27- Cassidy

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— Tu lui as souri?

Carmen me regarde, bouche ouverte, complètement ébahie.

— Oui, je répond en rougissant.

Elle reste avec son air de carpe et pose ses mains sur les hanches de sa jupette bleu ciel.

— Tu lui as souri! répète-t-elle.

— Je suis contente de la voir! je rétorque en haussant les épaules.

— Mais tu es plus que contente! On dirait une gamine le jour de Noël!

— Pff, aura-t-elle comme seule réponse alors que je me tourne assez vite pour lui donner un coup de queue de cheval.

C'est pourtant vrai, je suis contente de la voir, d'avoir la preuve qu'elle existe bien et que je n'ai pas imaginé toute cette histoire. Le simple fait de savoir, que quoi qu'il arrive, elle fera toujours partie de ma vie, que j'ai une chance de la croiser dans une rue, me fait du bien.

Du moins ça, c'est avant de la voir danser. Elle bouge tellement bien que cette vision commence à en être douloureuse à la fin du premier quart temps. Tout doucement, la douleur s'insinue en moi. Ça commence par les doigts, puis ça se propage petit à petit dans mon bras gauche pour finir par atteindre mon coeur. Je la regarde m'ignorer royalement, s'efforcer de garder le regard droit, faire comme si je n'existais pas, et ça me rappel à quel point j'ai tout gaché. Cette nuit avec elle était merveilleuse, j'aurais pu en avoir d'autre si seulement j'étais moins stupide.

Quand l'arbitre donne le coup de siffler de la première pause, je suis à deux doigts de pleurer. Carmen le voit immédiatement.

— Ça suffit, déclare-t-elle. Tu ne peux pas rester dans cet état là.

— Et que veux-tu que je fasse? Elle ne veut même plus me regarder.

Carmen se poste devant moi avec un air sérieux qu'elle n'arbore jamais.

— Quand mon petit ami a merdé avec moi, tu lui as conseillé d'abandonner?

Je fais non de la tête.

— Exactement, continue-t-elle. Tu l'as aidé à organiser le flashmob de ma vie. Oh putain! Mais voilà la solution!

Son visage s'est éclairé d'un coup, l'illustration vivante d'une illumination.

— Carmen, ça m'a pris une semaine et des heures d'entrainement pour organiser ça. Et je doute que recommencer un truc déjà fait l'impressionne.

— Alors il faut faire mieux!

Je n'ai même pas le temps de l'arrêter qu'elle me tire déjà par le bras pour m'emmener au milieu de l'équipe d'adverse. Lisa mettant un point d'honneur à m'éviter, elle se penche vers la fontaine à eau pour faire semblant de boire et me tourner le dos.

— Damian, c'est ça? demande Carmen à l'intéressé.

Très étonné, celui-ci se tourne vers nous.

— Oui?

— Cette jeune femme ici présente, annonce mon amie en me désignant du doigt, doit reconquérir sa belle et pour ça, nous allons avoir besoin de ton aide. Crois-tu que les gens de ton lycée accepteraient de refaire le flashmob que nous avons réaliser?

Le visage de Damian se fend d'un grand sourire.

— Tu plaisantes, ça fait des semaines que je leurs apprend la chorée en douce pour faire une surprise à Lisa.

— Très bien, on compte sur toi pour les prévenir qu'à la mi-temps, on lance l'offensive.

Il se redresse bien droit comme si Carmen était un général s'adressant à un officié.

— Comptez sur moi.

Avant même que je ne le remercie, la jeune hispanique qui me sert de meilleure amie m'entraine dans les vestiaires de nos joueurs. L'entraineur vient à peine de finir son discourt quand nous prenons sa place devant le tableau.

— Les garçons, dit Carmen, il y a quelques semaines de ça, vous vous êtes mis en quatre pour qu'Elliott puisse me chopper. Je vous demande de recommencer pour Cassidy.

Elliott fronce les sourcils de son banc.

— Tu veux chopper un mec en nous faisant danser?

— À vrai dire, j'avoue un peu timide, c'est pour la capitaine des cheerleaders de Northhigh...

J'en entend deux pouffer dans leur coin. C'est perdu d'avance. Mike se lève, imposant guerrier prés à en découdre dans son équipement de footballeur.

— Ça marche pour moi.

Elliott se marre et finit par se lever.

— Je t'en dois une, alors j'en suis.

Deux autres gars acceptent, je n'en reviens pas. Puis trois, puis quatre, puis finalement, le vestiaire entier se lève. J'avais compris qu'ils fassent ça pour leur pote, Elliott fait parti de leur équipe, je sais qu'ils sont très soudés. Mais là, c'est pour moi, et ça veut dire fraterniser avec l'équipe adverse. Pour un peu, j'en aurais presque les larmes aux yeux.

En sortant, je demande à Carmen de se charger de nos filles et de l'éclairage, j'ai une autre idée.

Je m'avance sur la pelouse du stade pour me confronter à Leah. Je suis reçue par un regard de braise.

— Qu'est-ce que tu me veux? demande-t-elle très agressive.

— Te demander un service.

Elle me rit au nez.

— Tu brises le coeur de ma soeur et tu viens me demander un service? Je sais que ce qu'elle t'a fait était méchant, mais elle le regrettait amèrement, elle le payait déjà assez cher, t'avais pas besoin de l'achever.

Je prend une pause, le temps de réfléchir à mes mots. Je décide de laisser mes pensées s'écouler comme elles viennent avant de prendre le risque qu'elle ne perde patience.

— J'ai merdé. Royalement merdé. Mais je l'aime. Et il est hors de question que je la perde. Alors dans exactement un quart d'heure, au moment du show de la mi-temps, pour la première fois dans l'histoire de notre ville, nos deux écoles vont s'unir et danser pour elle. Ça peut marcher, peut-être qu'elle me pardonnera. Mais je peux faire mieux. Son souhait le plus cher, c'est que tu chantes en publique. Tu es la personne la plus importante pour elle dans ce monde, elle te trouve merveilleuse, et elle voudrait que le reste du monde puisse le voir. Alors, plus important encore que le fait qu'elle me pardonne, je voudrais vraiment, sincèrement, la rendre heureuse, et pour ça, j'ai besoin de toi. Alors oui, je te demande un service. Est-ce que tu veux bien chanter pour ta soeur? 

De l'autre côté de l'écranWhere stories live. Discover now