Chapitre 21

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Les deux policiers me font asseoir sur la chaise qui tient compagnie à celle de ma mère. Elle me regarde, suante elle aussi. Les deux agents de police nous laissent face au commandant.

On se prend les mains et le fixons :

"-Bonjour Mesdemoiselles ! Dit-il en ne nous laissant pas le temps de répondre. Commençons par le moins grave. Si vous le voulez bien ? - nous acquiesçons de la tête -. Sachez jeune demoiselle, que dormir devant un important bâtiment de la ville est une erreur à ne pas reproduire. Je ne vous pénalise pas pour cette fois, mais ce sera la seule.

-D'accord, merci, répondis-je timidement

-Maintenant passons au plus grave, dit-il la voix tonnante, me regardant baisser la tête. Une certaine Chloé DUVAL a porté plainte contre vous.

-Pour quelles raisons ? demande ma mère inquiète et aussi étonnée que moi.

-Pour une histoire de suicide, déclare-t-il, cette plainte date de 4 mois, bientôt 5. "

***

Nous sortons du commissariat déboussolées. Je marche aux côtés de ma mère, dans le silence complet. 

Nous rentrons chez nous, claquons la porte et allons chacune nous affalées sur nos lits. 

J'étouffe mes cris de désespoir, de colère et de tristesse dans mon oreiller humidifié par mes larmes. J'ai promis à ma mère de toujours lui dire où je serai désormais. 

Nous avons besoin du soutient de l'autre en ce moment. Depuis cette discussion avec le commissaire...

Je suis bouleversée par cette plainte qu'a déposée Chloé contre moi. Comment a-t-elle pu me faire ça ? Je n'ai rien dit moi ! C'est resté dans le cadre familial ! Et ça le devait ! 

Moi qui pensait que son message était sincère... Je suis trop naïve !

Emplie du sentiment de trahison, je saisi mon lecteur MP3 et mon sac et informe ma mère que je sors dans le parc. 

Je branche mes écouteurs, les mets dans mes oreilles et mets la musique suffisamment forte pour que je puisse un minimum m'évader. Mais cela ne marche pas.

Je rase les murs, prends la petite rue qui amène à la porte la plus discrète du parc.

J'emprunte ensuite de petits sentiers du parc et sillonne des platanes, des cerisiers nus, des saules pleureurs et des pruniers. 

Mes pieds traînent dans le sable des chemins, faisant un bruit qui semble déranger certaines personnes âgées.  

Mes yeux restent figés sur le sol, mon corps se déplace machinalement, mes bras se balancent lentement.

Des enfants me regardent étonnés. J'essaye de leur sourire mais je n'y arrive pas. Très vite, les parents viennent prendre les enfants et font de sorte qu'ils ne me voient plus.

Quand la musique commence enfin à s'imprégner de moi, je m'assois sur un banc, m'écroule, ferme les yeux et laisse mes émotions se déclarer en silence, dans ma tête. Des larmes coulent doucement le long de mes pommettes, ma bouche se crispe, mes sourcils se froncent, mon corps entier s'immobilise. 

Lorsque j'ai réussi à vider ma tête, tout mon corps se relâche. 

Une main me saisi le bras et j'ouvre subitement les yeux en sursautant bruyamment. 

Un passé accroché [ EN REECRITURE ]Where stories live. Discover now