Chapitre 8 : Un sombre passé

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Les deux enfants se rapprochèrent d'avantage l'un de l'autre avant qu'Ilana ne referme leur étreinte en scellant leurs bras. Les deux têtes reposées sur l'épaule de l'autre. Cet instant fût à jamais gravé dans le temps.

Rien ne comptait, même la pluie ne donnait plus d'importance. Alex sentit Ilana trembler avant d'entendre ses pleurs.  Cette sensation d'impuissance  lui était plus insoutenable que n'importe quelle douleur physique.

- Il était là...

Réussit à articuler la fillette entre quelques flots.

- Qui ?

Murmura le jeune garçon avec le plus de tendresse possible pour mettre Ilana en confiance.

La fillette souffla et au moment où elle s'apprêtait à tout avouer, Alex se libéra de son emprise pour rapprocher aveuglément son visage du sien.

Leurs lèvres se frôlèrent jusqu'à déposer un petit baiser enfantin. Une douce et légère sensation, si innocente de la part de deux enfants qui ne connaissaient en rien à l'amour mais qui pourtant s'échangeaient tant de simplicité et de tendresse en un contact de lèvres. Un baiser.

- Il... Quelques fois, il rentrait très tard le soir. Chaque nuit où je ne trouvais pas le sommeil, qui lui, me portait à de meilleurs songes que la réalité, j'entendais ma mère crier. Puis certaines fois où plus aucun son ne retentissait, je savais qu'elle souffrait mais elle optait pour le silence. Sans doute pour me préserver une conscience idéaliste d'enfant.

Mais les autres nuits où la douleur semblait trop puissante. Je l'écoutais supplier, hurler, en vain...  Les coups résonnaient à la chaîne. Mes sanglots se versaient sur mon corps. Je n'avais aucun courage de sortir de ma chambre. Je voulais que ça cesse, si tu savais...

Je ne pouvais même plus me souvenir quand tout avait commencé, tellement cela me paraissait lointain. J'aurais voulu que mes prières se fassent entendre à chaque coup, chaque hurlement, et chaque larme... Mon dieu, mais qu'aurais-je fais pour avoir un simple sentiment de sérénité.

Puis un soir, la porte de ma chambre s'était ouverte brusquement sur une grande silhouette robuste se tenant de travers.  Recroquevillée dans mon lit, je me couvrait de la simple couverture que j'avais à portée de main.

J'avais peur et j'avais raison de l'être. Du sang, la douleur...  Je commençais à suivre le même chemin que ma mère et pleurer en silence. À chaque gifle une larme volait. Il m'arrachait mes songes à qui je tenais tant à rejoindre.

Je voulais tellement lui pardonner ou simplement oublier. Tous. Mes blessures, son visage, sa satisfaction dans son regard...  Mais ça devenait de plus en plus fréquent ainsi que violent. Ma mère voulait me défendre sans grand succès. Il était fort. C'était elle ou moi.

Un soir, pour la énième fois de la semaine, j'entendais des cris. Je pleurais encore une fois de toutes les larmes de mon corps pour ne plus rien entendre et étouffer ses cris.

Je me suis levée de mon lit, et ouvrit la porte de ma chambre avec haine. De toute façon si je ne le l'aurait pas fait mon père aurait accomplit cette tâche quelques instants plus tard.

Ma mère était allongée sur le sol. Mon père semblait m'attendre et m'indiquait de venir vers lui. Son sourire sadique aux lèvres, il aimait ça. Je me souviens exactement de ses paroles avec une once de défi...

"Tu es en colère hein !  Venges-toi vas-y !! Tues moi,  si ta petite conscience en est capable."

Il m'a tendu un pistolet noir très lourd. Je l'ai prit machinalement en le pointant vers celui qui se disait être grand,  fort, ainsi qu'invincible. Il rigolait bêtement et pour toujours je reconnaitrais cette odeur qui le définissait si bien : l'alcool.

Je restais immobile ne sachant quoi faire. Mes yeux restaient plantés sur le corps étendu par terre laissant apparaître toutes sorte de traces d'empoignes et de résistance. Mais qu'avait-il fait...

Il s'avançait dangereusement vers moi avec ses yeux perçants qui me terrifiaient. Ce regard... Il a fallut une seconde avant de remarquer le couteau qu'il tenait fermement dans sa main. Et une dernière seconde pour sentir une douleur incomparable aux précédentes, dans le bas de ma nuque qui gisait du sang aussi sombre que les actions de mon agresseur.

Puis sans hésiter, dans ma chute j'ai tiré. L'homme qui était mon père tomba raide sur le sol aux côtés de sa femme, de ma mère. Une balle dans la poitrine. Mort. Je m'étais relever avec tellement de souffrance pour me retrouver assise, entre mes deux parents. Je baignais dans une marre de sang chaud pù, une infime partie m'appartenait. Je restais abasourdi, sous le choc. Me balançant sur moi même, essayant de me raisonner de cette irréalité.

Les voisins avaient tous entendu le coup de feu, ce qui causa l'arrivée des  ambulances et de la police. Choqué de la scène d'épouvante, ls me demandèrent un par un comment j'en étais arrivé là. Je ne pu rien dire, à personne, pas un mot de pouvait sortir, comme un secret dont mon père détenait la clé. Et ce fut le cas jusqu'à maintenant. Ma mère s'en est sortit et moi aussi d'ailleurs mais pas indemne.

Ilana à la fin de son récit guida la main d'Alex vers le bas de sa nuque où se trouvait sa vieille cicatrice remarquée la veille par le jeune garçon.

- Toi tu as pu recevoir une dernière fois la tendresse de ta mère, moi j'ai dû une dernière fois combattre ce que l'on pourrait appeler mon père.

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Salut, ce chapitre était un peu lourd et écrit jusqu'à 1h du mat comme quoi l'inspiration n'a pas d'heure :D

Je voulais aussi remercier Mysterze pour la couverture du livre c'est vraiment beau j'adore !

J'espère que t'as aimé et que tu suivras les prochaines aventures d'Alex ("-") n'hésite pas à commenter et voter si l'histoire te plaît, merci !+_+

RainWhere stories live. Discover now