Salut Voisine !

CHAPITRE 19

Ça y est. Je suis devant sa porte. Je cherche mes mots, mais j’ai l’impression que je ne sais même plus en aligner deux. Je sens le stress monter en moi, mes mains se mettre à trembler, je déglutis péniblement en dirigeant mon index vers la sonnette. Quand soudain la porte s’ouvre, avant même que j’y ai touché, pour laisser place à…la jolie blonde. Et merde. Elle est encore plus jolie de près. Ses yeux sont d’un vert magnifique, un rouge écarlate recouvre à la perfection ses lèvres pulpeuses, et encore une fois, elle porte une robe digne d’un vrai mannequin. Et moi qui suis plantée là devant elle, avec un sweat-shirt et un jean. Je me sens incroyablement laide. Plus que jamais. C’est le genre de personne qui te jetterait un regard méprisant dans la rue parce qu’elle se croit supérieure à toi, mais à ma grande surprise, après m’avoir détaillée de haut en bas, elle se met à sourire sans aucune once de mépris.

- Salut.

Elle vient de me parler. Elle vient de le faire. Qu’est-ce que je suis supposée répondre ? Je ne sais plus comment agir face à quelqu’un d’aussi imposant.

- Tu es une amie de Reed ?

Je dois répondre. Je dois dire quelque chose !

- Non je…je m’appelle Avery, je suis sa voisine. J’habite en face.

Je pointe du doigt ma maison sans vraiment savoir pourquoi je le fais. Comme si j’avais besoin de préciser mes dires. Son sourire, qui jusqu’à maintenant était lumineux et m’impressionnait, s’efface légèrement lorsque que son regard se pose sur ma maison.

- Tu habites là ?

Pourquoi ça a l’air de la surprendre ? Ou…de la déranger ? Je vois bien qu’il y a un truc qui cloche, mais je ne peux pas lui demander ce que c’est, puisque Reed surgit soudain derrière elle. Il nous regarde tour à tour, et j’ai presque l’impression qu’il et sur le point de partir en courant, ou de s’évanouir. C’est quoi son problème ? Sa réaction est encore plus inquiétante que la dernière fois. Pourquoi ne veut-il pas que je parle avec cette fille ? Il reprend ses esprits très vite en sortant.

- Merci d’être passée Alice, je crois que tu devrais t’en aller.

Cette dernière n’a pas l’air d’avoir envie d’obéir. Elle me regarde à nouveau, perplexe.

- Tu ne m’avais pas dit que tu avais une nouvelle voisine aussi mignonne.

Mignonne ? Elle me trouve mignonne ? Mais c’est un compliment ou elle se sent juste menacée ? Non aucune chance, il n’y a qu’à la regarder, personne ne pourrait la menacer elle.

- Je ne vois pas pourquoi je te l’aurais dit, répond aussitôt Reed avec une pointe d’agressivité et d’impatience dans la voix.
- Je crois qu’au contraire tu vois exactement pourquoi.

Et je crois que je suis la seule ici qui ne voit pas du tout de quoi ils veulent parler. Je devrais d’ailleurs me manifester, puisqu’ils ont l’air d’avoir oublié ma présence, mais je n’en fais rien. Je les laisse continuer.

- J’imagine que tu ne lui as jamais parlé de moi non plus.
- Alice je t’ai dit de partir. Ne m’oblige pas à le répéter.

Elle sourit déçue, puis va déposer un baiser sur sa joue, laissant une marque rouge sur sa peau. Assister à cette scène me gêne un peu. Je me sens de trop, et je n’ai qu’une envie, c’est de partir très loin de ces deux-là.

- Un jour tu devras apprendre à assumer tes actes Reed, déclare-t-elle avant de descendre les escaliers du porche.

Elle se retourne juste avant d’entrer dans sa voiture pour me saluer, en souriant à nouveau.