QUATRE ; L'UNION FAIT LA FORCE

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Monty n'est plus revenu me voir après cela. Seul le président Wallace est venu me tenir compagnie comme promis, ainsi que l'infirmer Joels et le docteur Tsing. Cette dernière m'a prescrit des médicaments que j'ai commencé par cacher sous mon oreiller. Pas question d'avaler quoi que ce soit sans être certaine de leurs intentions. Puis les crises sont arrivées, et je n'ai plus eu le choix.

Il devait être tard dans la nuit, puisque j'étais épuisée. Toujours assise face à la peinture fade et banale qu'est ce portrait, j'éclatais en sanglot. Je tremblais si fort qu'on aurait cru à des convulsions. J'avais mal. Mal au cœur, mal à l'âme, alors je hurlais. De la même façon dont je l'ai fais seule dans cette grotte sombre et froide après avoir abandonné Atom. Tsing et son infirmier s'étaient presque immédiatement précipités dans ma chambre.

Le lendemain de la première crise, Tsing est venue me voir avec une pilule bleue. Je fus forcée de l'avaler devant elle. Et je comprend à présent, que cette chose n'était autre qu'une drogue.

- As-tu déjà tué quelqu'un Kodaline ? Me demande la doctoresse lors d'une énième séance de thérapie.

- Oui.

Mes yeux sont rouges et injectés de sang et mes lèvres sèches et pâles. Rester éveillée me fait souffrir.

- Les as-tu tués de ta main ? Ou est-ce une métaphore signifiant que tu as ces morts sur la conscience ?

- Ma mère. Atom. Myles. Kris. Connor. Deux natifs.

Tsing note ces noms sur son bloc-note, comme chaque parole que je prononce.

- Ma mère était ivre lorsqu'elle s'est suicidée. J'en avais marre, je l'ai provoquée et... c'est arrivé. J'ai abandonné Atom dans ce brouillard radioactif. J'ai abattu Kris de sang froid, par vengeance. J'ai regardé John étouffer Connor sans rien dire. Myles est mort sous ma responsabilité.

Pourquoi lui déballe-je tout ? Je ne suis pas dans mon état normal. Ils doivent me droguer. Les pilules, la nourriture ou l'eau ? Je devrais faire des tests. En attendant, je devais me concentrer du mieux que je puisse à mentir ou à me taire.

La séance suivante, je n'eu même pas besoin de parler.

________


- Ok, on a pas beaucoup de temps.

- Quoi, qu'est-ce qui se passe ?

Mya baisse la tête, tentant de cacher ses larmes.

- Maya... Commence Jasper, ne sachant quoi faire pour la réconforter.

- Je suis désolé... s'excuse-t-elle, chassant une larme de sa joue.

- Pourquoi tu dis que la fuite n'était pas un accident ?

- Parce qu'ils ont fait exprès de l'exposer aux radiations, intervint Monty, sans doute pour que tu acceptes de donner ton sang.

Maya hoche la tête, n'osant dire un mot. Les hommes des montagnes ont utilisé la jeune fille afin de soumettre le peuple du ciel.

- J'en étais sûr, Koda et Clarke avaient raison !

- Ferme-la, Monty.

- Écoutez, votre amie est dans l'aile psy. Ils la droguent afin de la rendre réellement folle. Elle a tenté de vous prévenir, et...

Maya perd ses mots. Monty s'apprête à répliquer, mais son ami lui lance un regard noir.

- Tu savais qu'ils allaient faire ça ? Demande Jasper.

Le garçon espère une réponse négative. Il ne supporterait pas que Maya l'ait trahi. La jeune fille secoue la tête.

- Et pourquoi auraient-ils fait ça ?

- Parce que comparé à ce que tu as fais pour moi, le traitement standard est franchement nul.

Le regard de Jasper croise celui de Monty au même moment. Clarke et Koda avaient raison : s'ils n'acceptaient pas de faire don de leur sang aux propriétés miraculeuses, on le leur prendrait de force.

- Le traitement standard ? C'est quoi, en fait ?

L'asiatique redoute sa réponse. Est-il certain de vouloir la vérité, ou ne pourra-t-il pas l'encaisser ? Maya leur fit signe de s'approcher d'une grille donnant sur une immense salle mal éclairée. La pièce descend dans les profondeurs de la terre et se divise par plusieurs étages. De grandes cages sont suspendues, des êtres humains à l'intérieur. Des natifs.

- Pourquoi est-ce que tu nous montres ça, Maya ?

- Parce que Koda va y passer, et que j'ai peur que ce soit vous les prochains.

_______

- Non, vous avez pas le droit de faire ça ! Wallace a promis ! Hurle-je d'un ton aigüe.

Les gardes me traînent de force dans le couloir de l'aile psy. Un homme habillé en costume s'approche, et les deux soldats cessent d'avancer. L'homme en question me relève la tête et me regarde droit dans les yeux.

- Les promesses que mon père vous a faites ne me regarde pas. Lâche-t-il d'un ton dédaigneux.

Je lui crache au visage sans aucune retenue. Un garde m'assène un coup dans les côtes comme punition pendant que son chef s'écarte en s'essuyant le visage. Je vais y passer, et pas seulement pour avoir manqué de respect à celui qui prétend être le fils de Dante Wallace. Sans doute n'ont-ils plus assez de natifs. Ou plus assez de mes amis.

Les soldats me soutiennent par les aisselles, me traînant sans trop de difficulté. Mes genoux nus raclent le sol en ciment, m'écorchant la peau. Uniquement vêtue d'une robe d'hôpital, l'air froid me glace le sang. Je continue de m'époumoner si fort que j'en ai mal à la gorge. Je hurle de toutes mes forces. Mais si mes amis sont déjà morts, cela ne sert plus à rien de résister. Puisqu'à présent, plus d'une semaine est passée. Peut-être deux. Et personne n'est venu à notre secours, pas même Clarke bien que je ne la crois pas capable d'abandonner les siens de cette façon. À présent, mes cris se mêlent à mes larmes. J'en ai assez de me battre alors qu'il n'y a sans doute plus personne pour qui se battre. Alors que je reprend mon souffle, on me plante une seringue dans le cou et y vide son contenu. C'est reparti pour une série de cauchemars.

______

C'est de nouveau mon père qui vient pourrir mon inconscience. Devrais-je dire que je ne m'y attendais pas ? Ce serait mentir, dans ce cas.

- On ne peut pas dire que tu t'en sortes si bien que ça, Koda.

- Oh, ta gueule. Jusqu'ici j'ai eu une putain de chance, alors vient pas me dire ça, d'accord.

Il faut l'admettre, j'ai survécu à bien des choses en moins d'un mois. Personne ne peut m'enlever cet exploit-là, pas même mon père.

- Écoute-moi bien, Kodaline.

Lorsqu'il prononce mon nom, un frisson semblable à une décharge électrique me parcourt.

- Quoi qu'ils te fassent, continue de te battre. D'accord ?

- T'inquiète, j'ai pas envie de rejoindre ton club des papas-morts.

Le fantôme de mon père vient prendre mon visage entre ses deux mains, comme je l'ai fais pour John lorsqu'il voulait tuer Myles. C'est sérieux, ce qu'il a à me dire. Ce n'est pas le moment de plaisanter.

- Ils vont venir te chercher. Ils vont te sauver, Koda. Parce que je te l'ai dis, l'union fait la force.

L'union fait la force.

(2) PARADISE | j. murphyΌπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα