ce soit physiquement ou verbalement. Alors sans attendre, je reprends ma route avec pour seule objective : rentrer chez moi et oublier tout ce qui vient de se passer. En le contournant, je sens ses doigts s'enrouler autour de mon poignet pour me retenir de partir. Un frisson parcourt mon corps en sentant ses doigts froids contre ma peau chaude.

— Je ne veux plus te voir trainer ici la nuit, c'est clair?

Ses yeux sombres soutiennent les miens.

— Je répète, dit-il avant de reprendre en élevant la voix avec plus d'autoritaire : est-ce que c'est clair?

Je déglutis et hoche la tête en signe d'approbation.

— C'est bien. Maintenant, dégage.

Ses doigts me lâchent et sans réfléchir, je me mets à courir jusque chez moi. Mes pieds avancent l'un après l'autre à une vitesse dont je ne me savais même pas capable.

Arrivé chez moi, je ferme la porte à double tour et me laisse glisser le long de la porte. Je reprends enfin mon souffle, je ne m'étais pas rendu compte que je le retenais jusque-là. Les larmes commencent à recouvrir mes joues jusqu'à ce que je sois pris de spasmes. Les sanglots ne cessent d'affluer durant de longues heures avant que je m'endorme d'épuisement.

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On se retrouve vite. ❤️

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Chasing DemonWhere stories live. Discover now