De l'autre côté de l'écran

8- Lisa

James: {La pire chose qui te soit arrivée.}

Cass: {Toi d'abord.}

J'hésite un peu, j'hésite beaucoup. Je voulais trouver une faille, quelque chose qui me prouve quelle était bien la fille artificielle que je pensais en voulant me venger d'elle. À part notre famille, personne ne sait ce qui est arrivé, mais, pour je ne sais quelle raison, j'ai l'impression que lui dire, sortir cette histoire de cette maison, me fera du bien.

James: {Il y a un an, je suis rentré de l'entrainement. C'était un jour comme les autres, ma soeur était rentrée plus tôt, comme d'habitude, parce qu'ils ne prennent pas de douches après les répétitions de la fanfare, jusque là tout était normal. J'ai compris que quelque chose n'allait pas quand j'ai vu la voiture de ma mère dans l'allée. Elle n'est jamais à la maison en après-midi, du moins, c'est ce que je pensais. En poussant la porte, j'ai découvert le salon dévasté. La table était renversée, tous les bibelots étaient fracassés au sol, on aurait pu croire qu'une tornade était passée. La tornade en question, c'était Leah, recroquevillée dans son coin, en pleures. Je me suis précipité vers elle pour savoir ce qu'il s'était passé, mais elle était incapable de dire un mot, prise de soubresaut dès qu'elle tentait d'ouvrir la bouche. Elle a alors désigné la cuisine. J'y ai trouvé ma mère, une mine affligeante et un verre à la main. On aurait dit qu'elle venait de déclencher une bombe nucléaire. Quand je lui ai demandé ce qui mettait Leah dans cet état, elle a répondu que de toute façon je serai au courant dans la soirée. La répétition de Leah avait été annulée et en revenant à la maison, elle avait découvert ma mère au lit avec son collègue.}

Cass: {Oh, je suis désolée. Je ne savais pas que tes parents étaient divorcés.}

James : {Ils ne le sont pas. Mon père a décidé de lui "pardonner". Mais depuis, notre famille, et notamment ma soeur, n'est plus la même.}

James: {À toi.}

Une demi-heure après mon récit, Cassidy n'a toujours pas répondu. Les dix premières minutes après mes aveux, je me suis sentie soulagée d'un poids. Maintenant, je sais que j'ai fait une erreur de me dévoiler ainsi.

Premièrement, parce que j'ai donné le nom de Leah et que ça peut dénoncer ma véritable identité. Deuxièmement, parce que je viens de lui donner une arme pour m'abattre.

À 22h, je renonce. J'allume la musique. Aujourd'hui, je n'ai pas envie de me déchainer, je n'ai pas envie de couvrir le bruit inexistant dans la maison. J'ai juste envie de danser. Je mets une musique lente, un brin triste et je me balance simplement en rythme, jusqu'à ce que la mélodie prenne le dessus. Mes bras sont indépendants du reste de mon corps, ils se contrôlent d'eux-mêmes, ou du moins c'est la musique qui le fait. Je ferme les yeux, laissant mes membres agirent tout seuls. Je me vide la tête, je n'ai pas envie de penser, je n'ai pas envie de rester sans rien faire, alors je danse.

À 23h, l'écran de mon téléphone s'allume dans le noir.

Cass: {Il y a deux ans. Un « ami de la famille » a abusé de moi.}