24- Lisa

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J'ai regretté mes mots à la seconde où le message s'est envoyé, mais c'était trop tard. C'était peut-être un peu trop brutal. Tan pis. Elle a réussit à inverser les rôles. De la méchante, je suis devenue la victime.

Assise dans la salle d'attente de l'hôpital, je regarde ma mère discuter avec les médecins. Leah était en hypoglycémie et déshydratée, c'est pour ça qu'elle s'est évanouie. Elle va devoir suivre une thérapie et être encadrée par un nutritionniste. J'aurais dû réagir plus tôt.

Mon père, qui partage le même banc inconfortable que moi, semble perdu dans ses pensées depuis une bonne demi-heure. Ses yeux s'accrochent à mon portable lorsqu'il vibre une nouvelle fois.

Cass: Désolée.

Je n'ai même pas envie de répondre. Elle m'a tellement mis en vrac que j'en ai délaissé ma propre soeur. Il faut que j'oublie cette fille.

La main de mon père se pose sur mon bras. Je me tourne vers lui, surprise. Je ne suis pas habituée à ce genre de geste affectueux de sa part.

— Je suis désolé ma chérie.

Qu'est-ce qu'ils ont tous à s'excuser aujourd'hui? La victime c'est Leah, moi, je n'ai pas à être triste, tout est de ma faute. J'ai bêtement cru qu'avec l'entrée de Luke dans sa vie, j'allais pouvoir lui passer le flambeau.

— En restant avec ta mère, je pensais faire ce qu'il y avait de mieux pour mes filles, mais je n'ai fait que m'éloigner de vous.

Bonne déduction Papa, il a juste fallut que l'une de nous soit hospitalisée pour que tu t'en rendes compte.

— Mais ça va changer, continu-t-il. Tu peux me parler.

Je lui accorde un regard blasé.

— Et de quoi veux-tu que je te parle?

— Pour commencer, tu pourrais peut-être m'expliquer pourquoi tu trembles dès que ton téléphone sonne.

Si tu veux que je te raconte ma vie, va falloir t'accrocher. Il est hors de question que mes parents se rendent compte que je leurs ressemble. Incapable de prendre les bonnes décisions, égoïste, méchante et pour finir, brisée.

Ma mère revient vers nous. À peine a-t-elle prononcé les mots « on peut la voir » que je suis déjà dans la chambre de Leah. Je me stoppe un instant pour regarder ma soeur, son visage aux traits fins, similaire au mien, nos yeux verts, ses cheveux ondulés qu'elle s'obstine à colorer en noir, et ce sourire, léger, discret, timide. Je sais que j'ai exactement le même en la voyant.

Elle lève les bras en l'air comme si elle venait de remporter un tournois.

— Et bien, dit-elle. Qu'est-ce que je ne dois pas faire pour que tu te décides à gueuler contre nos parents.

Mon sourire s'agrandit mais il se mouille d'une larme que j'ai laissé échapper.

— Ne me fait plus jamais ça, je répond à ma soeur jumelle.

Elle tape deux fois sur le matelas recouvert de plastique pour me demander de la rejoindre. Je m'allonge à ses côtés et la prend dans mes bras en faisant attention à sa perfusion. Je la serre contre moi.

— Tu veux m'étouffer, c'est ça, s'amuse-t-elle.

Je plonge ma tête dans ses cheveux bruns.

— Leah, tu es ma moitiés, tu fais parti de moi, je ne peux pas vivre sans toi. Alors, par pitié, range ton humour de merde une seconde et laisse moi apprécier que tu ailles bien une minute avant de recommencer à me saouler.

Elle me serre fort contre elle à son tour.

— Moi aussi je t'aime. Je suis vraiment désolée.

Décidément, personne ne comprend qui est la méchante de l'histoire. 

De l'autre côté de l'écranNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ