Chapitre 13 : La lettre

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Dans cette maison de la folie, les deux enfants n'avaient pas d'autre choix que de se suivre dans l'unique but de survivre à leurs démons, à leurs souvenirs. Alex balaya la pièce du regard, serrant toujours aussi fermement la main de sa partenaire. Il avait besoin d'elle. Tout semblait à sa place, une étrange harmonie régnait dans ce salon, comme sans vie. Le jeune garçon croisa le regard de son amie qui était en train de le fixer avec des yeux si doux, si réconfortants. On pouvait apercevoir le reflet d'une lumière dans ses pupilles bleues, celle de l'espoir. Alex se contenta d'observer les lèvres d'Ilana, où se dessinait l'innocence d'un sourire. Une sensation de chaleur avait prit possession du cœur du petit garçon, le sentiment d'un corps amoureux, à la fois terrifié et enivré d'une émotion qu'il ne connaissait pas. Les deux enfants assistaient à la naissance d'un amour dans un monde où rien ne demeure.


Alex, traversa la pièce aux cotés d'Ilana dans l'idée d'explorer les tréfonds de cette habitation hantée. Tous deux finnisèrent par marcher dans un long couloir dont l'amont était éclairé par la seule lumière du salon. Le bout de ce passage était si sombre, que l'on peinait à remarquer les issues des portes sur le chemin. Le jeune garçon guidait avec détermination la jeune fille, qui laissait remarquer l'apparition de sa réticence, à l'égard de la noirceur, qui l'entourait désormais. Alex ressentait l'angoisse des murs qui semblaient s'oppresser sur lui. Il pressa le pas, vers la première échappatoire qui se trouvait à sa porté. Le jeune garçon traina presque de force son amie dans sa marche et ouvrit promptement l'accès. Ils pénétrèrent dans une pièce glacé plongé dans l'obscurité la plus complète. La porte se referma d'un coup sec derrière eux, laissant naitre la panique dans leur corps muet et terrifié. Le jeune garçon se retourna dans l'affolement et agita la poignée de métal, dans le seul espoir de pouvoir l'ouvrir, sans succès. Les deux personnages se retrouvèrent piéger en silence dans la maison de l'horreur.


A la recherche d'un quelconque interrupteur, Alex palpa sans relâche les murs qui l'encerclaient. La petite fille sentait sa respiration se saccader, s'envenimer d'une peur qu'elle ne pouvait contrôler dans la situation dans laquelle elle se trouvait. Le jeune garçon, fini par toucher la surface du bouton convoité. Il n'hésita pas et l'enclencha instantanément. Une lumière lugubre prônait désormais au milieu de la pièce. Le jeune garçon soupira de soulagement comme si la page d'un cauchemar s'était arrachée d'elle même. La tête contre le mur frigide, il profita de ce  moment d'apaisement afin de prospérer sous une lueur insalubre. Rassuré et redevenu calme, Alex se tourna souriant vers son amie. Debout, Ilana se tenait immobile, et regardait droit devant elle, les larmes aux yeux. Confus, le jeune garçon s'approcha d'elle et posa sa main sur son épaule dans l'optique d'attirer son attention. Le corps de la fillette était de marbre, telle une sculpture de pierre, glacée et inébranlable. Une larme coula sur sa joue blanche,  puis deux. Alex suivi le regard de la jeune fille et découvrit la raison son état. 


Il leva les yeux et se retrouva épouvantablement en face d'une femme, une corde étreignant son cou, devant la lumière du plafond. Le cadavre surplombait une chambre étouffée, sans fenêtre. Ilana tomba sur ses genoux, et hurla. Son cri eu le pouvoir de déchirer l'atmosphère de la pièce et de raisonner sur les vibrations de l'air aux alentours. Cet hurlement avait été balancé dans le vide du désespoir. Au sol, la jeune fille continuait de crier, de pleurer, et de renouveler l'acclamation de sa miséricorde. Alex, abasourdi, continuait d'observer les balancements de le femme qui semblait se transformer. D'une main, le jeune garçon secoua lentement Ilana désespérément avachit sur un plancher glacé. Celle-ci releva la tête, les yeux rouges et gonflés, elle admira la peau grise de la femme se détacher de son corps, en particules. Son épiderme se transforma en souvenir lumineux qui était en train de se volatiliser dans une pièce sans issues. Peu à peu le corps de la femme de désintégrait puis s'envolait en éclats, quittant l'état d'une mort sinistre. Ilana observait les particules dorées disparaitre dans l'air et réchauffer la température de la chambre. Toujours debout, Alex remarqua qu'un amas de paillettes s'était formé en bout de papier chiffonné, présenté sur le lit, laissant apparaitre une lettre. 


La jeune fille commença à se relever, un peu tremblante et complétement bouleversée. Elle perçue à son tour, la feuille froissée au bord du matelas délavé. Ilana prit dans ses mains le papier et commença à découvrir la désolation de son contenu. Elle lu :


"Mon cher Henri,

J'ai essayé, et je ne peux pas lui pardonner. C'est trop tard, trop difficile. Elle m'a séparé à jamais de toi, l'unique amour de ma vie. Je sais que tu n'as jamais voulu nous faire du mal, mon amour, que ce n'était qu'un passage douloureux à surmonter  dans nos vies. Tu me manques tellement Henri, quand je la regarde, je ne vois que tes yeux dans les siens et ça me meurtri de vivre avec un démon qui t'as pris la vie. Tout est de sa faute, tu n'aurai jamais dû mourir, pas comme ça. Nous sommes des pêcheurs d'avoir pu élever une enfant du diable, capable de tuer. Je t'aime tellement Henri, je sais que l'homme que tu devenais la nuit n'était pas vraiment celui que tu étais, pas vrai ? Ce n'était pas de ta faute,  tu ne savais pas ce que tu faisais. Je n'arrive plus à vivre sans toi et supporter la présence de ce monstre au quotidien. Je dois en finir. Je te rejoins enfin, mon amour, dans un jour éternel et sans douleur. 

De ta bien aimée."


Ilana finit par quitter ses yeux de la lettre et murmura aux anges : "Pardonne-moi, maman."

RainWhere stories live. Discover now