Préface

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C'est juste une personne de plus que la vie a décidé d'accabler. Et oui, faut bien trouver un coupable car sinon on ne reste que de pauvres incapables. Ce choix, ce hasard, cet autre départ n'a pas eu aucune conséquence, restera brisé l'enfance, remplacera l'errance.

Lors d'un départ, une ou plusieurs personnes sont forcément blessés parfois pire, dans ce cas cette fille a vraiment été retournée. Faut dire cette personne contrôlait son monde, et aujourd'hui la laissait seule à tout prendre en compte. Cette fille devra continuer pour tout orchestrer car le cancer a œuvré.

Tout juste 16 ans elle avait encore la vie devant elle, pourtant, elle aura un goût bien plus amer depuis que l'apocalypse s'est déroulée. Maintenant que tous ses espoirs se sont envolés.

Je la connaissais, elle espérait que toutes les métastases allaient du jour au lendemain s'envoler. Personnellement je trouvais qu'elle se faisait beaucoup d'illusions.

Mais au fond qui étais-je pour la réfréner? Alors elle m'écrivait, me décrivait l'évolution, dressait le bilan de santé même si il était mauvais, peu de fois je l'avais vu pleurer sur mes pages de papier.

Cette fille avait vraiment une de ces vitalités, je vous jure c'était inné, t'avais presque envie d'y croire aussi même si tout semblait s'empirer. Alors au fil du temps elle s'est enfermé dans ses idées s'en vouloir se confronter à la réalité, jusqu'à ce qu'elle vienne de plein fouet la frapper.

Le jugement derniers quelque jours après son anniversaire s'était opéré. Cancer du pancréas, des mots bien trop abstrait. En état de choque, rien ne montait, elle paraissait beaucoup trop calme. Elle écrivait qu'elle n'avait pas mal. Faut dire que dans ces moments là t'as juste envie de tout péter mais comment extérioriser?

Alors elle tentait de raisonner pour tout, d'étudier symptôme et diagnostic bout par bout. Après l'incompréhension vient l'action. Elle se démenait mais ne racontait rien, rien de la maison, rien des infirmiers, rien des chimiothérapies. Elle ne cessait de sourire avec ce qu'elle subissait, elle était forte mais elle n'arrivait plus à dormir la nuit.

En réalité elle n'avait jamais ressenti un tel dégoût face à la vie, et aujourd'hui, elle a ce regard impassible et dépourvu d'envie. Elle arpente les couloirs comme il y a quelque jours, mais c'est plus la même personne, inconsciemment elle a changé.

Elle n'a pas le courage de se l'avouer mais toute cette histoire l'a complètement démonté. Cette hantise de ne plus jamais pouvoir réussir à s'en aller. Tantôt en cours, tantôt à l'infirmerie, tantôt le calme revient, tantôt le traumatisme ressurgit.

Elle n'arrive plus à cacher ses démons qui hantent constamment son esprit. Cette histoire l'a rongée, et l'empêche d'avancer, la retiens prisonnière d'une réalité que même elle ne pourra pas révoquer.

C'est pas le genre de pensés qu'on peut contrôler. Elle doit vivre avec ça, même si c'est compliqué. Alors, on sait pas ce qu'il va arriver à cette fille qui maintenant aura du mal à regarder la vie du bon côté.

Elle a ces multiples nuits et insomnies formant le quotidien qui la nuit. Elle a de ces cernes bien trop importante pour une jeune fille sans soucis. Elle a de cette douleur affreuse caractérisée par son regard sans vie, comme si en elle aussi il y avait la maladie.

Elle a cette histoire qui l'enferme dans le noir. Pour la faire sortir, pour tenter de ne plus que la subir, elle me l'a écrit, là sur mes lignes. C'est sa morphine.

Ma vie avec Toi CancerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant