Chapitre 17 : Débordement

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** Soïe

            Je suis debout, dans la future chambre des enfants. Amelia a fait du bon travail, elle a coordonnée avec Karine – la responsable des femmes de chambres un vrai travail de rénovation. En moins d'une semaine, elle a transformé la moitié de mon aile en un endroit chaleureux et adapté aux enfants.

            Je vis dans le « petit palais » depuis maintenant 4 ans. J'ai dessiné les plans de cette merveille et c'est sans surprise que j'ai choisis l'aile nord pour mes quartiers. C'est selon moi, l'endroit où on a la meilleure vue sur le désert et la mer. Ces deux entités qui font d'El Passart un endroit paradisiaque. La mer attire les familles, les sportifs qui recherchent de l'adrénaline et les amis qui voient les plages comme un endroit de détente absolue. Le désert est rare sur notre terre. Il semble hypnotisant et attire souvent la curiosité et la dangerosité. Je l'aime ce désert mais j'aime aussi l'eau, sa sensation sur mon corps et les deux réunis m'apaisent. Personne ne met jamais les pieds dans ce coin du palais car j'aime que l'on respecte mon intimité. Seulement voilà, depuis quelques temps, j'ai l'impression que celui-ci est une denrée rare.

            Je suis conscient que celle-ci va être de plus en plus vitale mais pourtant encore plus rare. C'est vrai que je n'ai pas les responsabilités de mon frère. C'est Eli qui a toujours été le plus angoissé, le plus sérieux et le plus attentif au pays. Moi je suis le deuxième garçon, celui qui ne doit pas régner. Celui qui a la possibilité de voyager, de vaquer à ses occupations. C'est d'ailleurs ce que j'ai fait ces dernières années. En mission pour El Passart, j'ai voyagé partout dans ce monde. J'ai exploré tous les continents, 70% des pays et j'ai eu la chance de faire partie des événements les plus mondains. Pendant longtemps cela m'a convenu, moi je suis l'enfant drôle, adaptable et toujours serein.

            Le rôle le plus important de ma vie était de prendre soin d'Assia. Je crois que j'ai réussis ma tâche mais ce n'a pas été compliqué. Elle est parfaite ma petite enquiquineuse de sœur. Elle a bien grandi et vole maintenant de ses propres ailes. Depuis que mon frère a décidé de se marier ma tâche n'est plus la même, il préfère me savoir au palais plutôt qu'à des kilomètres. Je crois que c'est encore pire depuis qu'il est papa. Il m'a délégué la gestion des forces de l'ordre et de la sécurité du pays. Mes années dans l'armée me rendent légitime dans ce rôle.

            Malheureusement les affaires du pays ne laissent que peu de places aux loisirs personnels et c'est comme ça que je ne suis pas allé rendre visite à mon meilleur ami depuis plus de deux ans. Bien sûr je savais qu'il avait eu un deuxième enfant mais je ne l'avais pas encore rencontré. Heureusement que les moyens de communication existent, nous avons toujours été en contact. Mais je ne savais pas que sa femme faisait un baby blues. D'ailleurs je ne savais même pas que ça existait ! Je ne savais pas qu'ils n'avaient pas assez d'argent pour refaire l'électricité dans leur nouvelle maison ... Pourquoi ne m'a-t-il rien dit ? Je les aurais aidés. J'en ai pleins de l'argent moi, dont je ne me sers même pas ! Et puis j'ai appris la pire chose que l'on puisse entendre : mon meilleur ami depuis ma naissance et sa femme sont morts. Laissant, orphelins deux enfants âgés de 5 ans et d'à peine 2 mois.

            Je me suis dépêché de me rendre en France, laissant les affaires d'état à mon frère et mon père. J'ai amené la mère de Rayan avec moi et nous sommes allés jusqu'à Marseille. C'est elle qui a préparé leur crémation et leur transfère à El Passart. Je suis allé face à leur maison et ce que j'ai découvert ma presque tué. Il ne restait plus rien de leur maison. Je suis allé chez Lorie rencontrer les enfants. Ils m'ont paru si innocents. Je ne crois pas qu'ils se rendent compte de la tragédie qui les a touchés. Le plus dur est de voir Yliès qui ressemble tant à son père. J'ai essayé de rester fort mais deux jours plus tard, le notaire m'a apporté le coup de grâce. Il m'a reçu dans son cabinet :

À la croisée des cheminsWhere stories live. Discover now