19 + Lisa

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— Je ne peux pas rester seule. 

Vraiment ? Elle préfère ma compagnie à la solitude ? Celle-là, je ne l'avais pas vu venir.

— Tu vas mal à ce point-là ?

J'aurais peut-être pu m'abstenir de cette question, visiblement, ça fini de l'énerver. Elle pousse un long soupir, me pousse et va s'assoir par terre contre le lit, repliée en boule.

— Fais ce que tu veux.

Elle se recroqueville un peu plus sur elle-même, ses bras autour de ses jambes refermées, son front appuyé sur ses genoux. Elle a l'air perdue, paniquée mais surtout triste. Malgré la boule au ventre qui me torture en sa présence, je ne peux décemment pas la laisser seule. Je m'approche d'elle, laissant tout de même une marge de sécurité d'au moins un mètre au cas où elle décide de me frapper pour je ne sais quelle raison. Je tente une approche plus douce.

— Tu peux me dire ce qu'il t'arrive?

Elle relève la tête, excédée.

— Il m'arrive que je suis en pleine crise d'angoisse.

— OK. On en a déjà parlé de ça. Ton psy t'as appris à les faire passer plus vite.

J'essaie de me souvenir de ce qu'elle m'avait dit. Je regarde autour de moi en quête d'un verre d'eau, bien sûr, pas de salle de bain dans cette chambre. Le câlin est proscrit si je veux m'en sortir en un seul morceau.

— Me changer les idées, dit-elle d'une voix meurtrie. Il faut que je pense à autre chose que ce qui vient de se passer. Parle-moi, de n'importe quoi.

Cette fois, je m'assois en tailleur sur la moquette pour être à sa hauteur.

— Un jour, avec Leah, on devait avoir 13 ou 14 ans, on a tanné nos parents pour installer le sapin de noël. On n'arrêtait pas d'en parler, on était dans la joie de noël, on voulait absolument décorer le sapin. Sauf qu'on était en octobre... On n'avait pas encore installé les déco d'halloween alors bien sûr, nos parents ont refusé d'installer le sapin. On n'a pas renoncé pour autant. On a accroché des feuilles A4 sur le mur de notre chambre, on a bien dû en mettre sur 6 mètres carré, sans rire. On a dessiné un grand sapin au marqueur, et on l'a décoré au crayon de couleur, avec des autocollants, des bouts de papier d'alu, avec du stabilo jaune fluo pour faire les guirlandes électriques. Nos parents ont hurlé parce que le marqueur était passé au travers du papier et avait déteint sur la peinture, ils ont dû refaire tout un pan de mur. Mais on s'en fichait. Ça reste encore aujourd'hui le plus beau sapin de noël que j'ai eu.

Cassidy me fixe droit dans les yeux, j'en ai des frissons. Mon dieu qu'elle est belle. Avec toute cette histoire, j'en avais oublié son regard. Toutes les questions sur son physique ont été éclipsées par nos conversations, c'est bien de son esprit dont je suis tombée amoureuse, mais maintenant qu'elle est là, devant moi, je dois l'avouer, le fait que même après avoir pleuré, elle soit capable de rayonner autant c'est ... de l'ordre de la perfection.

Elle me sourit et mon cœur rate un battement

— Tu pouvais parler de n'importe quoi. Je t'ai laissé la parole, tu aurais pu choisir n'importe quel sujet, tenter de te justifier pour toute cette histoire, et tu as préféré raconter un souvenir de sapin de noël

Je hausse les épaules.

— Je me suis dit que ça n'allait pas te détendre, du coup j'ai choisi de te raconter mon plus beau souvenir.

Sa tête se penche sur le côté comme si elle cherchait un autre angle de vu.

— Tu te confies toujours aussi facilement? demande-t-elle.

De l'autre côté de l'écranWhere stories live. Discover now