17- Cassidy

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— C'est son ex? répète Carmen en me servant un chocolat chaud dans son salon.

J'ai couru jusque chez elle, directement. En fait, je n'ai pas pensé une seule seconde à où je voulais aller. J'ai couru, le plus vite possible, pour fuir ce parc, et mes jambes m'ont amené chez Carmen.

— Elle a fait ça juste pour te faire du mal? Tout ça c'était du flan?

Je confirme d'un signe de tête sur le canapé en encerclant la tasse brulante de mes mains. Sa chaleur me ramène un peu à la réalité. J'étais frigorifiée, je tremblais de la tête au pied. Carmen s'est précipitée pour mettre un plaide sur mes épaules et me proposer une boisson chaude.

— J'y crois pas qu'elle t'ait fait croire qu'il, qu'enfin elle, était amoureuse de toi.

Là encore je confirme d'un signe de tête. Et pourtant ce n'est pas tout à fait vrai. Je sais que tout ce qu'elle a dit n'est pas un mensonge. J'ai vérifié sur facebook, elle a bien une soeur qui s'appelle Leah. En regardant les photos, j'ai pu aussi me rendre compte que la Leah en question avait totalement changé de look depuis un an, ce qui me laisse imaginer que TOUT n'était pas que mensonge. Ce qui me perd encore plus.

— Et tout ça pour larguer le gars en prime, ajoute Carmen.

Et là, c'est la phrase de trop. Je fond en larmes. Littéralement. Mon amie se lève de la table de salon pour venir me prendre dans ses bras.

— Je crois qu'elle est tombée amoureuse aussi, je balbutie entre deux reniflements.

Carmen desserre son étreinte pour prendre un peu de recule.

— Attends, qu'est-ce que tu veux dire?

J'essuie mes yeux sur le plaide avant de me rendre compte que je vais le tacher avec mon mascara. Dire que je m'étais maquillée pour l'occasion.

— Sur le coup, j'avais tellement mal, je n'ai pas écouté ce qu'elle disait, j'avais juste envie de la frapper.

— Et t'aurais dû. D'ailleurs, je pense que je vais aller lui péter les dents dès que je pourrais te laisser seule.

— Non. J'arrête pas de me refaire la scène en boucle dans ma tête. Elle avait mal. Vraiment. Je pense que c'est une garce qui voulait me faire du mal, c'est même probablement ça, mais je crois aussi qu'elle s'est fait prendre à son propre jeu. Je pense qu'à partir du moment où elle a quitté son petit ami, enfin, le vrai James, les messages étaient sincères.

Depuis deux semaines, les 354 messages (j'ai compté) étaient sincères.

Cette fois Carmen me lâche. Elle s'empare de ma tasse, la pose sur la table et prend mes mains dans les siennes.

— Cass, regarde moi. C'est plutôt cool ça. Non?

— Non! C'est encore pire!

— Pourquoi? Parce que c'est une meuf? Ben personnellement, je me dis qui y a moyen de faire des trucs sympa avec une fille aussi. Au moins, ça doit moins sentir la transpiration après le sexe.

Je me lève en jetant le plaide sur le canapé.

— Mais on s'en moque que se soit une fille ou pas ! Ce n'est pas ça le problème ! Elle m'a menti ! Elle s'est fait passer pour quelqu'un d'autre ! Elle m'a dupé ! Trompé ! Elle m'a laissé me faire des films pendant deux mois alors que c'était du flan juste destiné à me faire mal ! Je lui ai confié mes plus sombres secrets, qu'elle va peut-être diffuser sur tweeter dès ce soir !

Carmen vient me prendre dans ses bras pour me calmer et je me remets à pleurer de plus belle.

— Ça m'étonnerait qu'elle fasse quoi que ce soit dans le style.

Je renifle encore une fois en m'éloignant de son T-shirt déjà plein de mascara.

— Pourquoi?

— Parce que si tu étais vraiment sincère quand tu lui parlais, si tu étais la même fille dans ces messages que celle que je côtoie tous les jours. Je pense que oui, elle est sans doute tombée amoureuse de toi, et qu'à l'heure actuelle, elle doit juste avoir mal.

— Elle peut. Elle m'a détruite.

Je sors de chez Carmen une bonne heure plus tard, une fois que mes larmes ont enfin séché. Je n'ai pas encore fait dix mètres dans la rue que la voiture de Mike est déjà à côté de moi. Il s'arrête et ouvre la fenêtre passager.

— Carmen m'a prévenu. Il est hors de question que tu dormes seule ce soir.

J'esquisse un léger sourire. Je peux me plaindre de beaucoup de chose, mais jamais je ne pourrais le faire de mes amis.

De l'autre côté de l'écranWhere stories live. Discover now