Chapitre 3 : Rééducation

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Trois jours plus tard, je suis assise dans mon lit. Bloquée dans cette chambre. Je rumine la toilette que je viens de recevoir par une étrangère. La honte. J'ai des milliers de poils qui ont bien poussés et plus aucune dignité. C'est affreusement horrible. Moi qui avais l'impression d'être tombé bas. Ce n'est rien comparé à ce que je ressens à ce moment-là.

Toute ma vie est sans dessus dessous.

            Un homme arrive avec un grand sourire. Il ressemble à un surfer. Des cheveux longs et blond. Une mèche digne d'une pouf. Des cheveux lissent qui semblent soyeux. Des habits de vacanciers avec une chemise à fleurs et un short. Il est de très bonne humeur avec son sourire digne d'une pub de dentifrice. Je me concentre sur ce qu'il dit. Il parle trop vite. Je l'entends m'expliquer la suite des opérations. J'ai besoin de faire de la rééducation, d'écouter mon corps comme il le dit. C'est facile à dire pour cet homme bien dans sa peau qui n'est pas coincé dans un lit. J'adore le voir me sourire et me demander si j'ai envie comme si j'avais le choix. Mais je ne l'ai pas. Je dois être patiente et écouter tout le monde me dire quoi faire.

            On commence par des exercices d'enfants. Facile et surtout pas long dans le temps. Cet homme sourit tout le temps et c'est agaçant. Je suis d'humeur massacrante et plus les séances s'enchaînent et plus j'ai envie de l'assommer. Il se croit drôle en plus. Mais ce n'est pas le cas. Mes progrès s'annoncent longs et difficiles. Mon corps a oublié qui été le chef alors je m'applique chaque jour à lui montrer qui est le patron. MOI. Au bout de deux semaines et de nombreuses séances de kinésithérapie. Je pue enfin me mettre debout et seule. Mon équilibre semble être revenu à la raison. Je sens de l'amélioration et ça me rassure. Jade et ses parents fit venir des esthéticiennes et des coiffeurs pour « me faire ressembler enfin à quelques choses ». Après trois heures et 5 mois, je pus enfin me voir dans un miroir. Mes cheveux sont désormais longs jusqu'au milieu du dos, coupé en dégradé et ont repris leur couleur noire même si des reflets auburn restes. Mes yeux de couleurs verts sont encore gonflés. J'ai perdu 13 kilos rendant sans aucun doute la mère d'Olivier fière. Je fais désormais une taille 42/44 ce qui me surprends beaucoup. J'ai toujours été une enfant grassouillette. Je m'habitue petit à petit à ma nouvelle apparence sous le regard mère poule de ma cousine. Les parents de Jade, avant de repartir, me disent :

•       Ma chérie. Tu as vécu depuis le départ de ta mère énormément d'obstacles. Tout a été vraiment difficile. Je pense qu'il est temps pour toi de venir te ressourcer chez toi, en Sicile.

•       Moi en Sicile ? (J'éclate de rire)

•       J'ai toujours habité en France Tatie.

•       Oui mais toute notre famille est en Sicile. Il fait beau, ça va te ressourcer.

Mon oncle intervient :

•       Amelia, tu sais que l'on t'aime. Tu es comme notre deuxième fille, on ne veut que ton bonheur alors pense que nous serons là prés de toi et que c'est important pour nous que tu viennes même juste pour des vacances.

Je me sens émue, mon oncle, je l'aime tellement ... Il continu en me prenant la main :

•       Et puis ce sera comme avant. Tes grands parents vont adorer, ils rentrent dès demain en Sicile !

Ma cousine intervient :

•       Écoute, Amelia. Tu n'as plus de logement ici. Ton travail est parti en fumée et Olivier ta quitté. Il ne te reste rien. Rien du tout. Tu peux tout reconstruire près de nous.

•       Mais Jade, tu n'habites plus en Sicile.

•       Pour toi, j'y retourne.

•       Tu viendrais ?

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