Chapitre 24

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"-Ana !

-Oui ? dis-je en me tournant

-A quoi tu joues ? me demande Clarisse . Tu rates trois cours de GRS et tu reviens comme si de rien n'était ! Tu n'as prévenu personne, tu ne viens pas t'excuser et je suppose que tu n'as pas non plus de motifs ?!

-Je suis désolée, mais c'est compliqué chez moi et je ne pense pas devoir me justifier de cela ! »Lui crachai-je au visage.

De ces paroles, je me détourne de ma professeur de GRS et retourne à mes entraînements.

Je marche d'un pas nonchalant vers les cerceaux. Je saisi un cerceau, puis deux, puis trois, puis quatre, puis...

"-Que fais-tu Ana ? M'interpelle Karine

-Ça te regarde ? "Répondis-je d'un ton agressif en me relevant doucement et en la fixant d'un regard persan.

Elle n'ose pas répondre et s'éloigne doucement de ma vue en baissant les yeux. 

Je reprends donc mes esprits et je vais m'asseoir dans un coin, avec mes cerceaux. 

Je sens le regard de Clarisse se poser sur moi. Je me lève donc, calme et détendue et m'avance jusqu'à atteindre le milieu de la salle. Tout le monde s'écarte et la foule forme un rond autour de moi. Je reste plantée un instant en les analysant un par un. 

Je sors mon téléphone de ma poche, le pose à mes pieds, mets deux cerceaux dans chaque mains, positionne mes pieds, regarde une dernière fois la population ahurie qui m'entoure, penche la tête en arrière et ferme les yeux.

Je laisse mes émotions guider mes pas sur le sol couvert de tapis. Je ne ressens rien au début. Puis, petit à petit, c'est comme si le monde autour de moi disparaissait et que mes sentiments en créaient un à mon image. Mes bras passent de légers à lourds, de lourds à légers, mes jambes balancent en pas de danse, ma tête tourne, va et viens, mon corps se contorsionne, les cerceaux volent, mes cheveux suivent les mouvements de mon corps, mais chaque cheveu a pourtant sa part de poésie et de de liberté dans cette chorégraphie improvisée. Des larmes coulent le long de mes joues, puis sèchent. Un léger sourire apparaît mais est vite remplacé par une vague de dégoût. Mon expression redevient neutre, mais détendue. 

"Fais moi confiance !"

De la peur survint à son tour, mon cœur ne fait qu'un bond et mes jambes cèdent d'un seul coup. Mon dos frappe violemment le sol, mes bras s'étendent et j'entends les cerceaux tombés un à un autour de moi.

Puis plus rien.

Au bout de quelques minutes je pense, je commence à percevoir de petits chuchotements.

J'ouvre avec difficulté les yeux que je cligne plusieurs fois à intervalles irrégulières. 

J'aperçois les personnes de mon groupe en flou, puis plus clairement. Clarisse s'approche de moi, une poche de glace à la main.

Je me relève en position assise et rejette d'un petit geste les glaçons. Clarisse n'insiste pas. Je pose la main sur mon front et me relève délicatement en attrapant mon téléphone. Je ramasse mes cerceaux et les range. 

Je prends ensuite la direction de la porte de sortie et comprends très vite qu'aucune des personnes présentes dans cette salle n'a détaché son regard de moi. 

Je me tourne vers eux, d'un mouvement glacial qui produit chez eux un souffle court.

"Qu'est-ce que vous voulez ? criai-je . Je ne suis pas un spectacle ! " 

Je retourne d'un vif pas au vestiaire, ne prends pas le temps de me changer et ne fait que récupérer mon sac. 

En marchant dans les longs couloirs de l'école d'art, je capte la lumière d'une salle entrouverte. J'y glisse un œil. C'est un cours de dessin. Le silence règne. Chaque élève est concentré sur son oeuvre. Je me rappelle alors de mon devoir d'art plastique. 

Un passé accroché [ EN REECRITURE ]Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora