Son air sévère, les sourcils froncés, son arrogance, sa froideur n'étaient que le résultat de son éducation au pensionnat mais surtout de son père. Cette attitude, vis-à-vis des femmes surtout, était liée au besoin de reconnaissance de n'avoir besoin de personne et d'affirmation de soi. Cette colère en lui, cachait bien d'autres émotions, plus difficiles à exprimer.

Zahra échappait à son contrôle alors que lui avait un besoin excessif de tout contrôler pour ne pas avoir de surprises. Avoir la main mise sur tout, cachait ses doutes, ses peurs qu'il se forçait de renier, de refouler. De ce fait, sa colère envers Zahra était une émotion secondaire déclenchée par d'autres émotions comme la peur et la tristesse.

Alors si une personne avait eu l'audace d'avoir un comportement qui lui déplaise, il le lui faisait savoir ou regretter par l'assortissant d'une demande, une mise en garde, une critique ou une action de façon à éviter que la situation se reproduise. Mais avec mademoiselle Fall ça ne marchait jamais et ceci l'irriter au plus haut point.

D'autres ne le comprenant pas pointaient du doigt sa colère comme une réaction négative même s'il la trouvait utile. Quelques parts cette colère l'avait sauvé surtout des griffes de l'honorable député Thiam. Il savait faire la part des choses bien sûr et ne se laisser pas posséder par sa colère mais pour la première fois il avait cédé à sa colère en malmenant physiquement son employé : une femme, cette femme.

Une semaine, Zahra était restée une semaine sans revenir au bureau depuis ce lundi ou elle s'était foulée la cheville. Elle lui avait juste fait parvenir un certificat médical d'une incapacité de 15 jours par les soins de Bassirou.

Au tout début il fut soulagé à l'idée de ne plus voir Zahra durant deux semaines. Son vœu de ne plus la voir travailler pour lui s'était réalisé même si ce n'était que pour quelques jours. Cette fille lui sortait par les narines. Elle l'insupportait avec son air de femme digne, femme fière qui pour un rien montait sur ses grands chevaux, cette femme charmeuse qui prenait un malin plaisir lorsque les hommes détournaient le regard en sa présence. Combien de fois en réunion, il avait dû recadrer ses collègues qui plaçaient toute leur attention à Zahra qu'à l'ordre du jour.

« Bon débarras même si ce n'est que pour 2 semaines, je ne l'aurai plus dans les pattes »

Très vite la réalité le rattrapa. Il a suffi que de 3 jours simplement pour que l'absence de Zahra se fasse remarquer et surtout ressentir par lui.

D'abord durant une journée il pouvait appeler plusieurs fois Ousmane pour lui demander de faire venir Zahra dans son bureau. Et comme toujours il recevait la même réponse :

_ Monsieur Mademoiselle Fall est en congé.

N'empêche, il lui arrivait encore de le faire une question d'habitude.
Les choses les plus banales aussi qu'importantes, tout au bureau lui rappelait cette fille. Juste pour une histoire de parfum, il avait demandé à Bassirou de trouver une autre société de ménage pour l'entreprise.

_ Pourquoi ? Cette société de ménage s'occupe de la propreté de Sy and Co depuis 4ans et il n'ya jamais eu de plaintes. Le personnel fait bien son job, ils sont discrets et surtout ne volent pas. Que leurs reproches tu ?

_ La fille qui s'occupe de mon bureau ne fait pas son job correctement !

_ Qu'a-t-elle fait cette fois ? Le ménage n'est pas propre ? Elle a oublié de baisser les lunettes des toilettes ? Elle a utilisé tes effets de toilette ? Le liquide lave main n'est pas antimicrobien ? Elle a laissé des traces sur le miroir du lavabo ? Le rouleau de mouchoir n'est pas bien accroché ? Il y'a de la poussière sous les étagères ? Elle a déplacé des dossiers ? Elle a touché à tes affaires ?

REBELLE Where stories live. Discover now