VINGT : CONFIANCE

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Je n'arrivais plus à dormir. Alors Emori m'avait préparé une espèce de potion-magique-qui-fait-dormir-car-une-future-maman-a-besoin-de-sommeil, et je m'étais écroulée sur le lit de camp à l'étage. Pour la première fois depuis longtemps, je bénéficiai d'un sommeil sans rêve ni cauchemar. Sans doute que mon cerveau estimait que ma vie éveillée me causait suffisamment de tourments pour en rajouter.

Ce sont les cris désespérés qui me réveillèrent.

Alerte, je me suis levée d'un bon - un excellent réflexe qui me servira dans ma vie de mère, j'imagine - et descendit les escaliers de verre quatre à quatre. Tous étaient présents dans le laboratoire, excepté John et Emori. Ces derniers étaient menotés à l'échelle menant à la navette, un mur de verre les séparant des autres.

- Elle voulait juste sauver sa peau, faut la comprendre ! On y touchera pas à votre machine à la con ! S'époumone Murphy, répétant inlassablement le même discours.

Ils savent qu'Emori a menti.

- Hé !

Je rejoins Clarke, Raven, Abby, Jackson et le roi des Azgedas Roan.

- Qu'est-ce qui se passe ?

Mon père me répétait toujours de poser mes questions, même si j'en connais déjà les réponses. Une tactique qui m'a sauvé plus d'une fois.

- Elle nous a menti à propos du natif qu'on a sacrifié, et a tenté de détruire la machine. Explique Abby, calmement.

- Et vous comptez leur faire quoi ? Emori a juste cherché à survivre, comme nous en ce moment.

- On testera la prochaine formule sur Emori.

Je me tourne vers Clarke, choquée.

- T'es complètement malade ou quoi ?

- On a besoin de sujets tests. On a pas le choix. J'ai pas le choix.

Raven se lève de son bureau, une expression grave sur le visage. Elle ne cautionne pas les actes de nos médecins jouant aux scientifiques fous. Ayant elle-même subit des tortures en tout genre au Mont Weather, elle ne peut que désapprouver.

- On traitait les gens du Mont Weather comme des monstres parce qu'ils cherchaient un remède à leur survie en utilisant des cobayes humains. Regarde où on en est, Clarke.

Ma meilleure amie se place à côté de moi et pose une main sur mon épaule, compatissante.

- Vous pouvez pas faire ça à Emori. Conclut-elle, catégorique.

- C'est bien touchant, mais comment on assure l'avenir de nos peuples ? On nous injecte votre remède en croisant les doigts pour que les radiations ne nous déciment pas ? Intervint Roan de sa voix rauque et grave.

Jackson regarde ses pieds, silencieux. Ça ne lui plaît pas non plus, mais il est autant persuadé que Clarke, Abby et Roan qu'il s'agit de leur unique issue. Clarke est elle aussi muette. Je connais notre chef, Clarke réfléchit. Elle ne veut pas non plus avoir à en arriver là.

- Je vais le faire, alors.

Avant qu'Abby ou qui que ce soit aie le temps de stopper son geste, Clarke saisit la seringue et s'injecte elle-même le liquide noir dans les veines. Elle sait comment s'y prendre.

- Non !

Mais l'aînée des Griffins n'y peut rien. Impuissante, elle observe sa fille. Le tube est à présent vidé et son contenu mélangé au sang de la Princesse.

- Je ne te le permet pas, Clarke ! Proteste la mère.

- Pourtant, il le faut. C'est une guerre, et une guerre se nourrit de sacrifices.

- Pas de celui de ma propre fille ! Si tu entres dans cette machine, tu mourras. Je l'ai vu.

Comme Raven avait vu la fusée, Abby a vu Clarke irradiée. On ne peut pas se fier à ces visions. Elles ne représentent pas l'avenir, mais le résultat de calculs effectués par le cerveau. Cela peut très bien être le fruit des inquiétudes et cauchemar du Doc, et non une vision du futur.

Clarke secoue la tête, déterminée. Alors Abby saisit une barre de métal et fracasse la vitre du caisson de simulation. Fini, le sang d'ébène artificiel.

 ̄ ̄ ̄ ̄ ̄ ̄ ̄

- Oui, un bunker fonctionnel. Octavia a gagné le conclave. Elle veut y faire entrer cent personnes de chaque clan. Explique Bellamy a travers la radio.

Cent survivants de chaque peuple. Voilà qui ravivera la colère des Skaikrus. Notre peuple venu du ciel ne connait pas l'honneur. Les natifs ne protesteront pas face à cette décision, alors que les quatre cent gens du ciel ne se plieront pas à la règle.

Clarke et Roan sont rentrés à Polis hier, après l'incident qui a condamné nos chances avec le sang d'ébène. Je serre la radio entre mes doigts, mes amis autour de moi. Nous attendons tous des nouvelles de l'extérieur, enfermés dans ce laboratoire, plongés dans les notes et les calculs.

- De notre côté, on espère toujours trouver une solution qui sauvera tout le monde. Répond Raven après le bip sonore indiquant que Bellamy est à l'écoute.

- La puce de Koda ne nous a rien appris, si ce n'est qu'à sa mort, son esprit sera téléchargé à l'intérieur comme Lexa. Explique Clarke, qui est avec Bellamy.

- En espérant que ça n'arrive pas de si tôt. Marmonne-je entre mes dents.

John me prend à part, loin du petit comité du laboratoire qui écoute la voix de nos leaders en attendant désespérément de bonnes nouvelles. Nous devons discuter de nos options.

- J'le sens mal, cette histoire de bunker partagé avec les natifs.

- Pareil. Ça ne peut que mal tourner. Cent Skaikrus au milieu de milliers de natifs qui ne nous aiment pas beaucoup... Si jamais on est sur cette liste...

- On a plus de chances ici, au labo, que dans leur bunker.

- On devrait rester ici.













D'accord, c'est un petit chapitre. J'écris cette nda pour vous informer qu'il reste encore deux chapitres à Paradise, et un épilogue. Ces chapitres sont réfléchis, il ne me reste plus qu'à les écrire. Savourez ces chapitres les gars, car il se pourrait bien qu'il s'agissent des derniers !

(2) PARADISE | j. murphyWhere stories live. Discover now