(2) PARADISE | j. murphy

ONZE ; DÉPART

－　Bellamy !

Je ne rattrapperais jamais le rover, je le sais bien. Pourtant je m'acharne à le poursuivre. Je ne comprend toujours pas pourquoi j'ai interdiction de partir en mission. Je suis en pleine forme et suffisament apte à combattre, ça je l'ai bien prouvé.

－　Bellamy ! Je continue de l'appeler en haletant.

Son visage tranché par les barreaux du rover ne flanche pas. Il me lance des regards furtifs et désolés. Le rover quitte l'enceinte d'Arkadia, et les gardez referment les portes derrière eux. Je me laisse tomber à genoux dans la boue, et cogne contre le sol avec mon poing en rugissant. Je m'asseois au milieu du chemin de terre, le reste des Skaikrus vaquant à leurs occupations.

Le chancelier Kane vient se planter devant moi, les mains sur les hanches. Je ne bouge pas et continue de fixer la porte qui me sépare de mes amis. Ma place est avec eux, en mission.

－　Cesse-ça tout de suite, Chase. On dirait une enfant.

Je me lève et lui fais face, le regardant droit dans les yeux, une lueur de défi dans le regard.

－　J'avais dût y aller à la place de Raven ! Elle est blessée, et c'est pas comme si je ne savais pas comment retrouver cette balise !

－　Kodaline, tu sais très bien pourquoi tu restes ici, me coupe-t-il d'un ton sec, ce n'est pas ton job.

－　Je serais cent fois plus utile là dehors qu'au service de distribution !

－　C'est non, retourne à ton poste.

Le centre de distribution. Sans blague ? Le point positif là-dedans, c'est que John et moi partons demain avec Jaha et ses treize compagnons. Et ce job minable à la distribution ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Je trie les vêtements des morts et les lavent avant de les redistribuer à ceux qui en ont besoin. Je gère les rations et ce genre de trucs. Rien de plus ennuyant, sachant que je suis une bonne tireuse et que je connais cette forêt comme ma poche. Tu ne peux pas toujours être au cœur de l'action, avait dit John.

Je plie un tshirt avant de le tendre à l'homme qui attend au comptoir. Il me remercie, mais je ne le remarque pas. J'ai le nez plongé dans le livre de compte, notant le nom de l'homme ainsi que le nombre d'items distribués.

－　Que voilà une préposée bien jolie.

Je lève les yeux de mes notes et fronce les sourcils.

－　De quoi t'a besoin, John ?

－　De rien, je voulais juste discuter.

Il vient me rejoindre derrière le comptoir et s'appuie contre le mur, bras croisés. Au moins, cela viendra apporter un peu de distraction dans ce travail ennuyeux à mourir.

－　Donc, commence-t-il alors qu'il n'y a plus personne dans la file, étant donné qu'on se casse demain...

－　Les sacs sont cachés dans la réserve. Il y a des vêtements, une couverture chacun, des rations de bouffe et des gourdes d'eau. Le coupe-je, sachant très bien où il veut en venir.

Il baisse les yeux puis me gratifie de son irrésistible sourire en coin.

－　Elle a pensé à tout, ma sauvage. Kane m'a dit que tu as encore tenté de partir avec l'équipe de recherche ?

Cela sonne plus comme une affirmation qu'une question ou qu'un accusation. Je me mords l'intérieur de la joue, mal à l'aise puis me replonge dans le livre de compte.

－　T'a fait tout ce que t'a pu ici, Koda. Partir en mission, aider Jasper, tout ça t'y peux plus rien.

－　J'essaie de me rendre utile.