37. Se conjuguer au pluriel, en tout temps

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”L'amour est l'emblème de l'éternité. Il brouille toute notion de temps, efface tout souvenir d'un début, annule toute peur d'une fin.”

Madame de Staël

Cher journal, cher passager d’une génération passée ou future ayant trouvé ces mots à l’aide du T.A.R.D.I.S, cher je-ne-sais-qui désireux de connaître mes plus intimes pensées et finalement, principalement si j’osais, cher romantique en mal d’amour ; je l’aime. Encore plus au réveil qu’au coucher. Encore plus à présent que les rayons blonds caressent le bout de son nez et que seul les draps couvrent son corps. Si les mots pouvaient être films, si l’on pouvait partager nos souvenirs d’un simple coup de tête, si l’on pouvait transmettre une sensation par le biais de lettres reliées les unes aux autres, sois bien certain que je le ferais. Mais je ne suis pas certaine de pouvoir partager ce que je ressens à présent. 

Silence. Tension. Charnelle. Corporelle. Spirituelle. Amoureusement leur.

— Oh, et puis, que le monde implose, finit-il par céder. Au diable les conventions, si je vous veux embrasiée ici et maintenant, alors il me suffit de vous embrasier ici et maintenant. Pour que chaque seconde compte.

— Hic et nunc. Carpe diem, carpe noctem, répondit la jeune fille.

Elle s'abreuvait de ses paroles, alors qu’il se nourrissait de ses lèvres et glissait aux creux de son oreille monts et merveilles. Ici et maintenant. Vivre au jour le jour, nuit après nuit.

— Tu es magnifique, murmura-t-il. Et je crois bien que tu es la seule à ne pas le savoir. Alors je te le répéterai, encore... et encore... et encore et, hmm, encore... Rentre ça dans ta jolie petite tête pour moi, veux-tu ?

Elle rougit et consentit. Pour la première fois depuis de longs, très longs mois, elle ne se sentit pas gênée par son corps. Son corps aux clavicules apparentes et aux côtes palpables. 

Comme pour attester de ses propres paroles, Ethan entreprit une balade qu’il avait toujours entrepris sur le sinueux chemin d’un corps que l’envie cambrait. Ses genoux autour de l’étroit bassin, ses mains perdues dans un amas de cheveux roux, il déposa un premier baiser sur le front de son Elizabeth, fit un arrêt sur le bout de son nez et une brève pause sur la commissure de ses fines lèvres. Les siennes épousèrent chez la jeune fille la mâchoire, puis la nuque, s'éloignèrent, revinrent et repartirent.
Détour imprévu à prévoir, elles sirotèrent ses clavicules, y laissèrent de suggestives traces et innocemment, filèrent, filèrent, et descendirent, descendirent, jusqu'à venir embrasser la naissance de sa poitrine. Trop enfantine pour elle, suffisamment féminine pour lui.

Il la regarda intensément, les yeux dans les yeux, juste pour l’entendre réitérer ses vœux, répéter son consentement. À tout instant, il était prêt à s’arrêter. Tout instant. Pour elle, il était prêt à vivre l'invivable, à supporter l'insupportable et à contrôler l’incontrôlable. Après tout, il arrêtait bien le temps, ne le faisait-il pas ? L'amour le faisait pour lui.

Elle ne se souvenait pas bien de la façon dont il lui fallait respirer et les mains de son amant, prudemment, passèrent de ses cheveux à son dos. Il le dégrafa, le laissa tomber, lui aussi. Ce morceau de tissu qui s’opposait à leur union. Le malheureux chuta dans les abysses d’un lit devenu bien haut et retrouva ses amis, Col Roulé, Pantalon Cigarette Non-Fumeur, Bretelles Débretellées et Robe Dérobée. Elle n’avait plus sur elle que sa culotte. Culotte culottée à déculotter.

Rendez-vous salle 209 Where stories live. Discover now