Les gens comme nous

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Il paraît que les gens s'engueulent plus violemment avec les gens qu'ils aiment le plus. Je ne sais pas à quel point ça peut s'appliquer à moi étant donné que je m'engueule avec tout le monde, y compris de parfaits inconnus qui me doublent dans la file d'attente du supermarché. Ce qui est sûr, c'est que les engueulades que je déteste le plus, ce sont celles avec Daryl. Il a cette foutue technique du « je veux plus te voir » qui me rend absolument dingue. C'est con mais je ne peux pas m'empêcher de m'imaginer que chaque dispute est celle de trop et qu'il ne reviendra pas. Et ça me fait flipper à mort.

Il a passé l'après-midi dehors, je ne sais pas où. Le soir venu, toujours pas de nouvelles. Je regarde le mot qu'il m'a écrit et qui était resté dans ma poche en me demandant comment on fait pour passer d'un extrême à l'autre en si peu de temps. Hier, on passait une excellente soirée à roucouler niaisement et 24 heures plus tard, on en est là : des mensonges et des secrets. On est au sommet du monde et d'un coup, on est au trente-sixième dessous. L'avantage, c'est qu'au moins, notre couple ne risque pas de se faire bouffer par la routine...

J'ai essayé très fort de ne pas dormir, je voulais être sûre qu'il rentrerait. Mais mon corps est loin d'avoir récupéré l'ensemble de ses capacités après mon séjour à l'hôpital et j'ai fini par glisser dans une somnolence bizarre, ce moment où on cligne des yeux et en fait une heure a passé. Tard dans la nuit, je sens Lazslo qui me saute dessus en jappant, ce qui me réveille en sursaut. Mon chien saute du lit pour se poster devant la porte en grognant. Il me semble entendre du bruit dans le couloir.

Daryl !

Je me lève immédiatement pour retenir le chien. Ça faisait un moment qu'il n'avait pas grogné sur Daryl... Mais je suppose que les habitudes ont la vie dure.

« Chut, Lazslo ! »

Je le rassure tout en le guidant vers la salle de bain où j'ai installé son panier, tout près du chauffage pour qu'il n'ait pas froid. Il n'a pas l'air ravi que je le laisse tout seul, mais je préfère ne pas prendre de risques : après une dispute entre Daryl et moi il n'y a que deux options, une deuxième dispute ou une réconciliation sur l'oreiller et dans les deux cas, mon chien n'est pas convié ! Je le câline un peu avant de ressortir, m'attendant à ce que Daryl soit dans la chambre mais il n'est pas encore entré. En revanche, j'entends clairement de légers coups contre la porte. Je lève les yeux au ciel.

Il a oublié sa clef...

Je déverrouille le loquet avant d'ouvrir la porte en essayant de ne pas avoir l'air trop contente de le voir. Une main attrape violemment mon avant-bras pour me tirer en avant. J'atterris contre un torse et je sens quelque chose de froid entrer en contact avec ma tempe. C'est une sensation que j'ai déjà vécue et que j'espérais ne jamais subir encore une fois. Mon corps se hérisse de chair de poule et je sens la panique transpercer mon estomac comme une lame. Puis j'entends la voix du Julio qui ronronne dans mon oreille :

« Salut, Axelle. »

Oh mon dieu...

Il y a deux personnes au monde capable de me donner des frissons en prononçant mon prénom : Daryl et lui. Sauf que les sensations sont vraiment différentes. Moi qui m'attendais à sentir mon cœur bondir de joie, j'ai soudain l'impression qu'il s'arrête de battre alors que tout mon corps se fige. D'une main, Julio pointe une arme sur moi et de l'autre, il entoure mon dos pour m'empêcher de me décoller de lui. Je tente désespérément de ne pas le toucher, gardant mes mains tremblantes levées, mais je sens son corps quasiment collé au mien, au point que j'aurais pu déceler les battements de son cœur si les miens n'avaient pas été si assourdissants. Je ferme les yeux, priant de toutes mes forces pour que ça soit un cauchemar. Mais il ne disparaît pas. Ma gorge se serre et j'ai du mal à respirer.

Fire & Gasoline - Tome 2 [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant