Chapitre 10 :

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Je termine le travail que j'ai à faire, puis je prends mes affaires et je quitte l'open-space.

**

— Bonsoir monsieur Williams.
— Oh je vous en prie, c'est Julian ce soir.
— Très bien Julian.

Nous nous asseyons à une petite table éloignée du bruit.

— Alors. Lya. Parlez-moi de vous.
— Je pense qu'on peut se tutoyer je crois. Et puis je pense que maintenant tu en sais bien plus sur moi que tu ne devrez non ?
— Je préfère que ce qui te concerne sorte de votre enfin ta bouche.
— Je suis très entourée, y a pas grand-chose à dire sur ma vie. J'ai eu une vie tranquille jusqu'à maintenant. Et toi ?
— Y a rien à dire non plus ... j'ai hérité de l'entreprise familiale, je suis né le premier donc c'était à moi de prendre la relève même si j'en ai jamais eu trop envie mais pas vraiment le choix avec un père comme le mien.
— Le premier ? Tu as des frères et sœurs ?
— Une sœur, de deux ans plus jeune, Mia. Je suis sûr que tu l'adorais !
— Qu'est ce que qui te fait dire ça ? On se connaît pas après tout.
— Effectivement mais je cerne facilement les gens, en plus Mia passe avec tout le monde. Tu vois la nuit qui est tombée ?
— Hm hm, j'acquiesce sans savoir où il veut en venir.
— Eh bien si elle entrait dans ce bar les lumières seraient aussi scintillantes que le soleil, comme toi en fait.
— Oh, merci ? Souriais-je.

La relation qu'il entretient avec sa sœur à l'air d'être très fusionnel, la façon dont il parle d'elle est absolument adorable, on sent l'amour qu'il y a entre eux.

Et puis il se lève et se dirige vers le bar puis revient cinq minutes après avec deux verres à la main.

— Eh bien, à nous !
— À nous ?!
— Pour peut-être une futur amitié ? Qui sait ?
— Être ami avec son boss ? Pourquoi pas ?

Nous restons au bar encore un moment, en fait jusqu'à la fermeture à deux heures du matin.

— Okay ... je crois que faut que j'y aille maintenant. Je te remercie pour ce verre.

Notre chemin est sur le point de se séparer mais je ne sais pourquoi, sûrement les effets de l'alcool je me rapproche de lui, je suis à quelques centimètres de son visage, je m'apprête à poser mes lèvres contre les siennes, lui déposer un baiser dont j'ai tant envie depuis le début. Savoir qu'elles goût elles ont, douce ou rêche ? Mais sans que je m'y attende, il me repousse doucement.
Heureusement en vérité, car je ne veux plus coucher pour coucher, j'aimerai quelque chose de plus sérieux et plus doux avec les hommes. Et je veux en finir avec tout ça.

— Okay, on va rentrer d'accord ? Propose-t-il.
— Okay....

Il passe soudain ses bras autour de moi comme pour me soutenir alors que je ne suis pas saoul, je peux très bien marcher mais je ne proteste pas et m'emmène jusqu'à sa voiture ou Georges nous attend.

— Ça va aller ?
— Bah ouais !

Il me regarde avec des yeux si doux, si compatissant.
Ses yeux marrons noisettes me transperçe. Et puis trou noir, je crois que je m'endors dans la voiture, ma tête fini par se poser sur son épaule.
Il me sort de la voiture en me prenant dans ses bras puis ouvre une grande porte en acier qui donne sur une grande entrée qui elle même donne sur un salon trois fois plus grand que mon appartement.

— Ah bah c'est carrément pas mes trente mètres carrés.

Je m'avance dans son salon et observe toute la pièce froide et très épurée, comme le bureau et comme lui, à son image quoi. Des œuvres d'art ornent les pièces, des diplômes, des photos ... Mais rien de très personnel, très chaleureux.

— Je pense que ce salon fait la taille des trois appartements de mon palier réunis.
— Ahah, allez on va aller se coucher maintenant. Rit il de la situation.

Pourquoi il ne me ramène pas chez moi ? Ma tête est embrumée par le peu d'alcool que j'ai bu, je suis plus tolérante d'habitude mais avec les événements des dernières semaines mais le stresse et l'angoisse font que je dois être plus vulnérable. Qu'est ce qu'il compte faire de moi ? Lui aussi va abuser de mon corps ? Tout mon être est en alerte mais en même temps mes paupières sont si lourdes.

**

— Outch ...
— Salut, mal à la tête ?
— Hm. Un peu oui.
— Tiens, prend ça.
— Merci.

Je prends le médicament qu'il me tend et remarque que ce n'est pas ma tenue d'hier soir. Je commence à paniquer, qu'est ce qu'on a fait ?

— Où sont mes vêtements ?! On a pas euh ... vous voyez ce que je veux dire ?!!
— Non pas du tout, ils sont dans la salle de bain. rit-il.
— Ouf.
— Ce n'est pas mon genre de profiter des demoiselles en détresse.
— Je ne suis pas une demoiselle en détresse.
— Si tu le dis ...
— Je peux savoir pourquoi vous - tu m'as ramené chez toi et pas chez moi ?
— Je me suis dis que tu aurais besoin de compagnie, je sais que je n'aimerai pas rester seul dans ces moments là... et je ... non rien.

Il coupe sa phrase sans la continuer et il part faire le petit déjeuner. La frustration m'habite, je ne supporte pas les gens qui ne finissent pas leur phrases ! Dit ce que tu as à dire bordel.
Je sors du lit et le rejoint dans sa cuisine, mais en marchant je remarque des courants d'air me rafraîchir la peau, je remarque à ce moment que je suis en simple culotte/t-shirt ... merde.

— Ça fait longtemps que tu fais des cauchemars ? Coupe-t-il le silence.
— Euh ..

Je vois que j'en ai fait un autre malgré l'alcool qui aurait dû embrumer mon cerveau, j'espère ne pas avoir trop parlé, ou l'avoir frappé ... je peux être violente parfois.

— Depuis Brian, enfin après notre séparation.
— Je vois. Tu n'as jamais été voir un psychologue ?
— J'en ai vu trois ... Aucun ne m'a vraiment compris, à part hocher la tête chaque fois que je parlais et prendre mon argent ils n'ont pas été très efficace.
— J'aime pas les psy n'ont plus. Mais ils savaient que tu étais en danger pourtant ? Et ils n'ont rien fait ? Ça me tue !
— Tu as déjà été en voir ? Toi ?
— Hm. Sort-il en me tendant une assiette avec des œufs et du bacon.
— Merci.
— Il à toujours été comme ça ?
— Non, au début c'était un conte de fée, comme tous les débuts ... et puis il a abandonné la fac de sport soit disant à cause de moi. Et c'est ainsi que tout a commencé.
— Comment ça à cause de toi ? Je te vois mal empêcher quelqu'un d'entreprendre quelque chose qu'il aime.
— Effectivement, mais j'ai arrêté de chercher ce qu'il se passait dans sa tête.
— Je suis désolé.
— Pour tout ce qui t'est arrivé.
— Tu n'y es pour rien, j'étais jeune, naïve ...

Pourquoi il faut que tout le monde s'excuse pour ce que j'ai vécu ? C'est ridicule. Ils n'y peuvent rien.

The boss. Tome 1Where stories live. Discover now