CHAPITRE 11

469 50 3
                                    

Reed a vraiment été adorable hier soir. J’ai pu rentrer chez moi saine et sauve, et je n’ai pas subit un long interrogatoire de mes parents à mon grand soulagement. Je pense que c’est surtout parce que ma mère m’a vue sortir de la voiture de notre voisin. Cette folle. Je dois bien des remerciements à Reed. Et des excuses pour avoir été si distante. Après tout, il n’y est pour rien si j’ai un problème de méfiance envers le sexe opposé. Je sais que je devrais me méfier de lui, mais…je suppose qu’il me fait de la peine à vouloir me protéger de lui-même. Ça me donne envie d’en savoir plus, c’est peut-être l’effet qu’il recherche. Alors dès que j’ai enfilée ma combinaison verte, je sors de chez moi, sa veste à la main. Ça me donne un prétexte d’aller le voir. Bon sang, voilà que je commence à chercher des prétextes. C’est pathétique. Après avoir sonné, je dois attendre une bonne minute avant que quelqu’un ne vienne enfin m’ouvrir. Et c’est justement celui que je suis venue voir. Je lui souris aussitôt en lui tendant sa veste.

- Salut. Je suis venu te rendre ça.

Il regarde la veste, puis moi, avec une vitesse folle. Il a l’air préoccupé par quelque chose. On dirait presque que je suis la dernière personne qu’il aurait voulu voir maintenant. Je me demande bien pourquoi. Il ne parle même pas.

- Est-ce que tout va bien Reed ?

Il secoue légèrement la tête, puis affiche un sourire qui ne ressemble pas du tout à ceux auxquels il m’a habitué. Qu’est-ce qui peut bien le mettre dans cet état ?

- Ouais ça va.

Il attrape sa veste rapidement et repose sa main sur la poignée de la porte, prêt à la refermer.

- Tu ne tombes pas vraiment au bon moment. Tu pourrais repasser plus tard ?

Je ne tombe pas au bon moment ? Comment ça ? Qu’est-ce qu’il faisait ? Avec qui ? Non, ça ne me regarde pas, et pour être honnête, je n’ai absolument aucune envie de le savoir. Je respecte sa demande, après tout je ne suis que sa voisine, je ne peux pas m’imposer.

- Bien sûr, mais tu es sûr que ça va ?
- Oui tout va bien. Alors à plus tard.

Il commence à pousser la porte, mais avant qu’elle ne soit complètement fermée, j’ai le temps d’entendre une voix de femme provenir de l’intérieur. Ce n’est pas celle de madame Ingram, loin de là. C’est une voix de jeune femme, sûrement un peu plus âgée que moi.

- Reed je ne vais pas tarder à partir !

Sa voix est douce, et suave. Presque trop niaise, mais le genre que tous les garçons aiment entendre. Je me demande bien à quoi elle peut ressembler. Je sais que je ne devrais pas, et que la curiosité n’a jamais été une qualité pour moi, mais je ne peux pas m’empêcher, en arrivant devant chez moi, de me cacher derrière la clôture pour observer au loin l’entrée de la maison des Ingram. Après seulement quelques instants de culpabilité, je vois enfin Reed et une inconnue sortir. Ils ont l’air très proches, en tout cas il la regarde d’une manière particulière. La grande blonde, au corps parfait de mannequin, a l’air d’être un peu plus sur la réserve. Comme si elle craignait de se rapprocher de lui. Je me demande bien qui elle est. Avec ses talons aiguilles, sa robe épousant ses courbes à la perfection et son sac de marque, elle ne doit pas être du coin c’est sûr. Si j’avais vu quelqu’un comme elle dernièrement dans le paysage, je crois que je m’en souviendrais. Ici, comme un peu partout je suppose, les filles sont ou trop vulgaires, ou dans la simplicité. Jamais elles ne sont aussi classes que la blonde qui monte à présent dans une décapotable noire. Reed se penche un instant sur la portière pour lui dire quelque chose, puis je la vois partir à toute vitesse, les cheveux dans le vent. Elle était vraiment très belle. Et visiblement elle ne laisse pas mon voisin indifférent. Mais qu’est-ce que j’en ai à faire de toute façon ? Ce n’est pas comme si…j’étais jalouse ou…bref. Je pense que je devrais rentrer chez moi. J’attends que Reed disparaisse de ma vue pour filer dans ma maison. Pourquoi il ne m’a pas parlé d’elle ? Elle a l’air importante pour lui. C’est bizarre qu’il ne l’ait pas mentionnée. Et pourquoi il avait l’air si inquiet à l’idée que je découvre sa présence quand il m’a vue ? J’en ai assez de tous ces mystères, et de me prendre la tête. Je monte dans ma chambre pour allumer mon tourne-disque et m’asseoir au rebord de ma fenêtre que j’ai couvert de petits coussins moelleux. Mon téléphone se met à vibrer dans ma poche, c’est Reed justement. Je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi rapide.

Salut Voisine !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant