CHAPITRE 21

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Ma mère vient de passer au moins une demi-heure dans ma chambre. Elle voulait absolument me convaincre de me trouver une jolie tenue pour mon premier rendez-vous en amoureux avec Reed de ce soir. Heureusement que je n’ai pas choisi de suivre ses conseils, sinon je me serais retrouvée avec une jupe plus courte que ce que je porte en-dessous. Non j’exagère peut-être un peu, mais je ne suis pas non plus si éloignée de la vérité. Quand je sors enfin de ma maison, échappant ainsi à de nouveaux conseils en amour de ma mère, et à de nombreux rappels de mon père sur les numéros d’urgence à faire en cas de danger, le sien étant le premier, je sens que je peux enfin souffler un peu. Je vais passer une bonne soirée, loin de cette maison de fous. Je vais rejoindre Reed devant sa voiture, prête à l’embrasser, mais au lieu de ça, il pose ses mains sur mes épaules et me retourne pour me pousser vers le côté passager. Tout en ouvrant la porte, il chuchote à mon oreille :

- Ma mère nous espionne par la fenêtre.

Lorsqu’il referme la portière derrière moi, je lève la tête pour jeter un coup d’œil vers les rideaux de la fenêtre. En effet, il y a bien une tête qui dépasse et qui nous observe. Elle est vraiment très mal cachée. Ou elle s’en fiche complètement qu’on la voit, ou elle est vraiment nulle pour se cacher. Je pencherais pour les deux propositions. Je n’arrive pas à croire que nos mères en fassent autant. Des mères normales s’inquièteraient pour leurs enfants, elles ne se comporteraient pas comme de vraies adolescentes folles. Je sens que je peux finalement me détendre quand on quitte le quartier. Reed regarde dans le rétroviseur en souriant.

- Tu crois qu’elles nous ont suivis ?
- Non elles ne sont pas assez discrètes pour ça. Par contre elles peuvent avoir engagé quelqu’un pour le faire.
- Je peux me la jouer Fast and Furious si ça peut te rassurer.
- Je serais encore plus rassurée de rester en vie, mais merci.

Je sors mon téléphone de mon sac pour vérifier que je n’ai pas reçu de messages, mais Reed s’en empare avant même que je puisse l’allumer. Il le range dans sa portière en secouant la tête.

- Ce soir Voisine, tu n’es qu’à moi, et je ne suis qu’à toi.

Il m’adresse un rapide clin d’œil, toujours plein de narcissisme, qui me fait sourire et soupirer en même temps.

- Quel cadeau incroyable on me fait franchement.  Je n’imagine même pas le nombre de filles qui tueraient pour être à ma place.
- Oh je peux te dire approximativement combien, je suis doué pour les repérer.
- Mais pas pour la fermer.

Je lui donne un coup dans l’épaule, mais au moment où je recule ma main, il l’attrape, et entrelace ses doigts aux miens. J’admets rougir un peu pendant un instant, c’est la première fois qu’on se tient la main en étant ensemble. Je serre sa main rapidement pour oublier la gêne que ce contact me provoquait il y a quelques instants. Elle est chaude et rassurante. Et nos deux mains posées sur sa cuisse, on poursuit notre route, qui est bien plus longue que je ne le pensais. On doit bien rouler 45 minutes au moins. Je me demande bien où on va, je ne connais pas du tout cette région. Cependant, je m’abstiens de poser des questions, pour ne pas montrer à Reed mon impatience insupportable. C’est une chose que je déteste vraiment chez moi. Et je dois faire appel à absolument toutes les forces que j’ai en stock pour ne pas la laisser sortir. Heureusement, on se gare enfin dans un petit parking, face à un restaurant dont les lettres du néon rouge géant forment le nom : Monroe’s. Et à en croire ce qui est inscrit en dessous en anglais, c’est un restaurant inspiré des années 50. Je n’y crois pas, il a vraiment fait ça ? Je me tourne vers mon voisin, complètement surexcitée, quand il m’attrape par la taille pour m’attirer et m’embrasser avec fougue. Normalement quand je suis dans un état de pile électrique, personne ne peut m’arrêter. Mais là, son baiser m’envoûte totalement et me fait oublier absolument tout le reste. J’ai l’impression d’avoir dormi pendant des jours quand nos lèvres se séparent finalement, c’est dingue. Reed m’observe un instant en caressant ma joue, un sourire étirant ses lèvres.

Salut Voisine !Where stories live. Discover now