À la croisée des chemins

Chapitre 2 : Résurrection

** 4 mois plus tôt :

    J'ouvre les yeux dans un lieu trop éclairé. Ils me piquent. J'ai des difficultés à reprendre ma respiration, ma gorge est sèche. Mes yeux s'habituent à la lumière. Il y a du bruit autour de moi. Je sens l'odeur d'antiseptique. Je tousse. Je crache un peu de sang. Une main se pose sur moi. Une dame habillée en blanc, me rallonge. Elle bip le médecin et je suis aussitôt entouré d'une tribus de personnes habillées de la tête au pied en blanc. Ils me font des batteries de tests. M'expliquent des centaines de choses. Je suis un peu perdue. Je ne comprends pas tout. Je me passe faire. Entouré de personnes en blancs, de bruits de machine, de lumières artificiels... mon corps ne me répond presque pas.

    Et là, je prends conscience. C'est un cadeau de mon cerveau qui décide enfin de reprendre le contrôle de mon corps. Mes membres sont engourdis. Ma tête semble prête à explosé comme si elle avait besoin de faire cinq-six mises à jour en même temps. Je me concentre sur ma respiration, regarde autour de moi. Je suis dans une salle d'hôpital ou de clinique. Tout est très médicalisé. Ma chambre est très bruyante, j'entends le BIP de mon cœur qui bat,une machine qui semble faire des tracés de plus en plus haut, je suis perfusée avec trois sachets de différentes couleurs. Tout ça me semble surréaliste.

    Puis ma cousine arrive. Jade me tombe dessus et m'enserre de ses bras. Je sens son odeur familière m'entourer. Après de nombreuses larmes de sa part et de la mienne, elle se calme et me raconte ce que j'ai manqué. L'immeuble à brûler à cause d'une panne électrique.Presque tout le monde est sortis à temps. Les autres ont été sauvés par les pompiers dont Astrid. Ma chef est en dépression depuis ce jour. Un de mes collègues est paralysé. Les dégâts ont été énormes et sans doute irréparables. Les médecins disent que j'ai eu beaucoup de chance. Je m'étais déplacé trois vertèbres,casser les deux bras ainsi que la jambe gauche. Je suis brûlée au troisième degrés sur le ventre et sur le flanc gauche. J'ai des hématomes sur les jambes et de nombreuses cicatrices sur les adducteurs.

    Ma cousine me quitte déjà. Elle a beaucoup de choses à faire me dit-elle. Je profite pour m'asseoir plus confortablement et surtout dans une position plus droite. Mon corps me gêne. Je suis happée par la situation. Cliniquement, je suis morte. Mon cœur s'est arrêté après mon accident. Les pompiers m'ont sauvé. Les médecins m'ont réparé et mon corps a cicatrisé. Il a fallu de long mois de coma.4 mois environ. J'essaie de me lever mais mon corps refuse de m'obéir. Une infirmière arrive :

- « Mademoiselle,    vous ne pouvez pas vous lever » dit-elle d'un ton sec.

- Mais    pourquoi ?    

Elle me regarde comme si j'étais une petite fille capricieuse :

- « Mais    enfin, vous avez passer des mois dans le coma et vous croyez que    tout reviens comme ça ? Vous vous êtes cassé la moitié    de votre corps».    

- « Mais    mon corps va mieux non ? »

Elle soupire :

- « Oui    mais il ne faut pas trop en faire à la fois. »

- "Mais    je ne veux pas rester alitée. Je veux profiter de ma vie."

- "Et    bien votre vie vous la vivrez après avoir vu le kiné. Il viendra    demain. Reposez-vous !"

Elle sort de la pièce. J'ai clairement l'impression d'être en prison. Prisonnière de mon propre corps qui me répond difficilement et de ce cerveau qui me montre en boucle les images de ce jour là. J'entends dans ma tête une voix me répété : «  qu'as-tu fais dans ta vie ? Et si tu serais morte ce jour là ? »

Le pire c'est que je n'ai même pas de réponse à m'apporter.