2. Le nouvel élève

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— J'ai délaissé ce réseau social, repaire de pédophiles qui louchent sur les poitrines exhibées par des adolescentes en rut qui n'ont pas conscience de ce qu'elles font.

Victor soupire et incline la tête sur le côté.

— J'aimerais que tu viennes. Ça fait longtemps qu'on n'a pas passé de soirée ensemble.

L'espoir au fond de ses yeux noisette me ferait presque accepter. Mais je sais ce qui est bon pour moi, et ces soirées n'en font pas partie.

— Je suis sûre que tu trouveras une jolie blonde décolorée pour te tenir compagnie.

Je me détourne mais Victor me retient par le bras, chose qu'il n'a pas faite depuis un bon moment.

— Tu ne pourras pas fuir indéfiniment, Hélo.

Je reste de marbre, ne lui laissant pas l'occasion de déchiffrer mes pensées. Je mentirais si je disais que passer du temps avec lui ne me manque pas. Mais je ne peux plus, et il va falloir qu'il le comprenne.

— Quand bien même j'aurais envie de venir à cette boom alcoolisée, tu oublies que Carla ne me considère pas vraiment comme sa meilleure amie.

— Lina lui en a parlé, elle est d'accord.

Je soupire. Ils ont tout prévu, on dirait. Carla est devenue amie avec Lina l'année dernière, et elle a bien dû me supporter puisque Lina et moi étions inséparables. Sous ses sourires hypocrites, j'ai facilement décelé ses mauvais sentiments à mon égard. J'étais trop originale, pas assez branchée pour mériter de côtoyer une fille comme elle. Que je ne sois plus dans ses pattes cette année doit l'arranger. Et ça m'étonnerait qu'elle souhaite que je me pointe à sa fête, quoi qu'elle ait pu dire à Lina.

— Sérieusement Victor, passer toute une soirée à parler de vernis à ongles et de shampoing super soyeux, ça ne me dit rien. Navrée.

Mon ancien ami lève les yeux au ciel en secouant la tête. Il perd patience.

— Tu sais qu'elles ne sont pas comme ça, arrête de catégoriser toutes les nanas que tu croises. On n'est pas dans un mauvais film américain.

— Je catégorise qui je veux si j'en ai envie. Tout le monde me colle bien l'étiquette « paumée » cette année, non ?

Son expression s'adoucit mais mes propos ne sont qu'un constat. Je ne suis pas touchée par ce que les gens peuvent penser de moi.

Je mets un terme à cette conversation avant qu'il ne se lance dans un réconfort qui n'a pas lieu d'être :

— Il faut que je te laisse, j'ai un rencard avec le proviseur.

En me retournant, je remarque une spectatrice de notre conversation qui se tient un peu en retrait. Il s'agit de la nouvelle de ma classe, Barbara ou quelque chose comme ça... Je n'ai jamais été douée avec les prénoms. Je lui souris hypocritement et elle détourne les yeux, mal à l'aise, pour faire semblant de chercher quelque chose dans son sac. Comme si j'allais me dire : « C'est bon, elle ne nous observait pas de manière indiscrète, elle cherchait juste son tube de rouge à lèvres ! »

Je ne peux pas lui reprocher de se renseigner sur les élèves de sa classe, j'imagine qu'arriver trois semaines après la rentrée ne facilite pas l'intégration, mais ce n'est pas moi qui vais pouvoir l'aider.

Finalement, c'est une des CPE qui me reçoit pour me parler de mes notes en chute en ce début d'année. Heureusement, il s'agit de celle qui est gentille ; l'autre est une vraie peau de vache. Elle me conseille des cours de soutien et me demande si j'ai besoin qu'elle m'aménage des entrevues avec certains de mes professeurs. Sa compassion vient sans doute du fait qu'elle est très amie avec ma mère. Je me contente de hocher la tête avec un sourire forcé et de lui assurer que j'ai juste du mal à démarrer l'année. Elle me congédie et m'encourage à venir la voir au moindre souci, puis me hèle alors que je suis sur le pas de la porte.

MISSION SÉDUCTION - PREQUEL + PREMIERS CHAPITRESWhere stories live. Discover now