Try, baby try, to trust in my love again

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- Nous allons passer à table, souffla-t-elle. Dépêchez-vous de venir vous mettre au chaud.

- Deux minutes et on vient, répondit Derek.

- Très biiiiien. Mais fais attention à ne pas retomber, maladroitement, pile sur Heden. Sinon cela risque de prêter à confusion.

- Maman !

Rebecca éclata de rire avant de rentrer dans la maison tandis que son fils l'incendiait du regard. Je finis par soupirer, soulagée lorsqu'elle referma la porte fenêtre, nous laissant seuls. Derek maugréa encore un peu avant de me jeter un coup d'œil en biais, timidement :

- Désolé. J'aurais... en fait, non. Je ne suis pas désolé. Je suis juste foutrement jaloux.

Il soupira, se laissant retomber sur la balançoire, sans plus me regarder. Quant à moi, je restai immobile, ne sachant pas si je devais parler ou me plonger dans un mutisme qui correspondait à mon esprit qui semblait s'être volatilisé. Mais, ne me laissant pas le temps de prendre une décision quant à la marche à suivre, il reprit :

- Mais je comprends. Cameron est un type bien... et tu mérites quelqu'un comme lui. Mais... j'ai pas l'intention d'abandonner pour autant. Moi aussi je vais devenir un gars bien.

Et il se releva, se dirigeant vers la porte fenêtre. Ce qu'il venait de dire lui coûtait énormément. Il détestait reconnaître que Cameron était un type bien et qu'il était, sans aucun doute possible, logique que je m'intéresse à lui. Mais malgré sa difficulté à faire face à ce fait, il restait calme et doux. Etrangement doux.

Je restai encore une fois immobile. Contemplant son dos. Comme souvent. Derek avait toujours marché devant moi. Dans la lumière. Tant de fois j'avais tendu la main en espérant refermer mes doigts sur lui. Tant de fois je m'étais dis que ce rêve de la saisir était insensé, impossible, un simple rêve d'enfant. Il était dans la lumière et moi dans la pénombre. Et il avançait. Vite. Toujours plus vite. Me laissant derrière.

Mais il avait toujours ralentit l'allure en percevant que je peinais à le suivre, toujours fait en sorte que je puisse le rattraper, de me donner un peu de sa lumière. Il m'avait tant de fois attendu. Mais j'avais toujours vu son dos. Son dos uniquement.

Cependant, pour la première fois, Derek ne se contenta pas de ralentir. Alors qu'il allait rentrer chez lui, à son tour, il se tourna dans ma direction. Et sa main se tendit vers moi.

Il ne me voulait plus derrière lui. Il me voulait à ses côtés.

Et, sans même m'en rendre compte, ma main vint chercher la sienne.

- Heden ! Tes amis sont là !

- J'y vais ! Braillai-je en retour.

Calmement, je descendis les escaliers, jetant un petit coup d'œil vers ma mère qui s'affairait à convaincre mon père que toutes ses valises étaient nécessaires pour que leur séjour se passe idéalement. Et, pour sa part, il tentait, vainement, de lui assurer qu'ils n'auraient pas besoin d'emmener autant de vêtements différents. Et elle se contentait de répondre l'argument implacable utilisé par tous : « juste au cas où ».

Le dialogue de sourd durait maintenant depuis une bonne heure, mais mon père ne désespérait pas de la convaincre, se montrant calme et patient. Il finirait par obtenir gain de cause. Il gagnait toujours, parvenant à raisonner le fauve à la surprise générale. Mon frère et moi avions tenté de lui soutirer sa technique secrète, mais il n'avait jamais répondu autrement que par un sourire énigmatique.

Sobrement, je me détournai de mes parents pour me ruer vers la porte d'entrée, brûlant d'impatience. Je me sentais comme une collégienne qui faisait sa première fête d'anniversaire à la maison. En bref : comme une pile électrique qui tournait en rond depuis deux heures dans l'attente de voir débarquer ses premiers invités.

Neither good nor badWhere stories live. Discover now