11-Bombe à retardement

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-23 Mars 2059-

Aujourd'hui, lire un livre me semble insurmontable. Mon cerveau est en compote. J'ai donc pris l'initiative, avec Simon, de continuer avec le tir à l'arc après une heure passé à tourner plusieurs feuille de papier.

- Tend. Ferme ton œil. Lâche.

La flèche part à tout allure et se fige dans la cible. Certes, ma précision n'est pas encore parfaite mais j'en suis satisfaite.

- Tu t'améliores. Alors que moi, j'ai l'impression de régresser de plus en plus, maugrée Simon.

- Ne t'inquiète pas tu vas y arriver. C'est juste un coup de main à prendre.

Je lui tends l'arme.

- Ça ne sera pas pour demain.

Je délaisse l'arc pour revenir sur la cible précédente munie d'un pistolet à bille qui imite à la perfection sa sœur -qui elle est mortelle. Le désespoir se fait sentir dès la première balle, sur dix je ne dois même pas en mettre une. Et ne parlons pas de mon adresse légendaire qui a manqué d'embrocher Héliane sur place.

Simon délaisse son activité pour me venir en aide. Il redresse mon bras et me ferme un œil. Je l'oublie à chaque fois.

- Evacue toute cette mauvaise énergie de ton corps et laisse toi envahir par les ondes positives.

Un soupir s'échappe de mes lèvres.

- Arrête ton baratin.

- Dit le si je t'énerve.

Il imite une moue triste qui disparaît aussitôt. Il m'aide encore pour un dernier tir puis nous partons pour manger le repas du soir. L'appétit me manque alors qu'au contraire j'ai pris du poids. La nourriture doit être plus riche ici qu'elle ne devait l'être au 6.

Je ne tarde pas trop longtemps autour de la table et pars prendre une douche. Il ne doit pas être plus de 21 heures et le sommeil commence déjà à me manquer. Il est impératif que j'arrive à tenir jusqu'à tard le soir. Je me demande même si le café est assez revigorant.

Une fois propre et habillée, je m'impose de lire quelques pages. Je bouillonne intérieurement, tirer dans une cible n'a fait que ranimer ma combativité.

La bibliothèque est mon nouveau repère. Cet endroit est mon gouffre d'air frais. Il est le seul qui me permette d'oublier les cauchemars qui chaque nuits se réitèrent. Chaque jour, je m'assieds à la même table, face à la même tablette. J'apprécie le compte personnel mi à notre disposition. Il nous permet d'y ranger nos plus noir secret ou juste quelques idées.

Ranger ou cacher sont de bien grands mots. Je sais pertinemment que les Autres nous épient. Je ne me gène donc pas pour y laisser entendre mon avis. Il m'arrive aussi, des fois, d'y laisser un message pour leur gouverne. A chaque instant, il faut se rappeler que les Etrangers sont partout et nul part à la fois.

Je reste dans la pièce jusqu'à ne plus entendre aucun bruit. Ma tête passe dans l'embrasure de la porte pour vérifier mes affirmations. Pas un chat. Une fois de plus, je suis fidèle à ma routine et me saisis du couteau de cuisine. Je suis prête. Le couteau passe dans la fine extrémité de la trappe et coulisse de tout son long. Elle ne cède pas. J'en ai marre et plus que marre. Pour la première fois, aussi violente soit-elle, je le désespoir me submerge tel un tsunami. Je ne pourrai jamais partir les retrouver.

- Putain !

Les mots et le couteau m'échappent d'eux mêmes. Ce dernier se plante, raide, dans le sol, en formant une mince entaille. Rageuse, je descends de ma chaise et la pousse d'un coup de pied au loin.

Expansion [TERMINEE]Where stories live. Discover now