Potentia

Chapitre 8

Chester se leva et invita Mara à faire de même. Puis, elle se dirigea vers une porte à l'arrière du bureau et l'ouvrit à l'aide d'un Sortilège que la jeune fille n'entendit pas. Mara découvrit alors une immense salle très haute de plafond et où une paroi entière était recouverte de miroirs. Les autres étaient en marbre et le tout était très éclairé. Des colonnes soutenaient un toit courbé et Mara se demanda comment Chester pouvait cacher une telle salle, alors que le château n'était pas excessivement grand. Le sol était dallé et il semblait à Mara que la salle brillait de mille feux et que c'était elle-même qui produisait la lumière. Dans un coin était entreposé un grand tableau. Mara put distinguer, de loin, quelques feuilles, qu'elle devina être des photos. Elle se promit de les regarder plus attentivement, plus tard.

- C'est la salle secrète d'Hemlock.

- Hemlock?

- Oh, vous êtes encore trop jeune pour comprendre... Peut-être qu'un jour, vous serez en mesure de réaliser l'importance de cette salle... Sûrement très bientôt,  même, au train où vont les choses...

Chester marmonnait. Mara décida de remettre ses investigations à plus tard. Elle finirait bien par trouver quelque chose sur Hemlock. Pour l'instant, elle était surtout impressionnée par la beauté de la salle.

- Bien, mettons-nous au travail... Sauriez-vous me faire un Sortilège de Création? C'est le plus beau, à mon goût...

Mara se concentra alors. Elle ferma les yeux et imagina dans son esprit un magnifique oiseau à la longue queue. Elle le façonna puis le fit basculer dans la réalité. Quand elle ouvrit les yeux, après ce qui lui avait semblé durer plusieurs secondes, l'oiseau était là. Chester semblait émerveillée.

- Je n'en ai jamais vu de si fidèle... et surtout en si peu de temps!

Mara fronça les sourcils. Il lui semblait avoir pris son temps. En voyant son air sceptique, Chester ajouta:

- Le temps passe différemment quand on est dans l'Autre Monde.

Mara trouvait beau l'idée qu'il existait un autre monde parallèle à celui dans lequel elle vivait. Et c'était exactement ce qu'elle ressentait quand elle s'y immisçait. Elle sourit. Elle laissa alors son esprit vagabonder juste sur la limite imaginaire qu'elle s'était fixée qui séparait la réalité de l'irréalité. Soudain, il battit des ailes, projetant des flammèches blanchâtres dans les airs et il s'envola, virevoltant entre les lustres du plafond. Puis, il redescendit en piqué et se transforma en une nuée de minuscules oiseaux semblables qui s'éparpillèrent dans la salle dans un pépiement joyeux.

Soudain, Mara, qui s'était concentrée sur ce qu'elle faisait, remarqua que Cédric était entré dans la salle.

- Oh, je lui ai donné les clefs. J'aurais dû vous prévenir, Mara. Mais c'était tellement magnifique... Je n'ai pas osé.

- Vous n'avez pas utilisé de clefs pour entrer, pourtant.

- Non, en effet, je n'ai pas de clefs. Mais dans ce domaine, donner les clefs signifie autoriser une personne à entrer, ou plutôt ordonner à la porte d'autoriser cette personne à entrer.

- La porte est ensorcelée?

- Exactement. Je suis très contente que vous vous soyez enfin dévoilée, Mara. Nous allons pouvoir faire d'énorme progrès... Que diriez-vous de repasser ici quand vous voudrez? Si vous voulez, je mettrai une liste d'exercice sur le tableau d'affichage.

Chester, Mara et Cédric quittèrent la salle, avec regret pour Mara. Elle se sentait chez elle là-dedans. Puis, Chester leur souhaita bonne nuit et ils sortirent silencieusement du bureau.