Rain

Chapitre 9 : Sérénité retrouvée

Alex ne sachant quoi dire ou faire murmura simplement ces quelques mots mal trouvés espérant que cela réconforte à ses yeux sa chère amie.

- Je suis désolé, sincèrement.

Ilana le prit à nouveau dans ses bras frileux, qui n'apportaient aucune chaleur face à ce temps pluvieux mais qui quand même, réconfortaient cette triste atmosphère présente. La fillette le pressa soudainement avec force, contre son corps faible et douteux.

Ilana le voulait pour elle seule, non par possessivité mais par peur de le perdre. Une bien tendre amitié s'était formée entre ces deux enfants qui ne pouvaient que compter l'un sur l'autre, pour s'en sortir, et un jour revenir à la réalité. Un jour.

La jeune fille enfouit son visage dans le creux du cou d'Alex, qui se laissait faire à toutes les attentions de son amie pour ne serait-ce, lui apporter un grain de paisibilité.

Le jeune garçon commençait même à savourer son souffle mentholé, tellement cela le rendait fragile et vulnérable, fasse à sa peau qui elle, ne s'était pas faite a recevoir un million de frisons en un soupire.

Si le temps permettait à Ilana de rester ainsi pendant des heures, elle n'hésiterait pas à vouloir ressentir cette sécurité toute sa vie. L'amitié, la tendresse, cette poésie, et peut être l'amour que lui procure Alex.

- J'ai quelque chose à te montrer, parce que toi tu ne le sais pas encore mais tu es sur ma propriété.

Murmura la jeune fille sur un ton d'amusement, sans doute pour apporter un peu d'aisance à cette ambiance déstabilisante.

Ilana le tira en arrière délicatement, et tous deux se retrouvaient maintenant abrités sous la grange. Le jeune garçon toujours aussi observateur, scruta les quelques recoins de la pièce poussiéreuse et humide. Quatre meules de foin se trouvaient éparpillées, le sol était mélangé à de la poussière, et de la terre sèche ainsi que de la paille.

Une odeur de campagne enivrait cette grange qui semblait malgré tout, abandonnée. Il y avait une grande hauteur sous plafond et au dessus de leurs têtes, entre quelques poutres se nichaient des centaines de toiles d'araignées aussi grandes les unes que les autres.

Alex questionna son amie du regard, elle se contenta de lui répondre avec un tendre sourire largement suffisant pour faire attendre le jeune garçon qui se posait tant de questions restées sans réponses.

Il s'approcha d'elle et lui fit un petit bisous timide sur sa joue légèrement rosée. A cette action, Ilana rougit ce qui rendit cet instant plein de délicatesse.

La fillette s'aventurait au bout de la grange ou nulle lumière s'y trouvait, le petit garçon sur ses pas. Elle ouvrit une vieille porte en taule rouillée avec difficultés mais y parvint. Au delà s'y trouvait des vallées verdoyantes et fleurissantes  qui s'enchainaient.

La pluie s'abattait sur ces terres fertiles, et écrasait cette flore de flots. Au loin le soleil retentissait enfin. Pour replonger dans un sommeil, laissant sur son passage des couleurs qui rendait ce tableau unique.

Un orangé éclatant entremêlé a du jaune pâle et du rose grisâtre... Qui suivaient à la perfection les traces de cette étoile. Ce soleil qui éblouissait les pupilles de ces jeunes enfants qui admiraient main dans la main ce spectacle si silencieux.

Pendant un instant la pluie n'était pas le point général de leur paysage. Une brise légère, arrivait juste à faire bouger leurs cheveux qui s'entremêlaient au gré de celle ci.

Le soleil allait bientôt disparaître derrière ces plaines vertes emportant la beauté du monde avec lui, pour faire place à une sombre nuit qui régnait désormais.

Les deux enfants restaient à admirer les derniers rayons qui pointaient leur bout et un somptueux vent glacial bousculer leurs rêves.

Qui aurait cru que cet étrange cauchemar, si irréel et pourtant poétique et sombre puisse regorger d'autant de beauté. Sûrement pas la pluie qui reste comme spectatrice de la scène.

Ilana et Alex se décidaient enfin à croiser leurs regards, et prendre ce qui leur tendait sous la main pour se protéger de toutes averses malencontreuses.

Le jeune garçon trouva une vielle planche en bois assez large pour couvrir sa tête et la fillette un morceau de tôle trouvé non loin de la porte.

Ilana se dirigea d'un pas décidé vers un chemin qu'elle semblait connaître par cœur. Qu'elle en vient même à s'amuser, à sauter dans les flaques qui éclaboussaient ses petites bottines de natures blanches.

La fillette rigolait aux éclats sautant d'un pied sur l'autre, sans pour autant émettre le moindre bruit pour le petit garçon, en se moquant de sa tenue et de son aspect. Ilana voulait être candide et ne se soucier de rien.

Alex quant à lui, la suivait timidement, sans se faire remarquer. La pluie lourde rebondissait sur quelques parties de leurs peaux non protégées par leurs abris avant de tomber avec fracas sur le sol.

Ils se retrouvèrent devant une chaumière, les murs en pierre, recouverts la plus part de lierre d'un vert printanier. La petite demeure était encerclée de chênes plus grands les uns que les autres qui recouvrait cet habitat.

L'herbe était trempée sur ce sol fleurissant et à peine boueux. Cette vision était perceptible que par la lumière qui venait de la chaumière. Les fenêtres et la porte grandes ouvertes laissaient apercevoir un salon chaleureux.

Ilana stoppa ses enfantillages, laissant Alex se placer à ses côtés. Ensemble ils se rapprochèrent curieusement de la maison même si le visage de la jeune fille laissait apparaître un ton froid et appréhensif.

Les yeux de la fillette la trahissait car ils étaient remplis de rage et de tristesse. Voici une question de plus, rajoutée à la longue liste d'Alex qui observait intensément son amie. S'il ne pouvait obtenir des réponses, alors il observait pour ne serait-ce avoir un détail de plus qui lui serait utile, ou non.

Ilana prit machinalement la main du jeune garçon sans même le regarder en plissant ses yeux. Alex se plaça droit devant la porte avant de lâcher la planche en bois qui recouvrait sa tête et la fillette l'imita.

Alex s'avança rapidement vers la porte en guidant son amie par la main. Mais quelques secondes avant de franchir le seuil de la petite maison, les jeunes enfants entendirent des cris stridents et un fracassement de verre...