Salut Voisine !

CHAPITRE 22

Comment j’ai pu m’embarquer dans cette galère ? Il y a très exactement une semaine, je passais ce qui devait être la plus belle soirée de ma vie avec mon petit copain incroyable. Et aujourd’hui, sans même en avoir parlé avec lui avant de venir, je me retrouve dans l’appartement de son grand frère. Je suis tellement nerveuse qu’en sortant d’ici, c’est sûr, il ne me restera plus aucun ongle à ronger. Si seulement Alice n’avait pas débarqué à l’improviste chez moi ce matin, je ne me serais pas sentie obligée de la suivre jusqu’ici, je ne serais pas montée dans sa voiture, et je ne serais pas entrée chez elle. Maintenant que je me retrouve seule dans ce salon, sur ce vieux canapé, je me rends compte que j’ai fait une énorme connerie. Je n’aurais jamais dû venir ici, j’aurais au moins dû prévenir Reed, je suis certaine qu’il va m’en vouloir. Je lui cache quelque chose de très sérieux pour la première fois et je me sens coupable. J’aimerais pouvoir sortir d’ici et m’enfuir à toute vitesse pour éviter le face à face. Mais comment rentrer chez moi après ? Je ne peux appeler, ni mes parents, ni Reed, je risquerais de me perdre en prenant le bus, et il est hors de question que je fasse du stop. Je suppose que maintenant je suis fichue. N’empêche, je me demande bien pourquoi James tenait tant à me parler, c’est d’ailleurs l’insistance d’Alice à ce sujet qui m’a convaincue de venir. Et puis je suis curieuse de le rencontrer. Depuis le temps que j'entends parler de lui. Et tous ces mystères qui tournent autour de ce fameux grand frère m'ont rendue curieuse. Alors j’essaie de me calmer durant les quelques secondes qu’il me reste avant que la porte d’entrée ne s’ouvre enfin. Je me lève presque aussitôt, dans un sursaut, et aperçois un garçon très élégant dans l’entrée, vêtu d’une chemise bleue sans le moindre pli et d’une cravate noire, qui lui donnent un style homme d'affaire très attirant. Ses cheveux sont coiffés à la perfection, un détail qui le différencie de Reed. Pourtant quand il s’approche enfin de moi, je comprends qu’il est bien le portrait de son frère. Les mêmes yeux, le même nez, les mêmes fossettes, la même démarche…je pourrais presque les confondre si le temps n’avait pas eu plus d’emprise sur James. Bien qu’un détail en particulier m’interpelle, son sourire. Celui de Reed est souvent moqueur et dragueur, surtout la première fois qu’on le rencontre. C’est une des choses qui m’attirait autant qu’elle me repoussait chez lui. Même si je refusais de l'admettre. Mais James, n’a aucune once de moquerie sur le visage. Juste un air bienveillant qui me met tout de suite en confiance, et ce n’est pas simple de le faire quand je suis aussi nerveuse. Il me tend sa main, avec un naturel déconcertant.

- Tu dois être Avery. Je suis plus que ravi de te rencontrer.

Je reste comme figée devant lui, pendant un certain temps qui provoque un malaise que je suis incapable de dissimuler. Mais James ne change pas d’expression une seule seconde, il continue de me tendre sa main, en souriant de toutes ses dents. Je me rends compte que je suis intimidée pour rien, ce garçon est adorable. Je reprends donc mes esprits en souriant à mon tour, et je m’empresse de lui serrer la main.

- Je suis aussi ravie de faire ta connaissance. Je...j'ai beaucoup entendu parler de toi.
- Vraiment ?

Il a l'air très surpris.

- Oui. Enfin...pas directement. Et jamais très clairement. Sauf de la part d'Alice.
- Ça ne m'étonne pas. En tout cas Alice m'a aussi beaucoup parlé de toi. C'est pour ça que j'avais hâte de te rencontrer.

Comme si Alice en savait beaucoup sur moi. Les seules fois où on s'est vues elle n'a pas pu m'interroger sur ma vie puisqu'elle était trop occupée à exiger mon aide. Malgré tout je suis certaine que c'est quelqu'un de bien qui ne veut que le bien de celui qu'elle aime. James me fait signe de reprendre ma place, tandis qu’il va s’installer dans le fauteuil en face de moi. Reed se serait jeté à mes côtés sur le canapé comme un énorme animal de compagnie, pour se coller à moi et me harceler jusqu'à avoir des papouilles. Ce crétin.